La Fonda a 40 ans !
La soirée s’est clôturée par la remise des insignes de Chevalier de l’Ordre national du mérite à Charlotte Debray, déléguée générale. Cet anniversaire a permis de retracer les grandes victoires de la Fonda au cours des 40 dernières années et d’esquisser ses prochains travaux.
« Depuis sa création, la Fonda est devenue
un acteur incontournable de la vie associative. »- Anouch Toranian, adjointe à la Mairie de Paris à la vie associative.
La Fonda fait émerger la parole politique des associations dès les années 1980
La Fonda a non seulement participé à la création d’un groupe des associations au Conseil économique et social, mais aussi à celle du Conseil national de la vie associative (CNVA), devenu le Haut Conseil à la vie associative (HCVA) en 1983. C’est également sous l’égide de la Fonda qu’a été créée la Conférence permanente des coordinations associatives (1992), plus connue sous son nouveau nom de Mouvement associatif.
« La Fonda a accompagné les grandes mutations associatives de notre pays. La création du Haut conseil à la vie associative et ses contributions ont fait évoluer en profondeur la gouvernance du monde associatif. »
- Sarah El Haïry, Secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement
Ce sont des travaux de la Fonda qui sont à l’origine de la « Charte des engagements réciproques », signée le 1er juillet 2001 par l’État et 12 coordinations associatives. Selon Jacqueline Mengin, présidente de la Fonda de 1997 à 2004, l’objectif était alors de faire reconnaître la fonction critique des associations dans la société.
« Dès sa création en 1981, la Fonda faisait non seulement des propositions pour améliorer le sort des associations, mais elle catalysait une dynamique interassociative à tous les échelons », a rappelé Anne David, déléguée générale de la Fonda de 1981 à 2004.
L’avènement du mécénat populaire et du meilleur régime fiscal de mécénat d’Europe
La Fonda a porté dès sa création un discours fort : le développement des associations ne pouvait se faire uniquement sur de l’argent public, il fallait plus de mécénat et de bénévolat. « Le mécénat n’avait pas pour vocation de remplacer l’aide de l’État, il s’agissait au contraire de donner plus de libertés pour des initiatives associatives », a souligné Frédéric Pascal, président de la Fonda de 1981 à 1997.
Coluche, en pleine création des Restos du Cœur, s’est tourné vers la Fonda pour rédiger et faire adopter l’amendement favorisant la défiscalisation des dons des particuliers en 1989. La France est ainsi devenue le meilleur pays en Europe occidentale en termes de régime fiscal de mécénat. Toutefois, encourager les dons privés ne pouvait aller sans évaluation. Anticipant le scandale de l’Arc, la Fonda a soutenu la création du Comité de la charte de déontologie (1986), devenu Don en confiance.
Développer le pouvoir d’agir des individus, au cœur des collectifs
Le pouvoir d’agir est l’un des concepts phares de la Fonda. C’est Jean-Pierre Worms, président de la Fonda de 2003 à 2008, qui le pense en 2010 en traduction de l’anglais empowerment. « C’est un changement de paradigme majeur : ne pas faire pour les personnes, mais avec elles », a souligné Giorgia Ceriani Sebregondi, actuelle vice-présidente de la Fonda. Aujourd’hui, les travailleurs sociaux et les soignants utilisent cette notion au quotidien. Le pouvoir d’agir a aussi une dimension démocratique : les citoyens peuvent utiliser ce pouvoir d’agir pour participer au progrès de la société.
La Fonda a essaimé ce concept et accompagné les acteurs pour qu’ils se l’approprient, notamment avec le Collectif du Pouvoir d’agir qui a pris fin en 2017. En croisant les regards et les pratiques, l’association a préparé le terrain pour l’expérimentation comme pour la décision politique. Elle travaille à présent sur le pouvoir d’agir des collectifs, sur le « faire ensemble ».
« Merci d’avoir fait rayonner le fait associatif, d’avoir porté la voix de millions de citoyens engagés, de millions de bénéficiaires de la générosité. »
- Olivia Grégoire, Secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable.
Le fait associatif, un enjeu stratégique
C’est à partir de 2008, sous la présidence de Pierre Vanlerenberghe puis de Yannick Blanc en 2012, que la ligne prospective de la Fonda s’affirme, avec la démarche « Faire ensemble ». Un premier diagnostic du présent est établi avec plus de 1500 responsables associatifs de toutes les régions. Il est complété par l’apport des plus grands spécialistes de la prospective, puis par des déclinaisons territoriales (Faire ensemble en Rhône-Alpes) ou thématiques (vieillissement démographique).
Pour Yannick Blanc, président de 2012 à 2018 et depuis vice-président, « ce travail de synthèse a nourri la capacité de la Fonda à accompagner les partenaires associatifs dans une démarche de projection au-delà du seul projet associatif. » La Fonda outille ainsi les associations pour qu’elles participent activement à la vie démocratique.
Préparer le terrain à la décision politique
Anne David, déléguée générale de 1981 à 2004, a prévenu qu’« il y a toujours des lois, des dispositions, des décrets qui ne sont pas favorables au fait associatif. Il reste donc encore beaucoup de travail pour la Fonda, à commencer par s’assurer que les forces restent unies. » La Fonda continuera donc d’éclairer, de documenter et de défricher les mutations à l’œuvre dans notre société, a rappelé Gabriela Martin, sa vice-présidente.
Nils Pedersen, président de la Fonda, a renchéri : en tant que lieu de débat démocratique, la Fonda continuera donc de nourrir la décision politique, sa stratégie rejoignant celle des autres acteurs qui portent haut la cause associative. Elle soutiendra la structuration horizontale de la société, en faisant le pari – et la démonstration, que le fait associatif peut être le moteur d’une revitalisation de la démocratie.