Ce supplément à la Tribune Fonda n°251 éclaire une série de grands sujets pour lesquels les associations ont, par leur action, contribué à faire avancer la société et la démocratie, en faisant valoir de nouveaux droits, en y donnant accès ou encore en portant des solutions innovantes.
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Vous y trouverez chaque trimestre des éclairages inédits et inspirants sur les évolutions du monde associatif et de l’économie sociale et solidaire.
Le faire ensemble comme nouvelle norme pour agir
Célébrer un anniversaire est souvent l’occasion de porter un regard sur les années écoulées et de valoriser les actions accomplies, pour mieux se projeter dans un futur souhaitable. La riche histoire de la Fonda nous aurait légitimement permis de retracer nos nombreux combats. Pour autant, nous avons fait le choix, dans ce supplément, d’élargir à l’ensemble de la sphère associative les très nombreux acquis et réalisations que nous devons aux associations.
Elles ont été — et sont toujours — aux avant-postes de très nombreuses avancées sociales, hélas pas toujours (re)connues.
Parce que la Fonda a, elle aussi, été à l’œuvre pour accompagner, porter ou préfigurer de nombreuses initiatives, nous avons voulu que ce numéro leur rende hommage. Ce choix s’inscrit dans ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler la raison d’être de la Fonda : pas de vitalité démocratique sans vitalité associative.
En 40 ans, notre société a indéniablement évolué. Elle s’est mondialisée, complexifiée, numérisée, horizontalisée, mais aussi morcelée. L’idéal occidental qui soufflait alors — celui de société libre et démocratique — s’est sérieusement enrhumé. Alors que le monde entier est devenu un terrain de jeu pour le capitalisme, de nouvelles frontières de conquêtes sont apparues : celles de la pauvreté qui n’a pas disparu ou celles de l’éducation qui reste encore trop souvent un privilège. Comment, dès lors, imaginer un destin commun pour 7,8 milliards d’humains aux horizons si divers ?
La France n’est pas exempte de ces questionnements. La campagne présidentielle de 2022 qui se dessine laisse déjà flotter la petite musique d’un déclassement supposé de notre pays dans le concert des nations. Elle révèle également la peur de l’autre, qui bien souvent trahit une angoisse existentielle : sa propre peur face à son propre avenir.
Disons-le sans ambages, notre pays est soumis à de sérieux bouleversements endogènes.
La société se cherche, se questionne. Nos acquis nous ont offert une liberté que nous avons du mal à habiter : la protection sociale, les congés payés, les 35 heures… Le travail n’occupe plus désormais que 15 % de notre vie. Aussi ce temps est-il désormais dévolu aux loisirs, mais aussi à la vie sociale dont l’associativité est le cœur.
Ces 40 années ont montré une France qui s’engage, solidaire, fraternelle et qui est capable d’agir pour donner vie aux valeurs auxquelles elle croit ; celles que nous ont léguées les Lumières, la Révolution française et nos Républiques successives. La France n’a pas cessé d’inventer, d’innover, d’expérimenter en réponse à des évolutions permanentes.
C’est bien là la richesse de notre pays qui s’incarne dans la vitalité des 1,5 million d’associations qui la composent.
Roger Sue n’a de cesse de rappeler que c’est l’association qui fonde la démocratie et non le contraire1 . Le lien social se crée par le vivre et le faire ensemble. C’est bien la matrice du lien social qui connecte les différentes sphères de la vie publique et privée. Dans un élan collectif qui unit l’ensemble des forces citoyennes, les associations ne se sont jamais résignées et ont constamment cherché à agir pour une société juste, responsable et solidaire.
Et justement, au cours des 40 dernières années, les associations de notre pays ont fait évoluer leur modèle d’action, pour se mettre au diapason d’une société civile en quête de sens, de participation, animée par la volonté de mener des actions utiles, aux résultats mesurables. Les transformations du bénévolat illustrent cette tendance, tout comme les nouvelles approches pour favoriser la participation citoyenne, autour notamment de la notion du « pouvoir d’agir », qui rappelle que rien ne doit se faire pour les personnes sans les personnes2 . D’ailleurs, les acteurs associatifs ont inlassablement éclairé de nouveaux enjeux, parmi lesquels les questions environnementales, qu’ils ont été parmi les premiers à défricher et à relier aux questions sociales.
Dans une quête de nouveaux modèles, ils agissent collectivement, en s’inspirant notamment du modèle des communs.
Beaucoup reste encore à faire, dans l’évolution des pratiques des associations, dans l’exemplarité en matière de gouvernance ou dans le renforcement de leur capacité à apporter des réponses à des enjeux dont l’urgence est de plus en plus pressante. La Fonda n’est en rien naïve. Mais un constat s’impose : bien loin de se réduire à un rôle de réparation auquel on les cantonne trop souvent, les associations sont bien au cœur de notre pacte républicain. Aussi est-il urgent d’en renforcer la connaissance, de consolider le cadre d’un dialogue permanent avec les pouvoirs publics, d’accompagner leur financement et leur montée en compétence. La société de demain s’expérimente dans les associations, avec le faire ensemble comme nouvelle norme pour agir.