Les rapports et les méthodes de travail du CNESCO (Conseil national d’évaluation du système scolaire) font apparaître de nombreux leviers possibles pour améliorer la situation. Elles peuvent à cet égard intéresser les personnes agissant pour améliorer le système scolaire.
Le CNESCO, à travers les éléments statistiques dont dispose le ministère de l’Éducation nationale et en intégrant de multiples études quantitatives et qualitatives, nous livre une photographie de la situation enrichit l’analyse. On retrouve sur son site de nombreuses fiches thématiques et des comparaisons qui font apparaitre la diversité des politiques menées et les évolutions récentes qui affectent tous les systèmes d’enseignement.
La période est à l’hybridation des systèmes, mais chacun reste marqué par son histoire et les influences qui l’ont façonné. Ainsi, les modalités de contrôles de la formation, l’articulation entre la formation initiale et continue, le rôle du diplôme, le soutien à l’orientation et les marges d’autonomie des niveaux décentralisés invitent à modifier les politiques.
On constate aussi que le type de marché du travail, sa régulation, le poids des multinationales qui structurent une partie des compétences, l’intervention des branches, les aides à la mobilité, les relations sociales et la santé économique interviennent pour orienter les évolutions. Enfin, tend à s’imposer une place particulière pour les parents dans le soutien des jeunes.
Les inégalités doivent être corrigées le plus tôt possible, d’où l’importance donnée aux apprentissages préscolaires et ceux transversaux qui permettent au jeune de comprendre ce qu’il souhaite et comment il ou elle peut s’orienter. Dans le domaine des inégalités sociales, la France est un mauvais élève de l’OCDE. Celles-ci pèsent fortement et se renforcent à chaque génération. Cette reproduction est d’autant plus forte que les familles plus dotées socialement font appel à des intervenants privés pour coacher leurs enfants (18 %) et choisissent les « bons » collèges. Leurs réseaux faciliteront les orientations vers les bonnes filières, les stages efficaces et les contacts avec les professionnels bien insérés dans leur métier. Par contre, les enfants d’ouvriers et d’employés sont plus stressés et moins satisfaits de leur orientation vécue comme un choix imposé qui leur fait renoncer à leur ambition (71 %) et ce, malgré leurs résultats scolaires.
Les barrières sont multiples. Le coût des études (39 %), la mauvaise connaissance des aides possibles, l’absence d’information opérationnelle et les questions liées à la mobilité géographique sont mises en avant. Ces préoccupations réelles sont renforcées par des stéréotypes, des préjugés qui faute de données précises s’imposent aux jeunes comme à leurs parents.
Cependant, si la situation est assez bien documentée et que des mesures sont mises en place pour favoriser une bonne orientation, il faut constater que les changements incessants, la multiplication des filières et des diplômes et les coordinations interministérielles peu développées rendent l’optimisation délicate. Un constat est fait : beaucoup d’initiatives, de nombreux acteurs mobilisés, mais surtout une coordination qui fait encore défaut et au final, comme le précise le CNESCO, « une politique d’orientation impressionniste ».
Ce côté impressionniste est confirmé par l’analyse réalisée sur les collèges de la Région Île-de-France. Elle a le grand avantage de permettre d’aller au-delà des moyennes qui masquent des situations plus problématiques. L’analyse permet de faire des zooms sur les réalités territoriales (regroupement de 1 200 à 5 000 habitants maximum). La situation des différents territoires montre des disparités importantes entre Paris et les banlieues favorisées (22 %) avec un capital culturel élevé et des revenus trois fois supérieurs au secteur le plus défavorisé (17 %) où le chômage peut atteindre 40 % des jeunes.
Entre ces deux extrêmes, nous retrouvons les banlieues résidentielles favorisées (32 %) au fort potentiel économique et culturel et, les territoires défavorisés au niveau socioéconomique inférieur (29 %) peuplés par de foyers précaires, de familles monoparentales, d’une population issue de l’immigration et d’un chômage des jeunes de 29 %. Si la note globale (intégrant le contrôle continu) au diplôme national du brevet reste assez proche, celle de l’écrit montre des écarts importants (de 24,3 % à 57,5 %) faisant apparaitre des stratégies de notations différentes suivant les zones géographiques.
Les ressources allouées étant supposées égalitaires, certains arguent que les disparités interviennent en amont du système scolaire. Cependant, l’analyse montre que certaines ressources sont distribuées inégalement. Ainsi, dans les zones les plus désavantagées, nous retrouvons plus d’enseignants ayant une expérience moindre, peu d’agrégés, un statut plus précaire (CDD), une moindre ancienneté dans l’établissement souvent marqué par un turnover y compris des directions, des personnels administratifs (2 fois plus que la moyenne) et une offre de formation plus réduite.
Toutefois, certains collèges échappent à cette prédisposition. Il faut rester prudent sur l’interprétation des statistiques, car, d’une part, les évolutions du système scolaire sont nombreuses et leurs effets ne sont pas instantanés et de l’autre, des éléments plus qualitatifs interviennent. Le climat scolaire, la mixité sociale, la motivation à apprendre, la qualité du chef d’établissement, la formation continue du personnel, les locaux et les équipements, les méthodes et les outils pédagogiques, les modalités d’évaluation et de suivi des apprentissages, l’information sur les différents dispositifs de soutien ou les relations avec les parents (accompagnement pour l’orientation de ceux plus éloignés de l’école) sont autant de variables qui favorisent la mobilisation des acteurs (les parents refusent moins la mixité sociale, les enseignants sont plus stables) et aboutissent, parfois, à de bonnes réussites dans des secteurs défavorisés.
Le conseil à préciser plusieurs recommandations au ministère de l’Éducation nationale qui par ailleurs s’engage dans un travail pour fonder théoriquement les évolutions pédagogiques en lançant un conseil scientifique composé de chercheurs reconnus y compris au niveau international Espérons que ce dernier articulera ses travaux avec l’ensemble des acteurs qui développent des innovations intéressantes, même si elles ne sont pas toutes coordonnées par des organismes, à l'instar du réseau Canopé, sous tutelle du ministère.