Engagement

Dossier : « Engagement radical, engagement total ? » de la Tribune Fonda

Tribune Fonda N°260 - Engagement radical, engagement total ? - Décembre 2023
La Fonda
Du latin radix signifiant racine, la radicalité, lorsqu’elle est revendiquée par des personnes engagées, témoigne de la volonté de remonter à la racine des défis écologiques, sociaux ou démocratiques. La Fonda ouvre avec ce numéro un débat complexe : comment définir les engagements radicaux ?
Dossier : « Engagement radical, engagement total ? » de la Tribune Fonda
« Engagement radical, engagement total ? » © Guillemette Martin / La Fonda

Sommaire

 « Engagement radical, engagement total ? » © Guillemette Martin / La Fonda

 

Condensé

« Quand on n'a plus confiance en la société, en l'avenir, il reste la radicalité. », entretien avec Hasna Hussein

La radicalité politico-religieuse peut créer des formes de sympathie et de soutien diverses. Dans le cas du djihadisme, la diffusion de propagande est effectuée par des centaines de milliers de sympathisants. Ces relais de la propagande directs ou indirects sont majoritairement le fait de jeunes, qui recherchent une appartenance dans un monde de plus en plus incertain. Le numérique a profondément complexifié la construction idéologique de ces sympathisants, nous sommes aujourd’hui dans l’ère du « zapping de la radicalité ». La radicalité politique partage avec la radicalité politico- religieuse ces modalités de diffusion, ainsi que l’âge de ces cibles. Les enfants sont particulièrement ciblés pour les recruteurs de mouvements radicaux. 

À lire pour aller plus loin : Hasna Hussein, « Les « lionceaux du califat » : une analyse de la propagande djihadiste », Les Cahiers Dynamiques, n° 2, 2017, pp. 42-47, [en ligne].

« Les radicalités, expressions de démocraties fragilisées », par Gabriela Martin

 Selon le dernier rapport de l’Observatoire de l’espace civique de l’OCDE, moins de la moitié des pays membres assure à ses citoyens la possibilité de participer à la vie de la Cité, par le biais d’un espace civique ouvert. De fait, nous vivons aujourd’hui un recul spectaculaire de la démocratie dans le monde et l’avènement de démocraties dysfonctionnelles, présentant une concentration des pouvoirs inquiétante. Accompagnées d’une transition numérique aux mains des plus puissants, diverses radicalités bénéficient de cet émiettement du monde. Ces radicalités extrêmes nourries par un clivage générationnel, social et international s’expriment hors de l’espace civique, contribuant à son rétrécissement. 

À lire pour aller plus loin : OECD, The Protection and Promotion of Civic Space - Strengthening Alignment with International Standards and Guidance, décembre 2022, [en ligne]. 

« Dans un monde fini, les plus radicaux ne sont pas ceux que l'on croit.» [Témoignage]

« Personne ne rejoint Extinction Rebellion par envie de radicalité » , [Témoignage]

« Les activistes du climat sont à la fois radicaux et réformistes. », entretien avec Laurent Lardeux

Les jeunes activistes investis dans des mouvements pour le climat, qu’il s’agisse d’Extinction Rebellion, de Dernière rénovation ou d’Alternatiba, sont régulièrement qualifiés de radicaux, voire de radicalisés. Ces jeunes activistes ne cherchent pourtant pas à faire scission, au sens premier de la radicalité politique, mais bien à interpeller les institutions de la démocratie représentative. Ils articulent continuellement les actions de désobéissance civile avec des actions de sensibilisation. L’action militante s’est néanmoins durcie entre 2021 et 2023, nourrie par le sentiment répandu au sein des collectifs de ne pas avoir obtenu de réponses politiques concrètes aux marches et aux grèves du climat de 2019 et une défiance plus générale envers la politique institutionnelle. 

À lire pour aller plus loin :  Laurent Lardeux (Injep), « Les jeunes activistes dans le(s) mouvement(s) climat », Injep Notes & rapports, septembre 2023, [en ligne]

La radicalité, étape de la fenêtre d'Overton [Cartographie]

La fenêtre d’Overton est un modèle proposant de classifier les idées politiques en fonction de leur degré d’acceptabilité. Une idée, comme le droit de vote des femmes, passera progressivement pour impensable, radicale, acceptable, raisonnable et populaire, avant de devenir une politique publique. Pensé pour que les élus puissent identifier leur marge de manoeuvre, ce modèle est également utilisé par des groupes qui souhaitent faire évoluer le débat démocratique. 

« La radicalité est un impératif d'agir en faveur d'un monde qui n'existe pas encore. » [Témoignage]

Les mobilisations contemporaines contre les injustices réhabilitent la radicalité politique, par Réjane Sénac 

Au cours des dernières années, la radicalité politique et sociale a connu un regain d’intérêt. Si elle a été réduite, au XXIe siècle, au miroir du radicalisme, elle retrouve une identité propre liée à une « posture de rupture vis-à-vis de la société d’appartenance ». De fait, de nombreuses mobilisations contemporaines se revendiquent de la radicalité comme indissociable d’utopies réelles. Opposée à une approche réformiste discréditée, car jugée inefficace, mais aussi à une rupture révolutionnaire considérée comme idéaliste, la radicalité propose une troisième voie. Celle d’alternatives émancipatrices grandissant dans les failles du système existant. 

À lire pour aller plus loin : Réjane Sénac, Radicales et fluides. Les mobilisations contemporaines, Presses de Sciences Po, 2021.

« Soyons radicaux tout en étant constructifs. » [Témoignage]

Analyses et recherches