LA TRIBUNE FONDA N°255
septembre 2022
Quand le sport contribue au bien commun

Le sport est l’une des formes les plus courantes d’associativité : une association sur quatre est à caractère sportif en 20171 . Pourtant la crise liée au COVID-19 a mis en lumière des tensions préexistantes dans le sport associatif, dont le vieillissement des bénévoles et la désinstitutionalisation. Pour continuer à fédérer, les clubs se réinventent. Certains investissent leur projet associatif, dans ce qu’il a de plus politique. D’autres font du sport un moyen pour favoriser l’inclusion, l’égalité et la promotion de la santé. Un véritable secteur « sport et développement » se structure même par-delà nos frontières. 

La Tribune Fonda n° 255 interroge les récentes évolutions du sport associatif.

  • 1CNRS-Centre d’économie de la Sorbonne, enquête Paysage associatif 2017. Une tendance qui a peu de chances de se renverser alors qu’une création d’association sur six au cours de l’année 2017 est à caractère sportif (Journal officiel, RNA, traitement INJEP-MEDES)

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Le sport, un vecteur de l’engagement sociétal

Édito écrit par
Louise Vaisman
Secrétaire-générale de la Fonda

Des jeux antiques aux compétitions sportives d’aujourd’hui, le sport a toujours joué un rôle essentiel de rassemblement des sociétés, déchaînant les passions et développant un esprit de communauté.

Au-delà du divertissement et du dépassement de soi, les grandes compétitions sportives sont un objet politique de premier plan, engendrant, avec le soutien à une équipe, un effet d’appartenance à un groupe, une société, ou encore une nation.

Les grandes compétitions internationales mettent également souvent en lumière l’état, à l’instant T, du système géopolitique mondial fait de coopérations et de tensions, qui s’expriment tant sur le terrain qu’en dehors. Néanmoins le sport ne se joue pas qu’à un niveau international.

Il fait partie intégrante de notre quotidien, avec environ 307 500 associations sportives1  en France. Qu’il s’agisse d’athlétisme, de natation, de football, ou encore de randonnée, le sport mobilise un nombre important de nos concitoyens.

En effet, que les associations sportives soient employeuses ou non, le bénévolat y est central: près de la moitié des heures d’activités sont réalisées par des bénévoles dans les associations sportives employeuses)2 .

Les associations sportives non-employeuses fonctionnent grâce à l’engagement de plus de 4 millions de bénévoles.

Les associations sportives bénéficient donc d’un engagement bénévole important, au point d’être un des secteurs qui en dépend le plus.

Lieu de sociabilité et de règles collectives, les associations sportives sont un espace où se forge la société. Elles constituent, notamment pour les plus jeunes, un vecteur important d’apprentissage du vivre-ensemble, après le milieu scolaire.

C’est aussi le lieu où peuvent s’apprendre des valeurs telles que l’équité, le travail d’équipe, l’inclusion, la persévérance ou encore le respect, nécessaires à tout projet collectif et à tout engagement citoyen.

Le sport a également une dimension territoriale et environnementale importante. L’engouement actuel pour les sports d'extérieur3 démontre un besoin de retour à la nature et avec lui le souci de la préserver. Ces activités sportives ont un ancrage important dans leur environnement et peuvent par exemple contribuer au développement d’un tourisme de proximité, durable et responsable.

Néanmoins, le secteur sportif fait aujourd’hui face à de nombreux défis. À l’échelle des grandes compétitions, de nombreuses questions éthiques se posent. Qu’il s’agisse de la création d’infrastructures dans le respect des droits humains, de l’impact environnemental et social des sponsors, ou encore de l’inclusivité des compétitions et des problématiques de dopage, le milieu du sport de compétition est secoué par de nombreuses crises.

À mille lieues de ces enjeux, les associations sportives locales font face à leurs propres difficultés. En effet, on observe aujourd’hui un renouvellement des pratiques sportives4 en faveur de pratiques plus individuelles, moins compétitives et pratiquées hors cadre associatif. Les clubs sont ainsi confrontés à une baisse de l’engagement bénévole qui réinterroge en profondeur leur fonctionnement.

Il s’agit aujourd’hui de revoir les modèles existants pour s’adapter aux besoins, nouvelles pratiques et demandes des adhérents tout en assurant le financement des structures et infrastructures nécessaires.

Pour répondre à ces enjeux, les acteurs du monde associatif doivent se mobiliser afin de renouveler leur approche. Cela passe par la redéfinition du projet associatif et la mise en place d’un nouveau modèle où les valeurs associatives et extrasportives (santé, inclusion, équité…) sont au cœur du projet d’engagement collectif. La Fonda, en tant que laboratoire d’idées du monde associatif, partage dans ce numéro des retours d’expériences illustrant cette nouvelle dynamique en faveur d’une pratique sportive plus inclusive, centrée sur la coopération et la construction du faire ensemble.

  • 1Lise Reynaert et Aurélien d'Isanto (INSEE), «Neuf associations sur dix fonctionnent sans salarié», INSEE Première N°1587, mars 2016.
  • 2Sylvie Dumartin et Sandrine Firquet (INSEE), «1,3 million d’associations : des hôpitaux et Ehpad aux associations de parents d’élèves et aux clubs de gym», INSEE Première N°1857, mai 2021.
  • 3Course, escalade, randonnée, etc.
  • 4Accentué par la crise liée au COVID-19.