La table-ronde a réuni huit grands témoins, représentatifs de la diversité du secteur associatif. Nous vous proposons ici de restituer les principaux apports des intervenants.
Pierre Tartakowsky (président de la Ligue des droits de l’Homme) souligne qu’il n’est pas banal de constater que ce sont deux personnalités nonagénaires, Stéphane Hessel et Edgar Morin, qui par le biais de leur livre ou de leur appel rencontrent un impact extrêmement important y compris parmi les plus jeunes générations. Il y a une reprise de relais mais dans des termes tout à fait renouvelés.
Pour Mélanie Gratacos (conseillère au CÉSE), la nouvelle génération assume le fait que l’engagement doit être également source d’épanouissement personnel, le temps des « moines soldats » est révolu. Ce qui n’est pas nécessairement négatif. Pour ce qui est du renouvellement, le secteur associatif n’a souvent rien à envier à la classe politique, par exemple pour ce qui est du cumul des mandats. selon elle, le non cumul des mandats dans le temps serait un levier pour favoriser le renouvellement et devrait être à l’ordre du jour de toutes les assemblées générales.
Pour Julien Bayou (fondateur Génération précaire, Jeudi noir), il est temps de se rendre compte que les jeunes ne s’engagent pas moins, mais différemment. D’autre part, si l’engagement n’est analysé que par le biais de l’âge on perd de vue un problème important, celui de l’offre. Selon lui, une réflexion à mener serait sur les modalités d’engagement proposées. De plus, les actifs sont confrontés à un problème de temps, s’engager lorsque l’on travaille est un luxe. Faut-il attendre d’être à la retraite et d’avoir du temps pour pouvoir s’engager?
Jacqueline Mengin (administratrice de la Fonda) rappelle qu’à la différence d’autres acteurs de la société, l’engagement que proposent les associations est la recherche du développement personnel au sein de l’action collective. Assurer à ceux qui s’engagent un développement personnel en articulation avec l’action collective, voilà une façon de renouveler l’offre.
Gérard Andreck (président du Ceges) indique que si l’on souhaite privilégier la diversité dans le renouvellement des structures associatives et de l’économie sociale, avoir plus de jeunes, plus de femmes, il faut penser la militance de façon à ce que l’on puisse l’articuler avec une vie personnelle. Par ailleurs, il juge urgent de réfléchir à la qualité de l’emploi dans les associations si l’on veut susciter quelques vocations.
François Soulage (président du Secours Catholique) rappelle que l’engagement des jeunes ne passe pas nécessairement par le bénévolat. Au secours catholique, par exemple, travaillent de jeunes salariés qui sont probablement encore plus militants qu’un certain nombre de bénévoles ! Il nous faut réfléchir à cette catégorie assez spéciale que sont les « salariés militants » et ne pas faire d’opposition, comme cela se passe encore dans nos organisations entre les bénévoles et les salariés. De plus, l’emploi est une question essentielle pour les jeunes.
Thanh Nghiem (fondatrice de Institut Angenius, auteur de Des abeilles et des hommes) rappelle que les crises rendent créatifs. elle pense que le contexte de l’année 2012 permettra de mettre en pratique l’intelligence collective (qui a déjà fait ses preuves, cf. Wikipedia). en effet, la situation difficile de crise dans laquelle nous nous trouvons nous donne l’opportunité de mettre en œuvre toute une série de principes de bon sens pour la vie quotidienne et de les partager au niveau local dans un premier temps, puis de généraliser les recettes qui fonctionnent.
Nadine Dussert (directrice de l’UNAHJ) invite chacun à ne pas rester dans son coin, à essayer de comprendre les moteurs de son engagement individuel mais, à travailler ensemble pour problématiser plus largement et trouver des solutions. Voilà qui est porteur.