Engagement

Dossier - L'engagement sous les radars

Tribune Fonda N°262 - L’engagement sous les radars - Juin 2024
La Fonda
Tous les engagements ne sont pas conscientisés de la même manière : certains passent sous les radars, notamment ceux qui se trouvent à la frontière de l’entraide. Le numéro de juin 2024 de la Tribune Fonda met en avant la pluralité des engagements de proximité et interroge les mécanismes, conscients et inconscients, qui les occultent avec des articles de recherche et des retours d’expérience du Secours Catholique – Caritas, de la Fédération des Centres sociaux et socioculturels (FCSF), d’AequitaZ, du Réseau des Accorderies, de Profession Banlieue et de Mot à Mot.
Dossier - L'engagement sous les radars
L'engagement sous les radars, de la Tribune Fonda © Guillemette Martin / La Fonda

Sommaire

Condensé

La rose des vents des entraides, par Anna Maheu

Sur le modèle du don de Marcel Mauss, nous pouvons penser l’entraide comme une triple obligation : de donner, de recevoir et de rendre. Les motivations à s’entraider peuvent également se penser en miroir de celles à donner : oscillant entre intérêt pour soi et intérêt pour l’autre, ainsi qu’entre liberté et obligation. L’importance de chacune de ces motivations dessine différents domaines où les relations s’effectuent : la famille, la société civile, l’État et le marché.

À lire pour aller plus loin: Alain Caillé, Théorie anti-utilitariste de l’action, La Découverte, 2009.

« Tout ça, c’est déjà s’engager ! », entretien avec la Fédération des Centres sociaux et socioculturels de France (FCSF)

Les modalités d’engagement évoluent, dans les quartiers populaires comme sur le reste du territoire. Les engagements y sont plus spontanés, éphémères et informels : un repas au centre social, un conseil de classe, un tournoi de foot, une pétition, etc. Corollaire de leur aspect informel, ces engagements ne sont souvent pas conscientisés comme tels par les « engagé.es des quartiers. » Loin des formes médiatiques de l’engagement, comme la grève ou la manifestation, ces engagements de proximité créent pourtant un réseau de solidarité dans les quartiers populaires et permettent à leurs habitants de construire dès aujourd’hui des lendemains qui chantent.

À lire pour aller plus loin: Fédération des Centres sociaux et socioculturels de France (FCSF) et Réseau national des centres de ressources politique de la ville (RNCRPV), Engagé·es - Paroles d’habitants et habitantes de quartiers populaires, 6e édition « On ne veut plus rêver. On veut vraiment trouver des solutions », septembre 2023.

La protection sociale de proximité assurée par les personnes en précarité  par Marion Ducasse 

Les personnes en situation de précarité contribuent quotidiennement à la société, notamment au sein de leur famille, mais aussi de la société civile, mettant à mal leur qualification statistique d’« inactifs ». Ce travail hors emploi — très majoritairement féminin — est essentiel à l’ensemble de la société, produisant une protection sociale de proximité selon les termes de Robert Castel. Les personnes en précarité vivent néanmoins une triple injustice : le manque d’argent, le mépris social et la non-reconnaissance de leur contribution. À rebours des politiques publiques basées sur un engagement supplémentaire obligatoire, AequitaZ et le Secours catholique plaident pour la mise en place d’un revenu minimum garanti et inconditionnel qui sécuriserait ces contributions vitales à la société.

À lire pour aller plus loin: Marion Ducasse, Célina Whitaker, Jean Merckaert, Daniel Verger (AequitaZ et Secours catholique), Un boulot de dingue, 2023, [en ligne].

Retours d'expérience

Les Accorderies, faciliter l’engagement des habitants, entretien avec Pascale Caron, Audrey Leyrat et Zoé Renaut-Revoyre

Mot à mot, faire association par-delà les langues, par Anna Maheu

C’est un véritable choix politique de laisser les bénévoles s’emparer des sujets qui leur parlent. », entretien avec Hélène Ceccato et Thibaut Largeron

« Soutenir les expressions spontanées d’engagement, c’est accepter de suivre la direction choisie par les citoyens. », entretien avec Vincent Havage et Cyril Melot

L’entraide entre habitants et les structures associatives sont indispensables pour répondre aux problématiques économiques, sociales et culturelles de territoires tels que la Seine-Saint-Denis. Dans les moments de crise, comme celle liée au COVID-19, la culture de l’auto-organisation populaire permet au territoire de réagir rapidement. Professionnels et politiques publiques s’interrogent sur la manière d’accompagner ces engagements de proximité et les inscrire dans le développement du territoire. Les démarches institutionnelles comme les conseils citoyens ont en effet montré leurs limites.

À lire pour aller plus loin: Jérémy Louis, « Les trajectoires du pouvoir d’agir en France dans les années 2010 », Tribune Fonda Hors-série « Ce que nous devons aux associations », septembre 2021, [en ligne].

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