L’expérimentation au cœur de la vitalité associative
De très nombreuses associations se créent pour répondre à des exigences, des aspirations et des besoins, qu’ils soient d’ordre social, humanitaire, sociétal, qu’il s’agisse de défendre une cause, lutter contre des inégalités, construire un avenir, favoriser le vivre ensemble, etc. Elles imaginent des façons de faire, elles expérimentent de nouvelles actions en rassemblant des acteurs qui souhaitent porter un changement. Elles sont au cœur d’une innovation sociale, et à ce stade, elles privilégient le résultat au formalisme d’une méthodologie éprouvée. Par la suite, l’association doit faire reconnaître la réussite de son projet pour favoriser tant sa recherche de financement que l’engagement de nouveaux bénévoles.
Cette reconnaissance du succès d’une activité associative peut conduire à modéliser des cursus et des compétences utiles pour exercer les fonctions liées aux opérations de l’association. Pour fidéliser ses bénévoles, une gouvernance associative devra en effet les accompagner au long de leur parcours, leur assurer si nécessaire une formation adéquate et qualifier une reconnaissance de leur apport à la réalisation du projet associatif.
Le développement d’expériences qualifiantes : opportunités et défis !
Pour certains, les expériences acquises permettront d’optimiser la présentation de leur cursus, dans le cadre d’une recherche d’emploi, ou d’une évolution de carrière. Pour d’autres, ces expériences pourront être valorisées dans une démarche de Valorisation des acquis de l’expérience (VAE), et prétendre ainsi à l’obtention d’un diplôme, matérialisant la qualité des expériences vécues . La certification facilite alors la compréhension des compétences d’une personne pour les différentes parties prenantes et pour elle-même.
Le rapport du HCVA témoigne cependant de la difficulté d’exercer cette opportunité notamment dans le cas de la VAE, pointant entre autres, la nomenclature complexe des parcours diplômants, difficile à appréhender par le postulant et son association de tutelle, la réticence de cette dernière à s’engager dans un processus chronophage, la longueur de l’exercice, le coût de l’accompagnement, et enfin la faible motivation de certaines académies universitaires, qui, redoutant un affaiblissement de la filière traditionnelle consacrant l’obtention du diplôme, font preuve d’une extrême sévérité dans les jurys appelés à statuer.
En 2016, deux lois majeures ont permis d’avancer à nouveau vers une meilleure reconnaissance des capacités formatrices des associations : d’une part la loi Égalité-Citoyenneté, qui crée le congé d’engagement ; et d’autre part la loi Travail, qui crée le Compte d’engagement citoyen. Ce dernier, en particulier, s’utilise comme une ressource supplémentaire pour abonder le Compte personnel de formation (CPF) qui remplace le Droit individuel à la formation (DIF) ; il institue ainsi un lien direct entre l’activité bénévole et la formation qu’elle dispense ou qu’elle nécessite.
La socialisation de l’apprentissage associatif
Nous avons distingué l’expérimentation – une recherche dans un cadre encore non maîtrisé – de l’expérience qui a lieu dans un cadre plus normé et formalisé. L’expérimentation s’inscrit dans l’innovation, tandis que l’expérience suppose la répétition. Ainsi, la certification qui se base sur des expériences normées met un terme à l’innovation. Par ailleurs, pour certaines activités telles que l’encadrement d’enfants, la certification, qui est ou peut devenir obligatoire, fait courir le risque de restreindre la participation de tous aux activités de l’association. Il est alors utile de conserver des espaces ouverts pour l’exploration et la créativité au sein d’une association qui s’engage dans une démarche certificatrice, afin de rester à l’écoute des besoins et des évolutions sociales.
Enfin, il existe d’autres manières de valoriser un apprentissage. À l’heure où les réseaux sociaux professionnels remplacent peu à peu les CV et où le recrutement reste essentiellement relationnel, un « like » ou une recommandation sur une compétence d’un bénévole par plusieurs autres membres d’une association peuvent être des marqueurs de confiance aussi efficaces qu’une certification plus formelle. Cependant, cette réflexion sur les reconnaissances de l’engagement bénévole associatif ne saurait occulter la motivation indispensable de cet engagement : l’utilité à autrui sans autre contrepartie que celle d’œuvrer efficacement à l’intérêt général.