Enjeux sociétaux

Fonder des société(s) inclusive(s)

Tribune Fonda N°252 - L'inclusion comme horizon - Décembre 2021
Gabriela Martin
Gabriela Martin
Et Thomas Gasselin
26 ans après la Quatrième conférence mondiale sur les femmes organisée à Beijing, le Forum Génération Égalité, co-présidé par le Mexique et la France, a fait le triste constat que les inégalités entre les femmes et les hommes demeurent. En juillet 2021, les leaders de 197 pays se sont engagés à réduire non seulement les inégalités liées au genre, mais aussi toutes les formes de violence et de discriminations que peuvent subir les femmes, afin de construire une société (plus) inclusive. Mais le concept d’inclusivité est encore vague et ne fait pas consensus. Il convient donc de rappeler ce que signifie réellement l’inclusivité pour ensuite envisager des pistes de réflexion pour rendre les sociétés plus inclusives.
Fonder des société(s) inclusive(s)
Graffiti sur un mur de Lima, Pérou photographié le 15 juin 2021 © Miles Peacock

Cet article est une contribution à la version numérique enrichie de la Tribune Fonda n°252. Il ne figure pas dans la revue papier.

I L’inclusivité : un concept à la mode pour une application datée

a) Définition et histoire de l’inclusivité

Le terme d’inclusivité est de plus en plus utilisé. Les entreprises l’utilisent surtout pour mettre en avant leur politique de responsabilité sociale et environnementale. Ce terme provient de l’anglais adopté en langue française pour désigner les politiques en faveur de l’inclusion des personnes en situation de handicap. Il est ensuite passé dans le langage courant.

Ainsi, l’inclusivité sous-entend l’intégration de personnes différentes dans un groupe qui est fermé. On voit donc que le terme d’inclusivité est mal utilisé en français, car il entend un mouvement d’intégration qui ferait perdre la caractéristique à la chose qui est incluse. Or, lorsqu’on parle d’inclusivité, on entend plutôt un phénomène qui tient compte des différences. L’adjectif « inclusif » est peut-être mieux adapté au sens qu’on veut donner à l’inclusivité. Le Larousse définit « inclusif » comme quelque chose « qui intègre une personne ou un groupe en mettant fin à leur exclusion ». Il montre le refus de la mise à l’écart d’un pan de la société à cause de ses différences.

On se doit par ailleurs de distinguer inclusivité et intégration. L’intégration consiste à laisser entrer un élément extérieur dans un groupe, mais en lui demandant de s’adapter à ce groupe. Au contraire, avec l’inclusivité c’est le groupe qui s’adapte à l’individu en apportant une certaine flexibilité afin que l’individu se sente « chez soi ». Nous devons aussi apporter une distinction entre égalité et inclusivité. L’égalité se réfère au droit et tend à compenser les inégalités par la loi. Au contraire, l’inclusivité prend en compte ces différences pour les niveler sans pour autant les rogner.

Quel est donc le sens d’une « société inclusive » ?

Pour l’anthropologue Charles Gardou « l’idée de société inclusive tourne le dos à toute forme de captation qui accroît le nombre de personnes empêchées de bénéficier des moyens d’apprendre, de communiquer, de se cultiver, de travailler, de créer… Une société inclusive n’est pas un club dont certains membres, privilégiés, pourraient capter l’héritage social à leur profit pour en jouir de façon exclusive. Une société inclusive, c’est une société sans privilèges, exclusivités et exclusions ».

La société est vue là comme un groupe d’individus qui sont réunis autour d’idées et de concepts communs. Les sociétés inclusives n’assurent pas seulement à un individu de répondre à ses besoins essentiels, mais d’exister et de jouir de ce que peut lui apporter la société. Prenons l’exemple des personnes en situation de handicap. Ces personnes sont, dans une certaine mesure, désavantagées, car leur particularité psychique ou physique n’est pas adaptée à l’environnement dans lequel elles évoluent. Une société inclusive va avoir tendance à associer cette personne dans le processus d’évaluation des besoins spécifiques et pas seulement la consulter sur sa situation. Cette volonté d’inclusion permet à l’individu concerné d’avoir les mêmes possibilités qu’une personne n’ayant pas ces caractéristiques. Encore mieux, cela lui permet aussi d’affirmer et de revendiquer sa différence.

En somme, on pourrait dire que la société inclusive signifie la volonté de rendre les individus égaux en moyens malgré leurs différences tout en affirmant celles-ci. Cette dernière définition prend tout son sens de nos jours : la différence de l’autre peut provoquer la peur. Cette peur peut inciter à l’effacement de la différence pour se conformer à l’environnement dans lequel l’individu évolue.

b) L’inclusivité ne doit pas être une caractéristique d’une société, mais bien sa fondation.

Les entreprises sont les premières à prôner l’inclusivité et la diversité entre les différents profils qui les composent. Elles ont bien compris que l’inclusivité était synonyme de performance. En effet, de nombreuses études montrent que plus une entreprise est inclusive, plus ses salariés s’y sentent bien et sont performants dans leur travail. L’étude du Boston Consulting Group le montre tout particulièrement : menée auprès de 16 000 personnes dans 16 pays — dont 1 092 en France —, elle souligne l’impact d’une telle culture inclusive sur les performances d’ensemble de l’entreprise, qu’elles soient financières ou qu’elles touchent aux capacités d’innovation de l’entreprise. Cette performance liée à l’inclusivité se voit même dans les résultats de l’entreprise : celles dont les équipes dirigeantes affichent une diversité supérieure à la moyenne sont 19 % plus innovantes que les autres et ont des marges Ebit supérieures de 9 points à celles des entreprises dont les équipes sont moins diverses.

Certaines entreprises prônent une « culture inclusive » au sein même de l’organisation. Cependant, cette « culture inclusive » semble s’inscrire dans une société qui, elle, n’est pas inclusive. C’est pourquoi, les pouvoirs publics mettent en place depuis plusieurs années, des politiques qui visent à favoriser l’émergence de sociétés plus inclusives. On pourrait citer par exemple l’obligation des grandes entreprises à embaucher un certain nombre de personnes en situation de handicap au sein de leurs effectifs sous peine de sanction. Ainsi, ces normes édictées par la puissance publique aident-elles à combler les pratiques de la société.

Mais si les entreprises sont plus performantes lorsqu’elles promeuvent la diversité, qu’en est-il des sociétés en globalité ? On pourrait même aller plus loin, l’inclusivité doit être le pilier d’une société, la fondation. Avant de bâtir quoi que ce soit, il convient donc de s’assurer que les diversités sont assurées. Afin que chacun puisse se sentir faire partie de cette société, elle se doit de les inclure telle qu’ils sont. Il en va donc du maintien de ou des liens en société.

Cette fondation d’une société inclusive doit être elle-même inclusive. Toutes les parties prenantes doivent participer à sa conception.

On a vu que les entreprises pouvaient agir à leur échelle. Les décideurs politiques ont évidemment leur rôle à jouer dans la conception de politiques publiques qui favorisent l’inclusivité. Les ONG et les associations peuvent jouer une fonction de lobbying auprès des institutions politiques pour qu’elles prennent des mesures très concrètes comme on l’a vu au Forum Génération Égalité. Finalement, les citoyens à leur échelle peuvent et doivent agir dans la vie quotidienne.

II— Seul un avenir commun basé sur une société inclusive donnera aux citoyens des raisons d’y croire.

a) Politiques publiques et leviers de cohésion sociale

Pour résoudre la tension entre égalité et inégalité et corriger ainsi une méconnaissance des droits, l’État met en place des politiques économiques, fiscales, d’éducation et de discrimination positive — comme la loi sur les quotas par sexe pour les partis politiques (1992). Celles-ci visent à améliorer le fonctionnement du marché de l’emploi, réduire l’impact des inégalités sur la croissance et la productivité et assurer une certaine représentativité en politique.

Si la discrimination positive s’oppose à l’idéal universaliste républicain français et suscite de résistances en termes de cohésion sociale, les normes légales ont permis de faire progresser la parité. En particulier parmi les élus, on observe une diminution de l’adhésion aux stéréotypes de genre au fil des générations, même si l’association de la féminité au soin des enfants demeure à un niveau élevé (Insee, 2017).

D’origine américaine, le concept de discrimination positive a du mal à s’imposer en France. En effet, il suppose des droits à être discriminé et cela peut être contraire aux valeurs de la République française d’universalisme et d’indifférenciation. Les arrêts du Conseil Constitutionnel le montrent : pas différenciation de peuple français, au sujet de la CORSE (CC, 1991), refus des statistiques sur les minorités.

Pour autant, des formes aménagées du principe d’égalité devraient permettre de respecter le principe républicain et corriger des inégalités, notamment celles d’origine sociale et de genre par l’égalité de chances. Il faut donc bien une politique qui corrige les inégalités.

C’est par exemple le cas dans le milieu scolaire et universitaire. Des établissements nommés d’éducation prioritaire ont été créés sur le territoire national. Ces établissements bénéficient de moyens bien spécifiques à travers le financement de la politique de la ville et permettent de prendre en charge des actions de tutorat par exemple. On peut aussi souligner que des actions de discriminations positives sont mises en place comme un concours spécifique pour les élèves de zones d’éducation prioritaire pour entrer à Sciences Po.

Afin de compenser autrement ce bilan, l’actuel gouvernement a donné la priorité à l’école primaire comme la cible principale de correction des inégalités sociales. Or, il faudrait que les dispositifs à l’œuvre se poursuivent et cibler d’autres afin de garantir une certaine pérennité de l’action publique dans un contexte de postmulticrises, impactant davantage les plus défavorisés.

Parmi les mesures à l’œuvre actuellement à l’école primaire, se trouve le dédoublement des classes en CP qui va dans le sens d’accentuer l’égalité des chances. Pour que cela soit encore plus bénéfique aux couches sociales les moins favorisées, il pourrait être prolongé dans le temps d’une part et l’étendre pour une certaine période jusqu’à l’âge de 16 ans d’autre part. Ces mesures contribueront, in fine, au bien-être des jeunes. Le « suivi par des évaluations régulières » tout au long du parcours, les « devoirs faits » proposés aux élèves volontaires et gratuits pour les familles sont des exemples d’actions qui méritent d’une certaine continuité jusqu’à preuve du résultat non escompté. Dans les Héritiers – Les étudiants et la culture (1964), Pierre Bourdieu et Jean-Jacques Passeron soulèvent l’inégale représentation des différentes classes sociales dans l’enseignement supérieur. Les inégalités d’accès à l’école peuvent également recouper les inégalités d’origine et de genre.

Sur ce dernier point, l’actualité des résultats de l’étude menée par Bourdieu il y a plus de 50 ans est saisissante. Elle vient éclairer sur les chances objectives faibles qu’ont les filles des couches les plus défavorisées.

Néanmoins, c’est l’origine sociale qui conditionne d’abord, l’inégalité de sexes vient accentuer l’asymétrie sociale.

La réduction des inégalités de genre peut agir sur la croissance par le biais de la participation au marché du travail et de la qualité de l’emploi. Il importe ainsi à ce titre, de proposer aux femmes un ambitieux programme d’éducation à la culture scientifique et technologique pour lutter contre les stéréotypes de genre et revaloriser les filières scientifiques et d’ingénierie auprès du public féminin.

L’autonomisation des femmes repose sur des principes formulés par l’ONU en 2010 soulignant les intérêts des entreprises, des gouvernants et de la société civile en vue de la concrétisation de l’égalité de sexes, laquelle n’est réalisable que sur la base d’un investissement global de tous les acteurs concernés.

Les principes d’égalité rencontrent des limites dans l’économie numérique par exemple, où la représentation des femmes reste fragile comme le témoigne Social Builder. En France, en 2017, elles ne représentent que 33 % des emplois, principalement dans les fonctions support. Leur taux de représentation tombe à 15 % dans les fonctions techniques. La filière numérique est la seule qui connaisse une diminution en matière de mixité depuis 30 ans en Europe et aux États-Unis. Parallèlement, cette même filière est l’une des plus actives en termes de création d’emplois et souffre d’une pénurie de talents. 756 000 professionnel‧le. s du numérique manquaient en 2020 selon la Commission européenne.

Assurer l’égalité de sexes, l’accès de tou‧te. s à une éducation de qualité et permettre l’apprentissage continu figurent parmi les actions qui promeuvent une croissance économique durable, inclusive, et un travail décent pour tou‧te‧s. Social Builder contribue, à son échelle, à la réduction des inégalités et au bien-être collectif, culturel ou professionnel.

Dans un contexte de révolution numérique, les femmes doivent être incluses pour renouer avec un niveau élevé d’employabilité, d’autonomie économique tout en tirant bénéfice de l’investissement dans leurs compétences. L’expérience de Social Builder le démontre : la combinaison de compétences relationnelles, humaines et techniques permet aux femmes de trouver une place positive émancipatrice au sein des sociétés. Selon Breda (2015), il semblerait que la diversité dans l’entreprise favorise la créativité et les performances sociales globales des entreprises.

Les efforts doivent être poursuivis auprès des entreprises par des démarches incitatives aussi bien que normatives.

En effet, cette orientation peut apporter des richesses humaines (diversité de talents) et économiques. Ainsi, renforcer l’optimalité de l’allocation des talents paraît déterminant pour contribuer à l’innovation, et agir ainsi sur le sentier de l’inclusion à moyen et long terme.

La réduction des inégalités dans l’accès aux postes des mieux rémunérés pourrait permettre une élévation du niveau de qualification à ces postes. En effet, les barrières à l’entrée qui existent pour les femmes conduisent à une distorsion dans l’allocation des talents : les femmes les plus talentueuses ne peuvent accéder aux postes de direction, pour lesquels sont recrutés des hommes moins talentueux. On estime ainsi que la baisse des discriminations aux États-Unis explique 20 % de la croissance de son PIB entre 1960 et 2008, et que la disparition des barrières à l’entrée permettrait une augmentation moyenne de 10 % de la productivité. (France Stratégie, 2016), dans la mesure où la qualification des dirigeants agit sur l’ensemble de la productivité.

L’état des lieux de l’inclusion au travail réalisé par l’OCDE — été 2021 — dans un contexte de transition numérique et écologique relève qu’il n’y a pas d’économie inclusive sans société inclusive. Les pays membres de l’OCDE développent un cadre de politiques qui intègre les enjeux de l’inclusion afin de remettre l’humain au cœur de l’activité économique.

Les enjeux d’équité s’imposent à la suite de la crise sanitaire de 2020 et représentent une évolution non seulement pour les entreprises, mais pour l’ensemble du corps social.

b) L’engagement, élément essentiel pour refonder des sociétés inclusives

L’amélioration de l’environnement dans lequel évolue le citoyen entraîne l’adhésion de la majorité des personnes en France, mais sans que cela devienne un projet de société. Cependant, on voit de nos jours l’accroissement du nombre de « Tiers lieux » sur l’ensemble du territoire français. Lieux d’intelligence collective, ils réunissent différentes organisations porteuses de modèles économiques qui parviennent à transformer notre réalité. En se retrouvant pour agir, elles ont ensemble un impact collectif.

Ces tiers lieux seront en capacité d’affronter les crises à venir. Ils comptent sur la force de l’associationnisme et du bénévolat. Ce dernier s’est multiplié de 2,5 fois entre 2002 et 2017. Sur le fond de désaffection démocratique et de la cohabitation des partis politiques émergents fragiles, les citoyens se sont engagés sous la forme de l’action.13 millions de bénévoles sont dans une association ainsi que 80 000 jeunes volontaires en service civique ce qui constitue une force civique considérable.

Parfois indispensable à des fonctions dans notre société : en particulier dans le domaine de la gestion et de la valorisation des déchets liés à la création d’emplois et à la promotion de solidarités économiques. L’activité traditionnelle des « chiffonniers » a désormais évolué pour couvrir non seulement le secteur du textile, mais aussi celui des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), et les déchets d’éléments d’ameublement (DEA). Les bénévoles engagés donnent une nouvelle vie à des biens d’occasion, participant ainsi à la gestion des volumes toujours plus conséquents de déchets produits par notre société consumériste. Les associations agissant dans la récupération d’objets ont acquis un savoir-faire et une connaissance technique des problèmes de terrain liés au secteur du réemploi et de la réutilisation.

L’engagement bénévole est l’accomplissement d’une citoyenneté active.

L’intérêt général dans toutes ses dimensions a besoin du pouvoir d’agir des associations pour faciliter la participation des citoyens à la prise de décisions de politique publique.

Encourager et d’accompagner les autres acteurs de la société civile à développer des stratégies coopératives contribue positivement au sentier de l’inclusion à long terme. De nombreux acteurs engagés dans la démarche apprennent à coopérer à la place de concurrencer. C’est le cas du Laboratoire d’innovation sociale Précarité énergétique, un dispositif de travail déployé pour déclencher « une communauté d’action » pour lutter contre la précarité énergétique. Le Centsept, association ancrée dans le territoire de la Métropole de Lyon, la Fonda, la Fondation du Crédit coopératif et la fondation Schneider Electric, ont rassemblé les éléments de connaissance existant sur l’enjeu. Les objectifs étant d’identifier, mobiliser les acteurs du territoire et susciter un groupe d’initiative déterminé à mettre en cohérence leurs actions pour mieux « accompagner de manière transverse et personnalisée les ménages en situation de précarité énergétique ».

La structuration de ces lieux de vie mobilise des acteurs indépendants les uns des autres, qui décident de mettre en cohérence leurs actions pour en amplifier l’impact. Car ces nouvelles approches plus horizontales sont une vraie rupture dans l’animation de projet. Ce qui veut dire également : faire monter en compétences les acteurs sur les partenariats (ODD 17).

Outre le fait que ces fonctions nécessitent des compétences clefs encore émergentes, leurs structures de soutien et globalement, leur ingénierie sociale peinent à trouver des financements pérennes. Pour l’heure, avec les trois centres de ressources politiques de la ville franciliens — Pôle ressources, CRPVE, Profession banlieue — la Fonda a animé en 2020 un cycle de formation-action intitulé « Mesurer l’impact des coopérations éducatives ». Ce cycle a permis de sensibiliser les participants à la méthode de la stratégie d’impact collectif et a donné lieu à une capitalisation méthodologique : une synthèse ainsi qu’une boîte à outils. Elles seront diffusées aux acteurs de la politique de la ville d’Île-de-France en 2021.

Dans la continuité de ce cycle de formation-action, la Fonda a entamé avec le CRPVE la structuration d’une communauté d’action en Essonne. Sous l’intitulé « Coopérer pour prévenir le décrochage scolaire en Essonne », le projet sera piloté et déployé par la Fonda en 2021. Il repose sur huit journées ouvertes aux acteurs du champ de l’éducation au sens large, accompagnant pas à pas le collectif dans les étapes constitutives d’une stratégie d’impact collectif.

La reconnaissance des acteurs sociaux que sont les associations dans les dynamiques d’inclusion demeure. Le rôle des acteurs sociaux dans le domaine de l’éducation au respect de l’environnement, de la culture et de l’insertion par le travail est essentiel, à la fois au niveau environnemental et au niveau social. Les associations de l’Économie sociale et solidaire s’efforcent d’atteindre un niveau plus élevé de protection de l’environnement, et de promouvoir une société́ équitable et cohésive. Le travail accompli par ces organisations permet également de développer des liens sociaux grâce à la création d’emplois et à la réinclusion de personnes marginalisées sur le marché du travail.

Les associations apportent des réponses adaptées et durables aux besoins d’un territoire. Ils témoignent d’un mode d’entreprendre local, humain et porteur d’impact social. Il reste cependant encore des marges de progrès en termes réglementaire et financier pour reconnaître pleinement le rôle joué par les associations dans l’animation des territoires et préserver leur capacité à poursuivre leurs activités.

La France est contrainte à être exemplaire à ce sujet.

C’est entre le 1er janvier et le 1er juillet 2022 que la Présidence du Conseil de l’UE sera assurée par la France. Elle devra mettre en avant les expérimentations en matière d’inclusion et de cohésion, attendues non seulement en France, mais sur les 27 pays du continent.

Conclusion

Tout louable et vital qu’il soit pour la cohésion sociale, le principe d’égalité français ne saurait pas combler les asymétries de fait. Il convient d’éviter de creuser les inégalités de bien-être au risque d’un délitement de liens en société.

L’égal accès à l’éducation ne saurait pas combler les asymétries économiques, sociales et culturelles entre citoyens.

Même si la situation s’améliore, de nombreux défis restent à relever en matière d’accessibilité, d’accueil et de partage d’informations pour les enfants vulnérables. Les inégalités sociales et géographiques sont liées d’une certaine manière, puisque les jeunes les plus pauvres sont aussi ceux qui vivent dans les territoires les plus isolés. Les inégalités d’accès à l’école peuvent également recouper les inégalités d’origine et de genre. Les parcours individuels sont toujours conditionnés que l’on soit garçon ou fille. Néanmoins, c’est l’origine sociale qui conditionne d’abord, puis l’inégalité de sexes vient accentuer l’asymétrie sociale.

De plus, c’est une tâche ardue à relever par les enseignants ou par les acteurs non étatiques que de combler les lacunes en ce qui concerne les règles élémentaires non comblées par l’éducation familiale. Nous touchons aux limites de ce que peut faire l’éducation en termes de mobilité dans un contexte de récession économique. Dans ces conditions, l’apprentissage de métiers, anciens comme nouveaux, peut également « faire école » à l’heure où la transformation des pans de l’économie est à l’œuvre.

Réduire les inégalités d’accès à l’éducation à un emploi décent en structurant des espaces d’action à l’instar des tiers lieux peut conduire à un accomplissement de la citoyenneté. De nombreux acteurs y sont engagés dans la démarche et apprennent à coopérer à la place de la compétition. L’ensemble des métiers sont concernés par cette démarche inclusive.

La reconnaissance des acteurs de la société civile dans les dynamiques du développement durable demeure. Ils apportent des réponses adaptées et durables aux besoins d’un territoire. Ils témoignent d’un mode d’entreprendre local, humain et porteur d’impact social. Les collectivités et les entreprises prennent de plus en plus conscience de ce rôle économique des associations en les intégrant dans leur stratégie de développement économique et d’avancer ensemble.

Note d'analyse