LA TRIBUNE FONDA N°225
mars 2015
La force de l'entraide

La Tribune Fonda n°225 explore la question de l'entraide et des solidarités, au cœur du fait associatif.

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Au cœur du faire ensemble

Édito écrit par
Yannick Blanc
Vice-président de la Fonda


L’entraide est sans doute la forme la plus élémentaire du fait associatif. Dans les situations de dénuement, de détresse ou de danger, elle est ce par quoi se manifeste la force profonde du collectif. Il n’y a pas loin de s’entraider à faire ensemble, alors pourquoi ne pas considérer l’entraide comme un fait porteur d’avenir ?

Au moment où émerge « l’économie du partage », dont la prospérité de certains acteurs montre qu’elle est avant tout une économie de l’échange marchand fondée sur de nouvelles chaînes de valeur, il n’est pas inutile de se demander si l’économie du don n’est pas susceptible, elle aussi, de prendre de nouvelles formes. En observant les mutations de l’engagement bénévole, nous avons montré que la société d’individus qui est la nôtre n’est pas pour autant une société exclusivement individualiste. Si nous regardons maintenant de plus près les pratiques d’entraide, nous allons très vite nous retrouver dans l’intimité de l’individu relationnel.

Françoise Le Borgne-Uguen analyse les relations d’entraide entre générations au sein de la famille comme des manifestations spontanées de la résilience sociale face au vieillissement, à la dépendance et aux effets de la précarité prolongée des jeunes adultes. Loin des querelles idéologiques sur le modèle « naturel » de la famille et sur ses enjeux symboliques, celle-ci soutient l’apprentissage de la reliance qui permet aux individus d’affronter les incertitudes d’une société à la fois fragmentée et fluide.

L’expérience de Force Cadres et de Voisins et citoyens en Méditerranée invite à réfléchir à la place qui devrait être reconnue à l’entraide comme alternative à la prise en charge par les moyens de l’État providence, stigmatisés sous le vocable d’assistanat. À côté de l’éthique du care, c’est-à-dire de la sollicitude apportée aux personnes en situation de dépendance (enfants, victimes, personnes très âgées ou porteuses de handicap), il faut faire une place à l’éthique de l’entraide qui permet à des personnes en situation de vulnérabilité, chômeurs ou exclus, de mettre en commun et d’échanger une capacité d’agir permettant à chacun d’entre eux de reconquérir autonomie et dignité.

Le combat engagé par Michel Bérard pour la reconnaissance d’un statut juridique et fiscal de l’entraide civile mérite d’être soutenu, pas seulement au nom des associations qui, depuis les Compagnons d’Emmaüs de l’Abbé Pierre, ont fait de l’entraide une arme de lutte contre l’exclusion et la pauvreté, mais aussi parce que l’entraide, l’échange gratuit, le don réciproque sont en mesure de fournir à la société toute entière les externalités, c’est-à-dire les biens communs issus de l’activité mais non marchands, que l’économie publique ne parvient plus à produire.

Au-delà des échanges gratuits entre individus que permettent des réseaux comme celui des Accorderies, Michel Briand et Anne-Carole Poitrenaud montrent ici comment les pratiques d’entraide prolongent ou renouvellent les politiques publiques dans des domaines aussi cruciaux que le logement, la santé, l’éducation ou la culture. Vue d’Afrique, plaide enfin Paul Samangassou, l’entraide issue de la tradition s’affirme comme alternative aux échecs de l’aide publique au développement.

À l’inquiétude massivement répandue devant l’affaiblissement de la cohésion sociale répond une envie d’agir, de servir à quelque chose, de faire bouger la société qui mobilise en pourcentage de la population française, 22 % de donateurs, 23 % d’adhérents à une association, 15 % de bénévoles et 7 % de dirigeants associatifs.