Projets en coopération

Projet en coopération - Larrunkoop, l’épicerie participative du Pays basque

Larrunkoop
Et Hannah Olivetti
Larrunkoop a ouvert ses portes le 16 mars 2019 à Urrugne, commune basque de presque 10 000 habitants. Visant à soutenir la production durable et locale, ce projet citoyen propose à chacun une alimentation saine, éthique, durable et à un prix le plus juste. Pour Marina Auger Lecuona bénévole de Larrunkoop, l’alimentation est intimement liée à l’environnement, l’économie locale ou bien encore la santé. 
Projet en coopération - Larrunkoop, l’épicerie participative du Pays basque

Dans le cadre du programme Faire Ensemble 2030, la Fonda valorise les coopérations pluriacteurs. Cette fiche s’intéresse à Larrunkoop qui est une épicerie participative implantée dans le Pays basque. Hannah Olivetti a rédigé cet article, suite à un entretien le lundi 1er mars 2021 effectué avec Marina Auger Lecuona, bénévole de Larrunkoop, à Urrugne. 

Une épicerie coopérative et participative

Larrunkoop nait au printemps 2018 sous l’impulsion d’Arturo Villanueva Arteaga. Ce dernier souhaitait créer une épicerie coopérative et participative sur sa commune, Urrugne, en s’inspirant de modèles déjà existants : Park Slope Food Coop (apparu en 1973 à Brooklyn) et la Louve (créée en 2010 à Paris). Une dizaine d’habitants se fédèrent sous la forme d’une équipe projet, et forment les premiers groupes de réflexion, ainsi que des réunions d’information.

Une grande réunion publique a été organisée en octobre 2018. Ce fut l’occasion de présenter aux participants le projet d’épicerie, de projeter le documentaire Food Coop, qui retrace la genèse de la Park Slope Food Coop, et de recueillir les premières adhésions. Les mois précédant l’ouverture de Larrunkoop ont été marqués par l’organisation hebdomadaire de groupes de travail sur des thématiques variées (achat, aménagement, communication, subventions, financements, couture, etc.). L’équipe projet a également lancé une campagne de communication, sur les réseaux sociaux et la voie publique avec des affichettes, auprès des habitants pour qu’ils rejoignent cette aventure collective.

Larrunkoop
Etal de légumes issus de l'agriculture biologique © Larrunkoop

Solidarité, confiance et zéro déchet

Larrunkoop ouvre six jours sur sept, en matinée (9 h à 13 h 30) ou en soirée (de 17 h à 19 h). Quand les adhérents viennent faire leurs courses, ils ont accès à un large panel de produits biologiques et locaux : des fruits, des légumes, des fromages, des viandes, ainsi que des produits d’entretien et d’hygiène. Localisation géographique oblige, des vins et jus de fruits ainsi que des conserves (légumes, productions transformées, canard) sont également en vente. Chaque adhérent y fait ses courses muni d’un calepin, où il note au fur et à mesure les articles choisis ainsi que les quantités. Par exemple, si vous achetez 1 kg de carottes, vous aurez noté : « 52 [carottes], 1 kg ». Une fois arrivé à la caisse, il n’y a plus qu’à donner cette liste de courses, et le tour est joué. La confiance règne entre les membres

 

 

Des conseils pour « faire ensemble »

  • Pour assurer le bon fonctionnement d’un projet coopératif, Marina Auger Lecuona rappelle le rôle clé des « meneurs de projet ». Ces personnes sont particulièrement actives, lancent une dynamique et l’entretiennent. Elles peuvent participer à des groupes de travail ou bien au conseil d’administration. 
  • La bénévole de Larrunkoop insiste également sur l’importance de la communication entre les membres de la communauté. La diffusion régulière des informations permet de mobiliser les bénévoles durablement. Dans cette épicerie basque, une boucle Whatsapp et l’envoi de mails font office de canaux de communication. Un intranet est aussi en cours de construction.
  • La réussite du projet implique une posture particulière de chacun des membres. Larrunkoop est un projet porté par 150 foyers-adhérents ce qui implique d’être dans un état d’esprit de compromis. Pour favoriser l’interconnaissance entre les membres et les producteurs, des « rencontres producteurs » ont lieu tous les mois. D’autres moments de réunion sont régulièrement organisés comme des réunions statutaires pour s’approprier le projet.
 

 

Intérieur de l'épicerie © Larrunkoop
Intérieur de l'épicerie © Larrunkoop

Autre fait marquant, Larrunkoop veille à réduire au maximum son empreinte environnementale. Beaucoup de produits sont proposés en vrac pour générer moins de déchets.  Il faut donc venir avec ses propres contenants (bocaux, poches en tissu, etc.) Si par mégarde vous avez oublié les vôtres, vous pouvez compter sur les surplus laissés à disposition par d’autres bénévoles. Dans une volonté de lutter contre le gaspillage, certains aliments, comme le pain ou bien encore le poulet, sont également à précommander chaque début de semaine. 
En contrepartie de l’accès à l’épicerie, chaque foyer-adhérent participe à raison de trois heures toutes les 4 semaines au bon fonctionnement de Larrunkoop. Ce sont donc les adhérents qui assurent la vente dans le magasin, les achats de marchandises, la réception et la mise en rayon des produits, la réalisation des commandes, la communication, etc. 

 

Les ingrédients du bon fonctionnement

  • La construction collective par les membres d’un cadre de référence partagé au projet : l’équipe de Larrunkoop a pris du temps pour formaliser ses valeurs, ses principes, ses objectifs poursuivis, et se doter de règles internes. Même si cela demande de l’énergie, ce cadre structure le projet. Larrunkoop s’est donc doté de trois chartes : une charte des produits, une charte éthique et une charte producteurs. En cas de conflits, ces textes de référence permettent de lever les désaccords. La charte peut être modifiée si cela concerne des aspects majeurs du projet. Par exemple, s'il y a une modification du montant de l'adhésion à l'association.
  • Rappeler régulièrement la raison d’être du projet et ses particularités : dans le cas de Larrunkoop, il s’agit d’une épicerie participative et solidaire, et non d’un commerce comme les autres, et qu’elle ne répond donc qu’à 80 % des besoins des familles (des compléments d’achats par d’autres circuits peuvent être nécessaires). 
  • Le renouvellement régulier de la gouvernance : la participation de nouveaux bénévoles au conseil d’administration est nécessaire pour dynamiser le projet et le faire grandir. Ainsi, Larrunkoop compte renouveler de moitié son Conseil d’administration tous les deux ans. 
 


Un projet qui porte ses fruits

Larrunkoop
Intérieur de l'épicerie © Larrunkoop

L’engagement en faveur des circuits courts a des effets positifs pour les producteurs locaux. Ce sont eux qui définissent le prix de vente de leurs produits, un bol d’air par rapport aux pratiques des grandes enseignes. Cela est possible pour deux raisons : une vente à prix producteur par l’association Larrunkoop et l’absence d’intermédiaires. Marina Auger Lecuona observe d’ailleurs que lorsque le prix de vente est déterminé par le producteur, celui-ci a des débouchés réguliers. À terme, cela facilite l’installation de nouveaux agriculteurs et artisans. 

Le concept d'épicerie participative essaime sur le territoire basque à Ciboure, à Ustaritz avec Arruntzakoop, et même dans les Landes à Aruz avec Coopaz. L'équipe bénévole de Larrunkoop est toujours prête à partager ses bonnes pratiques aux futurs porteurs de projet. La transmission et le partage sont dans l’ADN de Larrunkoop. 

Cette épicerie participative prouve qu’une alimentation plus locale, saine et accessible est possible. Cette aventure citoyenne nourrit les adhérents, mais aussi leur capacité à coopérer. 

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