Prospective Enjeux sociétaux Innovation sociale

Société vieillissante, société innovante : l'ESS au défi du vieillissement démographique

La Fonda
Et Futuribles International
Rapport final et synthèse de l’étude prospective menée par la Fonda et Futuribles International.
Société vieillissante, société innovante : l'ESS au défi du vieillissement démographique

Vous pourrez télécharger en fin d'article la synthèse et le rapport final de cette étude, menée par la Fonda et Futuribles International entre septembre 2014 et mars 2016.
Les résultats de l'étude ont été présentés lors d'un colloque de restitution, le 10 mai 2016 au Crédit coopératif à Nanterre.


Contexte de l'étude


La population française, comme celle de tous les autres pays du monde, vieillit. Ce vieillissement résulte d’abord de la baisse de la fécondité – même si celle-ci a été moins forte que dans les autres pays européens, ensuite de l’allongement de l’espérance de vie, qui s’opère désormais essentiellement par le recul de l’âge au décès. Pour ne citer qu’un seul chiffre, entre 1960 et 2012, la part des 0-19 ans est passée de 30% à 24% de la population totale tandis que celle des 60
ans ou plus passait de 16% à près de 24%. Sauf événement majeur (pandémie ou choc migratoire, par exemple), on peut sans grand risque affirmer que ce vieillissement démographique s’accentuera dans les décennies à venir, que la part des plus de 60 ans continuera à croître, notamment sous l’effet de l’arrivée à cet âge des générations nombreuses du baby boom, et que la part des personnes très âgées, les 75 ans ou plus, a fortiori les 80 ans ou plus, augmentera encore plus rapidement sous l’effet du recul de l’âge au décès.

Dans le discours public, l’« adaptation de la société au vieillissement » résonne aujourd’hui comme un véritable mot d’ordre : à rebours d’une approche médico-sociale focalisée sur la prise en charge de la dépendance, il s’agirait de poursuivre des politiques permettant d’anticiper la perte d’autonomie, voire de la retarder1 . Le texte de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement, promulgué en janvier 2016, se réclame ainsi d’un changement de paradigme concernant les politiques du  vieillissement. Assumant ainsi qu’aucune mesure ne porte directement sur la gestion administrative et financière de la dépendance – et évacuant dès lors le problème du coût des maisons de retraite et du reste à charge pour les familles, ses principales réalisations concernent l’adaptation des lieux de vie – la revalorisation de l’APA à domicile ayant pour but de favoriser l’équipement des logements des personnes vieillissantes pour favoriser leur maintien à domicile – et la reconnaissance de la condition des proches aidants.

Mais, davantage encore que dans ces mesures, la puissance publique semble vouloir situer la nouveauté de son action d’adaptation de la société au vieillissement dans les partenariats qu’elle cherche à tisser avec les acteurs privés, comme en témoigne la politique de structuration d’une filière Silver Économie initiée en 2013. Partant de l’idée que les individus de 60 ans ou plus deviendront les principaux consommateurs de biens et de services sur les marchés de la santé, de l’alimentation, de l’équipement, des loisirs ou encore de l’assurance-prévoyance, et continueront à jouer un rôle moteur dans l’économie résidentielle, la puissance publique s’est associée à de grands groupes privés pour appuyer la construction d’une offre seniors compétitive et dotée des moyens de rencontrer sa demande2 .

Les effets de l’émergence de ce « marché des seniors » sur l’adaptation de la société au vieillissement pourraient néanmoins demeurer relativement faibles. L’émergence et le développement de ce marché est d’abord suspendu à des incertitudes relatives à la solvabilité de la demande : les revenus disponibles des seniors sont très divers et, pour une grande part, dépendront de l’évolution du pouvoir d’achat de leurs retraites, qui inévitablement ne croîtront plus au même rythme que dans le passé. Telle est la conséquence évidente des réformes successivement adoptées concernant l’allongement de la durée de cotisation, peu compatible avec le sous-emploi endémique dont souffre la France, ou le nouveau système d’indexation des pensions. En outre, ces réformes étant restées trop timides, il faudra inévitablement en engager d’autres qui, sans nul doute, amputeront davantage le montant des pensions. Le risque est donc que l’offre en produits et services de la Silver Économie ne  l’adresse qu’aux catégories les plus solvables des seniors, les autres catégories risquant d’être laissées pour compte bien que leurs besoins soient tout aussi, sinon plus importants3 . 

Ayant été assez largement conçue hors sol, cette offre en solutions technologiques innovantes (domotique, robotique, et autres objets connectés) risque, en outre,
de rencontrer des difficultés d’appropriation par les usages. Une véritable adaptation de la société au vieillissement impliquerait en effet d’accompagner l’émergence de dynamiques d’innovation sociale reposant sur des processus plus ouverts et ascendants. La structuration de « Silver Régions »4  et, plus récemment, l’expérimentation de Conférences de financeurs à l’échelle des départements5 , pourraient contribuer à ce nécessaire ancrage des processus d’innovation dans des écosystèmes territoriaux. Il n’en reste pas moins que cette approche par la consommation néglige la contribution possible des personnes âgées de 60 et plus au rééquilibrage d’une société en transition sur les plans économique, écologique, social, technologique et politique. Outre leur implication dans des solidarités de proximité, comme aidants familiaux ou responsables bénévoles, ces personnes pourraient participer de nouvelles formes d’engagement et jouer un rôle essentiel dans la recomposition du fait associatif, collaboratif et coopératif.

 

Pourquoi cette étude ?


Constatant ainsi qu’il existe un champ d’action important pour les différents acteurs de l’ESS, constatant également la nécessité d’impulser de nouvelles dynamiques d’innovation dans les dispositifs à mettre en place pour adapter la société au vieillissement de la population, Futuribles International et La Fonda ont lancé une étude prospective sur les enjeux du vieillissement démographique pour les acteurs de l’ESS, dont ce rapport présente les résultats qui ont vocation à être source d’inspiration concrète pour ces derniers.
 

Un dispositif favorisant l’intelligence collective

Cette étude a mobilisé trois cercles de travail : un premier cercle, composé l’équipe projet ; un second cercle, regroupant les membres du Comité d’orientation, composé des organisations contribuant à l’étude ou à son financement, ainsi que de personnalités qualifiées; un troisième cercle, composé de praticiens et d’experts, mobilisés ponctuellement, selon chacun phase de l’étude.

Il ne s’agit donc pas d’une étude « clé en main ». Des ateliers participatifs ont été organisés à chacune des différentes étapes de l’étude (voir infra), véritables espaces d’échange et de réflexion associant des experts qualifiés et les acteurs de l’ESS et leurs partenaires.

Des chercheurs du monde académique ont été sélectionnés pour leur expertise, dans une optique résolument pluridisciplinaire permettant de mener une analyse multidimensionnelle des enjeux liés à l’adaptation de la société au vieillissement démographique.
 

De la prospective exploratoire à la prospective stratégique

Le présent rapport est organisé autour des différentes étapes qui se sont succédées lors de cette étude, permettant le passage progressif de l’exploration des avenirs possibles d’une société vieillissante à l’identification de pistes stratégiques pour les acteurs de l’ESS.

 

→ Télécharger la synthèse de l'étude ou le rapport complet.

 

Pour aller plus loin, découvrez :

 

Nous vous invitons également à consulter les supports issus du colloque de restitution de l'étude, qui s'est déroulé le 10 mai 2016 dans les locaux du Crédit Coopératif, à Nanterre :

 

 

  • 1Voir Luc Broussy (rapporteur), L’Adaptation de la société au vieillissement de la population : année zéro !, La Documentation française, janvier 2013.
  • 2Voir Claire Bernard, Sanaa Hallal, Jean-Paul Nicolaï, La Silver Economie, une opportunité de croissance pour la France, Commissariat général à la stratégie et à la prospective, décembre 2013.
  • 3Voir l’étude de Futuribles International sur « La solidarité à l’épreuve du vieillissement démographique » et le rapport de Hugues de Jouvenel et Alain Parant sur « L’avenir du système français de protection sociale » (2013)
  • 4Sur les « Silver Régions », voir la partie qui y est consacrée dans le dossier web de l’Avise, http://www.avise.org/articles/pilotage-et-animation-dessilver- regions. 
  • 5Dispositif phare de la loi d’adaptation de la société au vieillissement, les Conférences des Financeurs de la Prévention de la Perte d’Autonomie (CFPPA) ont pour but de coordonner les actions et les financements autour d’une stratégie commune au niveau des départements. Vingt-six territoires préfigurateurs ont été définis, La Mutualité Française, de par son activité de complémentaire santé, de gestionnaire de réseaux de soins et d’actions de prévention et de promotion de la santé, y est membre de droit, aux côtés de la CARSAT, de la MSA, du RSI, de la CPAM et de l’ANAH. Les régimes de base d’assurance vieillesse et maladie, délégations locales de l’Agence nationale de l’habitat, fédération des institutions de retraite complémentaire, mutuelles, sont concernés par ces dispositifs dont la mise en place est pilotée par la CNSA et qui s’appliquent à réaliser un diagnostic des besoins en matière de prévention des personnes âgées de 60 ans et plus, à recenser les initiatives locales, afin d’établir un programme coordonné de financement des actions individuelles et collectives. Voir notamment http://www.cnsa.fr/compensation-de-laperte-dautonomie/financement-des-prestations/laconference-des-financeurs.
Analyses et recherches
Étude