Prospective Enjeux sociétaux

Fiche ODD n°14 - Vie aquatique

Tribune Fonda N°237 - Faire des ODD un projet de société - Mars 2018
Mateusz Evesque
Mateusz Evesque
Présentation et approche prospective de l'Objectif de développement durable n°14. Cette fiche est publiée dans le supplément au numéro 237 de la Tribune Fonda « Faire des ODD un projet de société ».
Fiche ODD n°14 - Vie aquatique

Cette fiche a été réalisée par Mateusz Evesque, étudiant en master Politiques publiques à Sciences Po, avec le concours de François de Jouvenel, délégué général de Futuribles International, et Bastien Engelbach, coordonnateur des programmes de la Fonda.


Écosystèmes précieux tant du point de vue écologique par la richesse de leur biodiversité et leur rôle dans l’élimination des déchets, qu’économique par ses gisements de ressources (nourritures, carburants...) comme d’emplois, les océans sont aujourd’hui menacés d’appauvrissement par les activités humaines directes (surpêche) et leurs effets indirects (pollution). Conserver ces zones et leurs ressources pour assurer leur durabilité et leur biodiversité est l'enjeu principal de cet ODD. 
 

Repères


SITUATION DE l'ODD EN FRANCE


Indicateurs à suivre

  • Part des eaux marines françaises en Aires maritimes protégées (APP)
  • État des stocks de pêche de l’Atlantique nord-est et de la Méditerranée
  • Nombre d’engagements européens et internationaux de la France sur les domaines maritimes


Où en sommes-nous en France ?

Le domaine maritime français est le deuxième plus grand au monde, ce qui confère à la France une responsabilité significative. Responsabilité assumée dans le cadre des accords européens avec notamment l’application de la Politique commune de la pêche (PCP) qui lie protection environnementale et activités économiques. 

En 2016 selon les chiffres de l’Insee, la France couvre 30 % de son territoire marin par des zones maritimes protégées (contre 4 % en 2014), plaçant la France en avant et en avance par rapport aux objectifs onusiens.

Les chiffres du ministère de la Transition écologique et solidaire montrent qu’entre 2010 et 2013, l’état des stocks de pêche est devenu mieux connu (passant de 63 à 50 %) et que les stocks se situant à l’intérieur des limites biologiques de sécurité ont augmenté (passant de 16 à 30 %) tandis que ceux situés à l’extérieur des limites biologiques de sécurité ont baissé légèrement (passage de 22 à 20 %).
 

Prospective exploratoire


Tendances lourdes


 Stagnation de la pêche et essor de l’aquaculture

L’aquaculture correspond à la culture d’organismes aquatiques (poissons, algues, crustacés, mollusques...) en milieux fermés (bassin, rivière, étang...). Si elle constitue une réponse pertinente pour lutter contre la surpêche elle a aussi pour elle l’avantage de répondre à la demande croissante de poisson comme source de protéines. 
 

 L’engagement continument réaffirmé de la France dans la protection des espaces marins

On a déjà vu comment la France devançait largement l’objectif de couverture du territoire marin en Aires maritimes protégées (APP). Cet engagement prend une résonance mondiale. La France a notamment défendu l’interdiction du chalutage au-delà de 800 mètres de profondeur devant l’Union européenne, ce qui a permis la conclusion d’un accord en juin 2016. La France a également témoigné de son engagement par son moratoire sur la recherche d’hydrocarbures en Méditerranée dans le cadre de la convention de Barcelone ou bien encore l’Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR). 
 

Incertitudes majeures


 Une réalisation de l’ODD hypothéquée par l’évolution des engagements des autres pays    

L’océan n’est pas un écosystème clos où l’on pourrait cantonner la circulation des espèces au domaine national. D’où le caractère souvent international des engagements français dans la protection de l’océan.

Ces engagements sont cependant dépendants, au mieux, de la bonne volonté des pays, au moins, de leurs intérêts, difficilement modélisables. Malgré l’incertitude que représente le comportement des autres pays, le domaine maritime français est bien protégé. La France en fait une zone de ressources riches en énergies, qu’elle cherche à exploiter de manière durable. 

D’après le site du ministère de la Transition écologique et solidaire, la France bénéficie du deuxième parc éolien terrestre mais d'aucune éolienne maritime en fonctionnement. L’avantage des parcs éoliens en mer tient à ce que les vents y sont plus forts, plus fréquents et plus réguliers que sur terre. À cet égard, dans le cadre de l’objectif de la loi de transition énergétique pour la croissance verte d’avoir 40 % d’électricité renouvelable d’ici 2030, l’éolien en mer devrait connaître une croissance importante, passant d’un parc de 500 éoliennes (existantes actuellement mais sans production d'électricité) à 3 000 d’ici 2023. 

 Acidification et pollution des océans

Réduction du pH de l’eau dû à la dissolution d’une partie du CO2 absorbé, l’acidification rend vulnérable les organismes sensibles de la faune marine, notamment le zooplancton dont se nourrissent de nombreuses espèces. Le sort de l’acidification dépend de l’évolution du réchauffement climatique, les océans absorbant un quart du CO2  de l’atmosphère. L’acidification est ainsi souvent qualifié d’ « autre problème du CO2».

Quant à la pollution des océans, les mobilisations en intention et en acte pour une meilleure gestion des déchets, respectivement incertaines dans leur ampleur et leur durée, sont contrebalancées par la croissance avérée des biens polluants (pétroles, produits chimiques, toxiques, déchets) responsables à 80 % des pollutions marines selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
 

Émergences


 Une société civile regorgeant d’initiatives pour lutter contre la macro-pollution

Pour lutter contre la pollution, en amont, les gestes éco-citoyens se développent, des achats réfléchis (sacs biodégradables, refus des sacs plastiques...) au recyclage.

En aval, des initiatives se mettent en place : activités de ramassage de déchets sur les plages, comme celles organisées par l’ONG Ocean Conservancy, ou bien dans le cas français les expéditions MED, initiatives qui reposent sur des dynamiques de science participative pour sensibiliser et agir en faveur de la déplastification des océans.
 

La lutte contre l'eutrophisation d’origine anthropique

Processus d’accumulation de nutriments causant la croissance excessive de végétaux, dont la consommation massive d’oxygène appauvrit (« asphyxie ») voire tue l’écosystème aquatique, l’eutrophisation est due en grande partie à l’accumulation de nitrates et phosphates dont les deux sources principales sont les eaux usées et la pollution agricole. 

Pour les premières, on voit détergents et lessives riches en phosphore être l’objet de démarches écoresponsables (usage de lessives moins polluantes, lavages moins fréquents...). Pour la seconde, l’utilisation plus rationnelle d’engrais (grâce à l’analyse agronomique des sols), si possible verts (légumineuses principalement) et la moindre utilisation de pesticides sont tout autant de solutions avancées par la communauté scientifique trouvant leur écho dans la défense d’une agriculture alternative, parfois obligatoires pour certaines portions du territoire définies comme « zones vulnérables ».  

→ Découvrez des projets en coopération qui répondent à cet ODD.

 


Ressources

_ Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), « La France passera-t-elle les Objectifs du développement durable ? », 2016.
 
_ Comité 21, « Quelle appropriation des ODD par les acteurs non-étatiques français ? », 2017.

_ Futuribles International, Rapport Vigie 2016

_ Site du ministère de la Transition écologique et solidaire : www.ecologique-solidaire.gouv.fr

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