→ Voir la fenêtre d'Overton mise en page
Initialement, le vote des femmes est jugé impensable par certains, dont le sénateur Alexandre Bérard. Il est connu pour avoir déclaré « Plus que pour manier le bulletin de vote, les mains de femmes sont faites pour être baisées. »1
Même si l’idée du vote des femmes n’est pas encore acceptée au début du XXe siècle, elle intègre progres- sivement le débat public, notamment grâce aux écrits des suffragistes comme Marguerite Durand. Elle a notamment écrit « Quiconque subit les lois, s’il n’a pas démérité, doit être admis à participer à la confection de ces lois. »2
Dès que la revendication s’ancre dans la société civile, les groupes de pression cherchent une représentation politique. Le quotidien national Le Journal diffuse par exemple en 1914 des cartes postales adressées à la Chambre des députés représentant des bulletins « Je désire voter », avec les noms, prénoms, adresses et signatures des intéressées . Une fois l’idée acceptée, il faut la rendre raisonnable pour le plus grand nombre, en ridiculisant les arguments de ses adversaires par exemple. En 1936, l’association La femme nouvelle offre aux sénateurs des chaussettes avec l’inscription « Même si vous nous donnez le droit de vote, vos chaussettes seront raccommodées »1 .
Quand l’idée est devenue raisonnable, c’est-à-dire concevable pour la majorité de la population, il faut encore l’intégrer à la mentalité populaire. Les canaux de diffusion culturelle sont alors de précieux alliés pour celles et ceux qui veulent bouger la fenêtre d’Overton. Le sous-préfet Alfred de Ferry a par exemple publié en 1889 Un Roman de 1915, un texte de science-fiction dystopique où les femmes obtenaient le droit de vote et d’éligibilité4 .
→ Voir la fenêtre d'Overton mise en page
- 1 a b Assemblée nationale, « Contre le vote des femmes : florilège », La conquête de la citoyenneté politique des femmes, [en ligne].
- 2Marguerite Durand, « Préface au Congrès international de la condition et des droits des femmes. 5, 6, 7 et 8 septembre 1900 », La Fronde, 5 septembre 1900.
- 4Anne-Sarah Moalic-Bouglé, « Femmes, politique et imaginaire. Deux romans de science-fiction au XIXe siècle », Parlement[s] n°1, 2012, pp. 149-161, [en ligne].