Prospective Enjeux sociétaux

Fiche ODD n°2 - Faim « zéro »

Tribune Fonda N°237 - Faire des ODD un projet de société - Mars 2018
Aleth Vennin
Aleth Vennin
Présentation et approche prospective de l'Objectif de développement durable n°2. Cette fiche est publiée dans le supplément au numéro 237 de la Tribune Fonda « Faire des ODD un projet de société ».
Fiche ODD n°2 - Faim « zéro »

Cette fiche a été réalisée par Aleth Vennin, étudiante en master Politiques publiques à Sciences Po, avec le concours de François de Jouvenel, délégué général de Futuribles International, et Bastien Engelbach, coordonnateur des programmes de la Fonda.


L’objectif est d’éliminer la faim, d’assurer la sécurité alimentaire, d’améliorer la nutrition et de promouvoir l’agriculture durable. Cet objectif tend à repenser la manière dont nous cultivons, partageons et consommons les aliments, afin de soutenir un développement centré sur les régions rurales et la protection de l’environnement.

Le défi de nourrir les 925 millions de personnes souffrant de la faim et les 2 milliards de personnes supplémentaires dans le monde d’ici 2050 nécessitent en effet de repenser les systèmes actuels d’alimentation.
 

Repères


SITUATION DE l'ODD EN FRANCE

Indicateurs à suivre 

  • Proportion de personnes souffrant de la faim 
  • Prévalence de la sous-alimentation 
  • Proportion des zones agricoles exploitées de manière productive et durable
  • Indicateur des anomalies tarifaires pour les denrées alimentaires
  • Quantité de nourriture gaspillée par an 
  • Part des budgets des ménages consacrée à l’alimentation 
  • Nombre de personnes bénéficiant d’une aide alimentaire


Où en sommes-nous en France ?

La France a éradiqué la malnutrition aiguë sur son territoire. Des problèmes demeurent cependant. 
 

Insécurité alimentaire

Selon le ministère de l’Agriculture, 3,9 millions de personnes, soit environ 6 % de la population totale, utilisent les services de l’aide alimentaire (banques alimentaires, Restos du Cœur, etc.).  Chaque hiver, entre 100 000 et 300 000 repas sont distribués dans toute la France. 

Hausse de la sous-alimentation

Si la sous-alimentation avait décliné ces 20 dernières années, la crise économique de 2008 a marqué son retour à la hausse. Cette crise a provoqué une hausse des prix alimentaires qui ont entraîné de nombreux Français sous le seuil de la sous-alimentation. 

Malnutrition

311 517 personnes sont traitées en France chaque année pour malnutrition  sévère, 264 523 sont traitées pour malnutrition modérée (Action contre la Faim).

Inégalités et alimentation

Les comportements et habitudes alimentaires reflètent les inégalités sociales. Un individu ayant fait des études supérieures consomme plus de produits frais, et deux fois plus d’aliments biologiques, qu’un individu ayant arrêté ses études au collège ou au lycée. 

Terres agricoles

En 2012, 3 % de la surface agricole est occupée par de l’agriculture biologique. La surface de terres cultivées selon le mode biologique a augmenté de 17 % en 2016 et 2015 : elle est actuellement de 1 583 047 hectares (chiffres Agencebio).
 

Prospective exploratoire


Tendances lourdes


Une modification des pratiques alimentaires

La part de l’alimentation dans le budget des ménages diminue : elle est passée de 35 % en 1960 à 17 % en 2017 (INSEE).  Le panier alimentaire moyen se modifie, les produits transformés et les plats préparés prenant la place des produits frais et des boissons alcoolisées. La baisse du temps consacré à la cuisine et la hausse du pouvoir d’achat des ménages expliquent ces transformations. De même, la consommation bio a augmenté de 22 % de 2015 à 2016 (Agence Bio). 

L’émergence de nouvelles maladies

Se posent aujourd’hui de nouveaux enjeux liés à notre mode d’alimentation : la proportion des personnes obèses en France est passée de 8,5 % à 14,5 % entre 1997 et 2009, tandis qu’en 2015, 4,8 % de la population souffre de diabète de type II. (Fédération française des diabétiques).

De même, les taux d’incidence de cancer sont de 353 pour 100 000 hommes et 282 pour 100 000 femmes en 2017 (Institut national du cancer). L’Institut national du cancer souligne le rôle de certaines habitudes alimentaires dans la prévalence des cancers, telles que la consommation de boissons alcoolisés, le surpoids, et l’excès de viandes rouges ou de charcuteries. 

Le rôle des perturbateurs endocriniens

L’Organisation mondiale de la santé définit un perturbateur endocrinien comme « une substance ou un mélange de substances, qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)-populations ». Les perturbateurs endocriniens  sont présents dans l’environnement ou dans des produits de consommation. Leur impact sanitaire est controversé, car ils sont soupçonnés d’être à l’origine du développement de pathologies touchant notamment les organes de la reproduction.

Un gaspillage important

Dans les pays développés, 40 % de la nourriture produite est gaspillée chaque année, selon un rapport de la FAO publié en 2012. La France gaspille quant à elle 10 millions de kilogrammes de nourriture par an (Planetoscope). 

L’estimation des pertes causées par le gaspillage est comprise entre 12 et 20 milliards d’euros par an (ministère de l’Agriculture).

Le développement de nouvelles formes de production

Des circuits alimentaires courts se sont développés ces dernières années dans les régions urbaines. En 2015, plus de 2 000 associations pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP) sont présentes sur le territoire. Elles permettent de créer un système agro-alimentaire local et solidaire. 
 

Émergences
 

Les nouveaux régimes alimentaires

De nouvelles pratiques de régimes alimentaires alternatifs se sont répandues dans les dernières décennies. Elles sont les témoins d’une nouvelle relation à l’alimentation, et de nouvelles attitudes envers l’environnement, tels que la recherche d’une faible empreinte écologique, d’un respect de la santé humaine, d’un refus de l’exploitation animale, et du respect d’un commerce équitable. La consommation de viande a notamment diminué de 7 % entre 1998 et 2011 (FranceAgriMer). 

Les nouvelles formes d’agriculture

Ces dernières années ont vu émerger de nouvelles formes d’agriculture durable. L’agriculture urbaine en est un exemple, avec le développement de fermes verticales, de bâtiments végétalisés, ou de potagers en villes.  De même, le développement de la permaculture ou de l’agriculture raisonnée montre le gain d’intérêt des systèmes l’agriculture pour le respect de l’environnement.

→ Découvrez des projets en coopération qui répondent à cet ODD.


Ressources

_ FAO, FIDA, OMS, PAM et UNICEF : « L’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde 2017. Renforcer la résilience pour favoriser la paix et la sécurité alimentaire », 2017.

_ Agence Bio, « Chiffres de la bio en France ».

_ « Les produits carnés : viande bovine », Données et bilans de FranceAgriMer, juillet 2017.

_ Brigitte Larochette et Joan Sanchez-Gonzalez, Cinquante ans de consommation alimentaire : une croissance modérée, mais de profonds changements, Insee première, n°1568, 2015. 

_ « Inégalités sociales et alimentation », rapport Fors-Recherche sociale, décembre 2014.

_ Chiffres clés des Restos du Cœur.

_ « Cancers : le rôle de l’alimentation », Institut National du Cancer, octobre 2017.

_ « Les perturbateurs endocriniens », ANSES, novembre 2017.

_ FAO, « Pertes et gaspillages alimentaires dans le monde – Ampleur, causes et prévention », 2012.

 

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