Derniers ateliers pour l’expérimentation « Structurer les coopérations pour résoudre les défis de nos territoires »
Intention de départ
Soutenu par la Fondation de France notamment, le projet « Structurer les coopérations pour résoudre les défis des territoires » a été initié conjointement par la Fonda et le Réseau national des Maisons des associations (RNMA) en mai 2022.
Le constat de départ était le suivant : les défis sociaux, écologiques et démocratiques d’aujourd’hui et de demain appellent des réponses co-construites, en misant sur la coopération entre acteurs, afin d’avoir plus d’impact ensemble qu’en agissant isolément.
Cela demande une ingénierie, des postures et des compétences nouvelles, que la Fonda a développées ces dix dernières années. En adaptant les outils et les méthodes du Faire ensemble aux besoins des territoires, l’expérimentation visait à la fois à :
- accompagner la structuration de coopérations territoriales en réponse aux défis d’un territoire
- faire monter en compétences les acteurs de l’appui au développement de la vie associative
- valoriser et amplifier la contribution des associations aux politiques publiques locales
Sélection des territoires de Morlaix et de Mulhouse
En 2022, un appel à manifestation d’intérêts a été publié au sein du réseau RNMA afin d’identifier des territoires où se situeraient les expérimentations. Cinq dossiers ont été reçus. Les deux territoires d’expérimentation ont été retenus à l’occasion d’un comité de pilotage rassemblant l’ensemble des partenaires du programme Faire ensemble 2030, en décembre 2022.
Menée par une maison des associations gérée associativement, le Réseau d’échanges et de service aux associations du Pays de Morlaix (Résam), l’expérimentation à Morlaix était centrée sur les questions de transition écologique. Celle de Mulhouse, portée par le Carré des associations, maison des associations gérée municipalement, concernait la participation citoyenne des jeunes.
Ces deux territoires ont été retenus pour leur qualité intrinsèque ainsi que pour leur complémentarité.
Inscrit dans un territoire rural, le Résam affichait un besoin de renforcement de compétences pour traiter un sujet préoccupant les habitants du Pays de Morlaix, mais encore peu travaillé par la Maison des associations.
Le Carré des associations est quant à lui au cœur d’un territoire urbain, jeune et multiculturel. Il affichait un besoin de capitalisation d’une approche de développement de la participation citoyenne mise en œuvre de longue date, qu’il s’agissait d’inscrire dans la durée grâce à une démarche collective.
Malgré leurs différences de statut, les deux maisons des associations partageaient une capacité à mobiliser un large réseau d’acteurs ainsi qu’une appétence pour les approches de coopération territoriale. Choisir deux territoires aux caractéristiques aussi distinctes a donc permis à la Fonda et au RNMA de tirer une pluralité d’enseignements.
→ Lire notre actualité sur le lancement de l’expérimentation
Deux années pour structurer des coopérations
Protocole d’expérimentation
Le protocole d’expérimentation a été établi en prenant appui sur le Guide méthodologique du Faire ensemble qui détaille chacune des étapes constitutives d’une communauté d’action, et recense exemples, outils et approches méthodologiques permettant de réunir les conditions de réussite d’une stratégie d’impact collectif.
L’expérimentation a ainsi été structurée en quatre phases :
- une phase d’impulsion, avec la constitution d’un groupe d’initiative et la formulation d’une problématique commune autour d’une lecture partagée des enjeux du territoire ;
- une phase de structuration, avec l’élaboration d’une cartographie des acteurs et actions répondant à ces enjeux pour en modéliser la complémentarité, la structuration d’une démarche d’évaluation ainsi que d’une gouvernance ;
- une phase de consolidation, avec la préparation du transfert de la fonction de soutien ;
- une phase de capitalisation et de transmission des outils et méthodes.
Présentées de façon linéaire dans le processus d’expérimentation, ces phases n’en sont pas moins envisagées dans des logiques de rétroaction.
→ Parcourir le Guide méthodologique de Faire ensemble
Étapes de la communauté d’action de Morlaix
À Morlaix, après un temps d’exploration des enjeux prospectifs du territoire sur le sujet des transitions, les participants ont affiné l’objet de leur coopération autour d’une question stratégique essentielle portant sur la transition alimentaire et l’accès à une alimentation saine, durable et respectueuse du vivant.
La déclinaison de la question stratégique essentielle en objectifs de transformation a permis de cartographier les projets et activités de la communauté d’action concourant à leur atteinte. Trois catégories d’action ont été repérées : la formation, la mise en réseau et l’expérimentation d’une Sécurité sociale de l’alimentation. Une attention particulière a été portée aux liens entre la communauté d’action et les politiques publiques. Des représentants de la communauté d’action ont ainsi été associés aux groupes de travail du Projet alimentaire de territoire (PAT) de Morlaix communauté.
En 2024, le collectif s’est structuré, avec l’élaboration d’une Charte, la préparation d’un dispositif d’évaluation et le transfert de la fonction de soutien au Résam, porteur initial du projet, mais aussi au Pôle ESS du Pays de Morlaix et à l’Ulamir-CPIE, rassemblés dans le collectif « Les artisan.e.s de la transition ».
Étapes de la communauté d’action de Mulhouse
À Mulhouse, après un temps d’exploration des enjeux prospectifs du territoire, les participants ont formulé une question essentielle portant sur le pouvoir d’agir des jeunes au service du développement du territoire, et leur implication dans les espaces participatifs.
La communauté d’action a recueilli les attentes des publics jeunes.
Ce travail a conduit à l’élaboration d’un kit de consultation permettant de faire remonter les envies d’engagement et leurs accompagnements possibles.
La déclinaison de la question essentielle en objectifs de transformation a conduit les participants à cartographier et qualifier leurs activités concourant à leur atteinte. La communauté d’action mulhousienne a également travaillé à l’élaboration d’un dispositif d’évaluation partagée et d’une charte de coopération. La finalisation de sa feuille de route est en cours, qui dresse son horizon de travail pour l’année 2025, ainsi que la répartition des rôles de la fonction de soutien pour assurer la continuité de son animation.
→ Les comptes rendus complets de chaque atelier sont disponibles sur le site de la Fonda.
Premiers enseignements et perspectives
Alors que l’expérimentation se conclut tout juste, de facteurs clefs de succès ont été identifiés : le rôle de « tiers veilleur » du groupe de pilotage, la nécessité d’un portage politique, et d’une fonction de soutien permanente. Ils seront étoffés et capitalisés en 2025.
Le rôle de « tiers veilleur » du groupe de pilotage
Pour chaque territoire d’expérimentation, un groupe de pilotage local a été mis en place. Le premier enseignement majeur est l’importance du « tiers veilleur », et de l’alliance entre un acteur extérieur neutre, dans un rôle de facilitateur et d’un noyau dur local, connaissant le territoire, ses enjeux et ses acteurs. Cette alliance permet de donner l’impulsion à des dispositifs contributifs où la parole est libre, tout en s’appuyant sur des réalités et des particularités locales.
La nécessité d’un portage politique
Un autre enseignement est l’importance du portage politique. Si l’animation au long cours est portée par les équipes techniques, il est important d’avoir une incarnation politique de la démarche. Le projet peut être porté politiquement par des élus dans le cadre d’une maison des associations municipale, ou un conseil d’administration (CA) dans le cadre d’une maison des associations associatives.
Une fonction de soutien appréciée
Enfin, l’intuition qu’investir dans la montée en compétence en ingénierie de la coopération est nécessaire semble confirmée. Combinée au portage politique et à la rigueur méthodologique, cette fonction de soutien est probablement la condition de la pérennité d’une communauté d’action.
Sur les territoires, le dispositif de travail a permis un renforcement des compétences en matière de coopérations territoriales.
Les exercices proposés, comme l’approche prospective des enjeux du territoire, ou la cartographie des acteurs lors de la phase d’impulsion, ont été appréciés par les membres des deux groupes de pilotage locaux. Ils ont en effet été reproduits au sein des organisations elles-mêmes, et ont pu être déployés dans d’autres contextes de travail. De plus, l’expérimentation a conduit les collectifs des deux territoires à identifier les moyens de faire perdurer la dynamique installée, et de transmettre les méthodes et outils de façon plus large à d’autres acteurs du territoire.
Perspectives
À Morlaix comme à Mulhouse, les dernières journées de travail ont permis de créer les conditions de la pérennisation de la communauté d’action. Après dix ateliers, la Fonda se retire donc progressivement de l’animation, la fonction de soutien des collectifs étant désormais portée par les acteurs locaux accompagnés pendant deux ans. À Morlaix, ce sont trois structures, le Résam, le pôle ESS et l’Ulamir-CPIE, qui l’assument. À Mulhouse, la communauté d'action, forte de l'implication continue de ses membres tout au long du cycle - représentant 15 structures et services municipaux - définit collectivement sa feuille de route et le portage collectif de la suite de l'animation. Des pistes sont à l'étude pour l'articuler à la convention territoriale globale de (CTG) de Mulhouse et en assurer le portage par un poste de chargé de coopération financé par la CAF du Haut-Rhin.
Pour la Fonda et le RNMA, le travail de capitalisation au fil de l’eau va faire l’objet d’une transmission auprès des maisons des associations, par le biais d’interventions publiques, de webinaires, de la création d’un centre de ressources en ligne et de l’animation de « communautés apprenantes ». Les groupes de pilotages locaux de Morlaix et Mulhouse seront au cœur de cette étape de transmission.
Le 2 juillet 2025, la Fonda, le RNMA et la Fondation de France organiseront ensemble à Villeurbanne un événement commun centré sur le soutien aux dynamiques de coopérations territoriales orientées changement systémique. Une date à noter dès à présent dans vos agendas !