Prospective

Dossier « Impuissance démocratique » de la Tribune Fonda

Tribune Fonda N°251 - Impuissance démocratique : comment retrouver le pouvoir d’agir ensemble ? - Septembre 2021
La Fonda
Et Anna Maheu, Bastien Engelbach
La Tribune Fonda n°251 cherche à comprendre les racines et manifestations de notre impuissance démocratique tout en explorant les voies d’un renouvellement démocratique par l’affirmation citoyenne d’un pouvoir d’agir ensemble.
Dossier « Impuissance démocratique » de la Tribune Fonda
Tribune Fonda 251 - Impuissance démocratique

Sommaire

Condensé

Le retour de la politique en Amérique latine ? par Gabriela Martin et Pierre Lebret

L’Amérique latine est l’une des régions les plus touchées au monde par l’épidémie de COVID-19. Les approches néolibérales qui y sont majoritaires, ainsi que les inégalités importantes qu’elles engendrent, s’avèrent dangereuses alors que la protection sociale est nécessaire pour faire face à la situation. En réponse, des contestations populaires au Chili, en Argentine et en Colombie témoignent d’un retour de la société civile.

« Une panne d'espérance à laquelle il est compliqué de remédier » par Anne Muxel

La défiance croissante des Français envers la politique s’explique par le fossé qui sépare aujourd’hui les citoyens de leurs représentants. Face à des défis complexes et globalisés, l’espérance envers l’action des pouvoirs publics s’est affaiblie et de plus en plus de citoyens se retirent du jeu politique. L’absence d’un « récit commun » alimente cette panne d’espérance, entraînant des discours et des programmes politiques indifférenciés. Il ne reste alors à la société civile qu’à s’exprimer dans les quelques instances de consultation mises en place et de façon protestataire.

À voir pour aller plus loin :  Henri Poulain, Julien Goetz et Sylvain Lapoix, Démocratie(s) ?, Premières Lignes et StoryCircus, 2018. 

Abécédaire  de la démocratie par La Fonda

La citoyenneté démocratique est composée de la citoyenneté politique et de la citoyenneté sociale. Si la première est à la fois un statut, une identité et une pratique, la seconde correspond à l’indépendance sociale de chaque citoyen et aux conditions matérielles qui la sous-tendent.  La démocratie peut être représentative ou directe, le plus souvent un mix des deux. L’espace public et la société civile sont des lieux où la parole des citoyens est accueillie, mais aussi formatée.  

À lire pour aller plus loin : Chaire UNESCO Politiques urbaines et Citoyenneté, « Citoyenneté, institutions, société civile : la démocratie française sous tension », 2020.

Dissection d'une loi délétère pour les associations par Anna Maheu

Le 23 juillet 2021, l’Assemblée nationale a adopté le projet de loi sur le séparatisme, rebaptisé loi confortant le respect des principes de la République. Les articles concernant les associations sont vivement critiqués par le Haut Conseil à la vie associative et le Mouvement associatif. L’initiative citoyenne se voit soumise de plus en plus fortement à la volonté de l’État, au point de vider le droit d’association de sa substance.

À lire pour aller plus loin : « Collectif de représentants du Mouvement associatif, « Jouer de l’amalgame avec les dérives communautaristes instaure un doute sur la contribution des associations à la République », Le Monde, janvier 2021.

« Loi séparatisme » : quelles obligations et quelles défenses pour les associations et leurs libertés ? par Benjamin Sourice

Malgré l’opposition des associations de tout bord, la loi confortant le respect des principes de la République et ses articles relatifs à l’encadrement des associations ont été promulgués au cœur de l’été. Les débats ont contribué à étouffer une discussion collective sur les libertés associatives, alors même qu’un chapitre entier de la loi est consacré à leur « encadrement ». Les autorités n’exigent plus seulement des associations qu’elles se soumettent au contrôle strict et nécessaire de légalité de leur action, mais au respect des « principes de la République » et de l’ordre public, dont l’appréciation est autant policière que politique.

Loi séparatisme : conséquences pour un responsable associatif par Arnaud Schwartz

Pour le président de France Nature Environnement (FNE), la loi séparatisme s’accompagne d’une charge de contrôle démesurée ainsi que de la menace de voir à tout moment l’agrément de FNE abrogé ou refusé sur des motifs arbitraires. Cela représente un risque permanent pour son activité, ses salariés, ses bénévoles et l’existence même de la fédération. Cette loi impose ainsi une mise sous surveillance généralisée de la liberté associative. Pourtant, ce sont les centaines de milliers de militants, bénévoles ou salariés des associations qui font vivre le contrat social chaque jour sur le territoire français.

Initiative : La convention citoyenne pour l'Occitanie

À la recherche d'un numérique au service de la démocratie par Yaël Benayoun et Benoît Petiet

Vote électronique, dématérialisation des démarches administratives, consultations en ligne… Le recours systématique au numérique pour restaurer une démocratie en crise n’est pas sans conséquences. Cet outil est en effet instrumentalisé à des fins lucratives (par les entreprises) et liberticides (par les gouvernements), dans une course au « solutionnisme technologique » théorisé par Evgeny Morozov. Un numérique d’intérêt général est néanmoins possible, comme le prouvent la plateforme de démocratie participative Decidim et l’application Coopcycle.

À lire pour aller plus loin : Yaël Benayoun et Irénée Régnauld, Technologies partout, démocratie nulle part, éditions Fyp, 2020.

Des initiatives pour une  démocratie contributive par La Fonda

Face aux enjeux contemporains, certaines initiatives démocratiques considèrent le citoyen non comme un usager, mais comme un acteur capable d’initiative. Au niveau local, les budgets participatifs, les comités de quartier et les conseils des jeunes sont autant de lieux où les citoyens peuvent exprimer leurs velléités, s’organiser et influer sur la vie de la Cité. Des alliances citoyennes, collectifs auto-organisés, ont également vu le jour à Grenoble, Aubervilliers, Rennes, Montpellier, Gennevilliers, et Lyon. Des conventions citoyennes, nationales ou régionales, vont plus loin en proposant à des citoyens tirés au sort de coconstruire des recommandations sur des sujets aussi clivants que l’avortement ou le dérèglement climatique. Une éphémère plateforme numérique a également proposé à des citoyens de contribuer à des propositions de loi.

À voir pour aller plus loin :  Naruna Kaplan de Macedo, Convention citoyenne - Démocratie en construction, Les Films D’Ici, 2020.

L'éducation populaire au défi de réarticuler les polarités par Emmanuel Porte

Les acteurs de l’éducation populaire font face à un défi : comment accompagner la participation citoyenne dans l’ensemble de ses dimensions ? Pour le relever, ces acteurs peuvent mobiliser une longue expérience de réflexions et d’expérimentations autour de l’apprentissage de la citoyenneté. L’éducation populaire doit néanmoins prendre en compte deux profondes mutations de notre société : les bulles informationnelles liées aux plateformes numériques et le manque d’espaces pour travailler les controverses et faire émerger une réflexion collective sur la longue durée.

« Le chemin d'une autonomisation de la société civile se fera. » Entretien avec Roger Sue

Nous assistons à une crise de la représentation, à l’approfondissement du malaise démocratique. Alors que la notion même de progrès est interrogée et, avec elle, le sens de l’histoire, les individus peinent à reconstruire un sens commun partagé. S’en suit une faible participation électorale et une crise des grands corps intermédiaires, syndicaux ou associatifs. Nous ne parvenons plus à trouver des espaces où s’exprime la citoyenneté comme participation à une œuvre commune. Une émancipation de la société civile se fera tôt ou tard. L’associativité pourrait alors nous mener à un renouveau démocratique, ou au populisme.  

À lire pour aller plus loin : Roger Sue, Le Spectre totalitaire, Les Liens qui Libèrent, 2020.

Initiative : L'académie des futurs leaders 

Le « pacte du pouvoir de vivre » : faire de l'indignation un outil collectif de transformation par Claire Thoury

Le mouvement des Gilets jaunes a été l’expression d’un fort sentiment d’injustice de la part d’une partie de population. Il a aussi mis en exergue un fort besoin de collectif, de renforcer des liens sociaux, mais aussi d’être entendu. Pour que l’indignation de quelques-uns ne se transforme pas en frustration stérile, le pacte du pouvoir de vivre propose d’en faire un outil collectif puissant au service d’un projet de transformation de la société. Ce pacte issu du travail de 19 organisations permet aux acteurs de la société civile de se retrouver pour sortir d’une action en silo. 
 

À lire pour aller plus loin :  Pacte du pouvoir de vivre, « Pour donner à chacun le pouvoir de vivre. L’urgence d’un pacte social et écologique », mars 2019.

Opinions et débats