À son origine dans les années 1950, l’Europe s’est constituée comme un projet de paix et de solidarité, au service d’une prospérité partagée et du bien-être de ses citoyens.
La lecture du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE)1 met en avant une série de principes allant dans le sens de ce que l’on nomme aujourd’hui une « société inclusive », soucieuse de ne laisser personne de côté, en s’adaptant aux différences et aux besoins de chacun. L’article 8 mentionne l’élimination des inégalités, en mettant l’accent sur la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes. L’article 9 rappelle l’importance de l’accès à la santé, à l’éducation et à une protection sociale, tandis que l’article 10 souligne le refus de toute forme de discrimination, qu’elle soit fondée sur le sexe, la race, la religion, l’âge, l’orientation sexuelle ou le handicap. Ces valeurs de respect de la dignité des personnes, au fondement de l’Europe, sont intrinsèquement reliées à la citoyenneté européenne.
L’Europe apparaît cependant comme un projet lointain aux yeux de nombreuses personnes, et sa dimension sociale occultée. Au cours des dernières décennies, l’accent a été mis sur une approche libérale, valorisant le principe de libre concurrence et l’expansion économique. Les acteurs du développement local soulignent ainsi notamment la prévalence accrue de logiques financières dans les projets.
Nous pourrions cependant assister à un tournant dans cette mise à l’arrière-plan des questions sociales. Avec le Brexit et la montée des mouvements populistes, émerge un sentiment d’urgence, appelant à une refondation citoyenne du projet européen. Au-delà du réflexe défensif contre des phénomènes qui minent le projet européen de l’intérieur, la vocation sociale de l’Europe a été rappelée récemment par des textes forts. Au premier rang de ceux-ci figurent le Socle européen des droits sociaux, adopté en 2017, ou encore la parution la même année par la Commission européenne d’un « document de réflexion sur la dimension sociale de l’Europe ».
Le dossier de la Tribune Fonda n° 241 explore ces évolutions. Il rappelle dans un premier temps la dimension sociale de l’Europe, autour des principes fondateurs clefs, et la manière dont elle peut être portée, par les associations de solidarité et plus largement tous les acteurs de l’Economie sociale et solidaire (ESS), ainsi que par les citoyens dans leur ensemble. Il s’intéresse également à la dimension territoriale du sujet, ainsi qu’aux dynamiques d’innovation sociale, pour souligner les mécanismes par lesquels des coopérations entre acteurs sur le terrain peuvent se construire pour promouvoir et faire vivre au quotidien une « Europe inclusive avec et pour les citoyens ».
Nous remercions les membres du comité éditorial du dossier : Steven Bertal, Bastien Engelbach, Pierre François, Solène Jourdain, Armelle Ledan, Gabriela Martin, Claire Rothiot, Denis Stokkink, Christophe Thévignot.
Sommaire de la Tribune Fonda n°241
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Édito
Pour une Europe citoyenne, solidaire et associative
Par Nils Pedersen (la Fonda)
Entretien
Accueil des étrangers : les associations, garde-fous des valeurs de l'Europe*
Rencontre avec Christophe Deltombe (la Cimade)
Dossier « Une Europe inclusive, avec et pour les citoyens »
— Introduction du dossier
Par le comité éditorial de la Tribune Fonda n°241
— Le rôle de l'ESS dans le tissu social, levier pour le projet européen*
Par Gabriela Martin (la Fonda)
— L'Europe sociale, un enjeu pour les associations de solidarité*
Par Morgane Dor et Coline Siguier (Uniopss)
— Votre Europe durable en 2030*
Par Isabelle Couprie (Commissariat général au développement durable)
— L'Europe sociale : un enjeu de responsabilité collective !*
Par Denis Stokkink (Pour la solidarité)
— La politique de l'Union européenne en faveur des personnes en situation de handicap*
Par Fiammetta Basuyau-Bruneau et Pascale Ribes (APF France handicap)
— Une Europe plus inclusive grâce au dialogue social*
Par Sylvain Renouvel (Nexem)
— Europe et associations, une symbiose peu visible mais active*
Par Patricia Andriot et Chloé Sécher (RTES)
— Réseaux européens : l'apport du numérique « ouvert »*
Par Katalin Kolosy et Denis Pansu (AEIDL, la Fing)
— Évolutions et panorama de l'innovation sociale en Europe*
Par Steven Bertal et Jeanne Brétécher (Génération 2 Conseil, Social Good Accelerator)
— La Déclaration européenne pour l'innovation sociale*
Par Armelle Ledan (AEIDL)
Articles du dossier ne figurant pas dans la revue imprimée (uniquement accessibles en ligne) :
— Quelle place pour la reconnaissance de l’engagement des étudiant·e·s en Europe ?
Par Animafac - Lola Bonnet-Pol
— Vote et handicap : les recommandations d’Handéo
Par Handéo - Cyril Desjeux
— Quelle Europe pour les jeunes engagé·e·s ?
Par Animafac - Clara Ghio
— Plaidoyer pour l’ESS européenne
Par le Labo de l'ESS
— Quelle Europe pour les associations et les citoyens ?
Par le Mouvement associatif
Signaux faibles
Quelle place pour les initiatives citoyennes dans les smart cities ?
Synthèse de la rencontre-débat Fond'après du 14 novembre 2018
Initiatives
— Parler bambin
Par l'Agence nationale des solidarités actives - Claire d'Hennezel
— Mettre la rencontre au cœur de l'enjeu migratoire
Par Singa - Alice Barbe
Lecture
La Gauche identitaire. L'Amérique en miettes de Mark Lilla*
Par Jean-Pierre Jaslin
Bonne lecture !
- 1Version consolidée de 2016.
