120 participants à la 2e journée d’étude de la Fonda « Vers une société de l’engagement ? Ruptures & dynamiques »
OUVERTURE
Les mots d’accueil de Louise Lefevre, présidente de l’ADESS, partenaire de longue date de la Fonda, et de Yannick Blanc, vice-président de l’association, ont lancé cette journée riche en échanges.
La première journée d’étude de prospective de la Fonda en mars dernier avait commencé à modéliser le système d’acteurs invoquant l’engagement pour en comprendre les motivations et les ressorts. Cette deuxième journée d’étude proposait de compléter la modélisation de la société de l’engagement en explorant les facteurs externes qui peuvent influer sur son fonctionnement.
Charlotte Debray, déléguée générale de la Fonda, et Hannah Olivetti, cheffe de projet prospective, animaient successivement les quatre tables-rondes. Celles-ci s’ouvraient par un témoignage d’un acteur engagé sur la thématique et se concluaient par un temps de question-réponse avec la salle animé par Bastien Engelbach.
FRAGMENTATION SOCIALE
La première table ronde était consacrée au sujet de la fragmentation sociale, indissociable de celle de la polarisation. Elle s’est ouverte sur un témoignage de Marion Ducasse, co-autrice du rapport d’AequitaZ et de Secours Catholique Un boulot de dingue. Reconnaître les contributions vitales à la société. Elle a notamment alerté : « de plus en plus de personnes n’ont rien, car elles ne peuvent pas démontrer ce qu’elles méritent. S’insérer dans la société ne passe aujourd’hui plus que par l’emploi. »
Marion Ducasse a ensuite échangé la directrice de Destin Commun, Laurence de Nervaux, et Christine Duval, cheffe de projet « Partenariat associatif et Animation du réseau » à l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Ensemble, elles sont revenues sur les différentes facettes de la fragmentation sociale, regrettant que la recherche de solutions soit menée sans avoir au préalable écouté les personnes concernées par ces problématiques. Laurence de Nerveaux l’a rappelé « l’écoute est primordiale pour comprendre les parcours et rendre visible l’invisible ».
NUMÉRISATION DE LA SOCIÉTÉ
Les échanges se sont poursuivis autour du thème du numérique, une table ronde animée par Hannah Olivetti. Quels sont les enjeux qui résultent de la numérisation de la société et quels liens avec la notion d’engagement ? Valérie Comblez, déléguée fédérale à la Fédération des centres sociaux des Pays Picards, a témoigné de la démarche menée par les centres sociaux pour ne laisser personne de côté dans ce contexte. Elle a notamment présenté une vidéo d'entretiens des habitants participants aux ateliers numériques des Centres Sociaux Connectés de l'Aisne.
Valérie Comblez a ensuite échangé avec Pierre-Antoine Marti, directeur d’études à Futuribles International, et Yaël Benayoun, cofondatrice de l’association Le Mouton numérique. Aux questions de fracture numérique abordées en introduction, ce sont ajoutées celles plus techniques de l’Intelligence artificielle (IA). Yaël Benayoun a notamment souligné qu’en France « nous avons cette particularité de parler du numérique comme un ensemble homogène, alors que les problématiques sont multiples et hétérogènes ».
DÉRÈGLEMENT CLIMATIQUE
De mieux en mieux documenté, le dérèglement climatique a des conséquences multiples et d’intensités variables. À partir de ce constat, « les citoyens s’engagent fortement sur certains territoires et arrivent parfois à faire changer de cap aux projets d’infrastructures » selon Valérie Paumier, fondatrice de l’association Résilience Montagne. Elle a ouvert cette table ronde avec le récit de sa prise de conscience de la vulnérabilité des territoires de montagne. Cela a été l’occasion de diffuser la bande-annonce du film La Poudre aux yeux de Rémi Servais qui aborde les mobilisations citoyennes pour protéger la montagne.
La Poudre Aux Yeux (documentaire) from 27e image on Vimeo.
Échangeant avec Valérie Paumier, le président de la mission « Paris à 50 degrés » Alexandre Florentin nous a rappelé sans filtre que « le climat ne revient pas en arrière » et que nous ne connaîtrons plus « les étés de notre enfance ». Pour Laurent Coudercher, délégué général Île-de-France du Crédit coopératif et troisième intervenant, la finance a par ailleurs un rôle à jouer par son effet levier qu’il faut savoir exploiter.
QUID DE LA SANTÉ MENTALE ?
La journée s’est clôturée avec une table ronde sur la dégradation de la santé mentale. Maxime Perez Zitvogel, cofondateur de la Maison perchée, a raconté son propre parcours de santé et comment celui-ci a nourri son engagement. Il a ensuite débattu avec Nathalie Roudaut, déléguée générale de Nightline France, et Jean-Baptiste Hazo, responsable santé mentale au sein du bureau « État de santé de la population » de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES). Ensemble, ils ont rappelé que les premiers engagés pour la santé mentale sont les personnes concernées. Pour Jean-Baptiste Hazo, « l’investissement associatif est un facteur protecteur, il aide à maintenir une bonne santé mentale. » Ils ont également souligné le manque de spécialistes psychiatriques nécessaires pour répondre aux besoins, évoquant « un secteur du soin en crise perpétuelle ».
SUITES DE LA JOURNÉE D'ÉTUDE
Cette journée n’aurait pas pu avoir lieu dans la mobilisation de toute l’équipe de la Fonda, salariée et bénévoles, ainsi que ses partenaires. Les comptes-rendus de chaque dialogue paraitront à la mi-janvier 2024 afin de partager les enseignements stratégiques de ces échanges. L’exercice de prospective « Vers une société de l’engagement ? » se poursuit, avec notamment des parutions trimestrielles de la Tribune Fonda, des clubs de lecture mensuels sur l’engagement et une grande université de prospective le 9 octobre 2024 à la Halle Pajol à Paris.