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Sur la proposition de la Fondation du Crédit coopératif, et avec le soutien de la fondation Schneider Electric, la Fonda s’est rapprochée du Centsept, association ancrée dans le territoire de la Métropole de Lyon. Le Centsept est un laboratoire d’innovation sociale qui mise sur la coopération entre différentes familles d’acteurs pour apporter des réponses pertinentes et efficaces aux besoins sociétaux et environnementaux du territoire.
Il nous a ouvert ses portes, et durant 12 mois, la Fonda et le Centsept ont animé ensemble un « Labo », dispositif d’intelligence collective visant à répondre à une problématique cruciale sur le territoire, en l’occurrence : la précarité énergétique résidentielle. D’atelier en atelier, la Fonda a contribué à l’animation du dispositif de travail, mais elle s’est aussi placée en observateur, afin de documenter les modalités de travail et en tirer les enseignements à caractère méthodologique.
Cette présente monographie du Laboratoire d’innovation sociale « Précarité Energétique » retrace l’intégralité du dispositif de travail déployé pour « déclencher la communauté d’action » pour lutter contre la précarité énergétique. Plus précisément, cette étape structurante a consisté à rassembler les éléments de connaissance existant sur l’enjeu, identifier et mobiliser les acteurs du territoire et susciter un groupe d’initiative déterminé à mettre en cohérence leurs actions pour mieux « accompagner de manière transverse et personnalisée les ménages en situation de précarité énergétique ».
Nous y décrirons le travail de préfiguration du Labo, puis les modalités de travail mobilisées pour faire émerger une solution prête à expérimenter : 8 ateliers de 3 heures, principalement en visioconférence, qui ont mobilisé 16 structures et 27 personnes. Ils ont permis de poser les fondations d’une véritable stratégie d’impact collectif. Dans ce contexte, l’accompagnement proposé par le Centsept a été déterminant. Il le sera encore plus à l’avenir, pour organiser et animer la communauté d’action en vue de l’expérimentation du projet.
Qu'est-ce qu'une communauté d'action ?
Construire une société plus juste, plus solidaire et durable d’ici 2030, tel est l’objectif affiché par l’Agenda 2030. Ce programme international, adopté en septembre 2015 par 193 États, dessine un avenir souhaitable en le déclinant en dix-sept Objectifs de développement durable (ODD). Pour ce faire, il est indispensable de mobiliser tous les acteurs de la société, et ne plus compter uniquement sur les coopérations interétatiques. Les collectivités territoriales, les associations et structures de l’ESS, les entreprises, le monde de la recherche et de l’enseignement, ainsi que les citoyens ont chacun un rôle à jouer.
Véritable clé de voûte de l’Agenda 2030, la coopération pluriacteurs constitue le levier d’action le plus pertinent pour collectivement répondre à des défis d’une grande complexité.
Toutefois, l’ODD 17 n’est pas accompagné de son mode d’emploi. C’est pour cela que la Fonda, avec le programme Faire Ensemble 2030, s’appuie sur la méthode de la stratégie d’impact collectif pour outiller les responsables associatifs et leurs partenaires dans la structuration de leur coopération. Cette méthode est inspirée des travaux de Fay Hanleybrown, John Kania et Mark Kramer pour la Stanford Social Innovation Review1 , qui en 2011 ont identifié cinq conditions à réunir pour réussir une stratégie d’impact collectif, qui en 2011 ont identifié cinq conditions à réunir pour réussir une stratégie d’impact collectif :
- Un plan d’action fondé sur une vision commune de l’enjeu et des objectifs
- Un dispositif d’évaluation et de suivi partagé
- Des activités distinctes, mais cohérentes et non concurrentes
- Un dispositif de communication permanente entre les acteurs
- Une gouvernance et un accompagnement structurés
Cette approche permet faire émerger, puis de structurer et organiser une communauté d’action, qui se définit de la manière suivante : « Une communauté d’action n’est pas une nouvelle institution ni une nouvelle structure, mais un groupe d’acteurs qui décident ensemble de mener une action déterminée et qui se donnent pour cette action, les moyens de mesurer l’efficacité de ce qu’ils font. La communauté d’action se définit par un objectif, un but, que l’on désigne en commun »2 .
Pour ce faire, trois temps sont nécessaires :
Le déclenchement de l’action.
Cela revient à mobiliser les acteurs concernés et intéressés par une problématique donnée, à les amener à construire une vision partagée des enjeux, ainsi qu’à définir un cap collectif, tout en renforçant l’interconnaissance entre les participants.
La structuration de la communauté d’action.
Pour ce faire, il est nécessaire d’en organiser le fonctionnement en construisant un dispositif d’évaluation et un modèle socio-économique, en se dotant d’une gouvernance participative et d’un schéma directeur de communication, ainsi qu’en élaborant une feuille de route.
L’animation de la communauté d’action.
Il s’agit de créer toutes les conditions utiles pour l’animation et la coordination de la communauté d’action. Cela passe par une attention portée à la communication entre les parties prenantes (internes et externes), à assurer la collecte et l’analyse des données tirées de l’évaluation, ainsi qu’à l’aune des résultats, réinterroger les orientations stratégiques si besoin.
Le Labo Précarité Energétique impulsé et animé par le Centsept s’inscrit pleinement dans la phase de déclenchement de la communauté d’action. En effet, l’animateur a rassemblé seize acteurs concernés par cette thématique, puis les a invités, tout le long du Labo, à définir un cap stratégique et à identifier une solution clé. Quatre structures, ALEC Lyon, Grand Lyon Habitat, Compagnons Bâtisseurs et Soliha, viennent de débuter la phase 2 pour organiser et structurer leur communauté d’action.