Pour une appropriation universelle des droits humains
Dans la première édition de l’ouvrage, cinq langues maternelles du Gabon, Cameroun et Côte d’Ivoire ont été retenues1 . Lors des conférences antérieures au projet, le Groupe GOBONI a réalisé que plusieurs personnes, ne connaissant pas leurs droits en tant qu’humains, pensaient que ces derniers étaient réservés à une élite.
D’où la nécessité d’appropriation des droits humains par tous.
Ces travaux de traductions vont permettre non seulement la promotion de la Déclaration et donc de la paix, mais aussi de rendre disponibles des textes écrits de langues maternelles africaines.
Une traduction collective
Pour la réalisation de ce travail, des ateliers ont été menés dans les régions africaines concernées. Ces ateliers étaient tous animés par les membres bénévoles du Groupe GOBONI, âgés de dix à cent dix ans.
Le projet a été dans son ensemble bien accueilli sur place. Plusieurs traducteurs ont indiqué que certaines notions mentionnées dans la Déclaration universelle des droits humains existaient déjà chez eux comme principes de vie. Cette traduction collective a ainsi permis des découvertes mutuelles.
La déclaration comme révolte morale
Cet ouvrage comprend également une étude scientifique de la Déclaration, dont une recherche sur les textes antérieurs définissant les droits humains.
Les premières traces se retrouvent dans les écrits de Platon, qui met l’accent sur l’inégalité des hommes et son choix pour une République équilibrée et stable plutôt que la tyrannie. Le christianisme aussi apportera des idées nouvelles pour les droits de l’homme à travers la charité et l’amour du prochain. D’autres déclarations sont moins connues comme «La Charte du Mandén» du Mali, datant de 1222.
Annie Gruber, professeure de droit public, revient quant à elle sur la genèse de la Déclaration, adoptée par l’Organisation des Nations unies (ONU) en 1948.
Cette Déclaration part d’une révolte morale contre la monstruosité inédite des crimes commis au XXe siècle et de l’urgence de traduire cette révolte dans un texte qui se veut universel.
Vont ainsi naître le droit international public et le droit international des droits de l’homme. Néanmoins cette «table des lois humaines» n’a pas de valeur juridique et représente seulement un idéal à atteindre.
La traduction de la Déclaration des droits humains par le Groupe international Goboni s’inscrit dans l’esprit de son deuxième article : que «chacun puisse s’en prévaloir, donc la connaître sans distinctions de races, de sexes, de langues ou de religion».
Groupe International GOBONI, Déclaration universelle des droits humains de 1948 dans des langues maternelles africaines (DUDHELMA), DOXA Éditions, 2020, 392 pages.
- 1Il s’agit des langues Bàsàa et Duala du Cameroun, Agni de la Côte d’Ivoire, Eshira et Téké du Gabon.