La Tribune Fonda n°231 propose un retour sur l'Université de prospective organisée par la Fonda à Paris les 7 et 8 avril 2016, dont l'objectif était d'éclairer les acteurs associatifs sur les mutations à l'œuvre et d'animer la réflexion collective autour de grands défis de société.
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Vous y trouverez chaque trimestre des éclairages inédits et inspirants sur les évolutions du monde associatif et de l’économie sociale et solidaire.
Une politique de l'intelligence collective
C’est en 2010 que la Fonda a lancé le projet Faire ensemble 2020.
Nous avions, selon les règles classiques de la démarche prospective, choisi un horizon temporel que nous avions fixé à dix ans, pas trop éloigné pour rester à l’échelle d’une démarche stratégique associative, pas trop proche puisque le but de l’exercice était de sortir du périmètre borné de la gestion quotidienne et des appels à projet.
L’université Faire ensemble de novembre 2011 fut, pour nous comme pour les participants, un moment d’initiation à la démarche prospective, un exercice de respiration pour ouvrir le champ des réflexions des responsables associatifs. En 2013, nous avons pu alimenter cette réflexion grâce aux travaux d’une vingtaine de prospectivistes qui avaient contribué aux quatre séminaires que nous avions organisés au cours de l’année, nous avons dessiné notre tableau des soixante tendances clés pour le monde associatif et nous en avons tiré le jeu de cartes qui reste notre outil favori d’initiation à la démarche prospective.
Les années passent et notre démarche est toujours calée sur 2020.
Est-ce encore de la prospective ?
Des quatre scénarios que nous avions imaginés à l’origine, aucun ne s’est bien sûr réalisé, mais les tendances qu’ils permettaient d’illustrer se sont développées avec force : la marchandisation de la société, le retrait de l’État, l’influence du modèle entrepreneurial et l’émergence d’une société créative. D’autres mouvements ont aussi profondément remodelé les conditions de l’action associative, que nous avons depuis appelés les quatre transitions.
Tandis que les réseaux associatifs adoptaient progressivement l’attitude prospective, certaines mutations se sont accélérées de manière spectaculaire : je pense notamment à la transition numérique et aux nouvelles formes d’économie, d’engagement, de relations sociales qu’elle suscite, pour le meilleur et pour le pire.
L’exigence de l’action se fait d’autant plus pressante que les institutions traditionnelles de l’action collectives que sont les partis politiques et les syndicats sont aspirés dans une spirale de fragmentation et de déclin qui paraît irréversible.
L’attitude prospective est d’autant plus nécessaire dans les associations que le politique n’est plus capable de projection dans l’avenir.
Si elle doit rester attentive aux tendances longues, comme le vieillissement démographique, et aux ruptures profondes, comme celle de la place du travail dans la société, elle doit aussi être en prise avec l’action immédiate, elle doit répondre sans délai au besoin d’agir que ressentent tous ceux qui ne se résignent ni au talon de fer néo-libéral, ni à la dégénérescence populiste.
C’est dans cet état d’esprit que nous avons organisé les universités de prospective de Lyon, en novembre 2015 et de Paris, en avril 2016, dont ce numéro de La Tribune Fonda est le compte-rendu. Nous avons pris notre devise, faire ensemble, au pied de la lettre et nous avons identifié, à partir de notre analyse des tendances
prospectives, des enjeux de transformation ou d’innovation sociale susceptibles de donner lieu à des projets d’action collective.
Puis, empruntant à nos amis de Pro Bono Lab la méthode du marathon, nous avons invité nos participants à imaginer un projet en deux séances de travail intense. Le but fixé à nos marathons n’était pas seulement d’écrire un projet sur le papier mais aussi de susciter la création d’une communauté d’action pour mener ce projet à bien. Ces travaux doivent avant tout susciter l’action collective et l’innovation.
On voit poindre des dynamiques naissantes : qu’il s’agisse d’accompagner les usages du numérique dans les territoires de montagne, de défendre l’idée d’une évaluation partagée pour la mettre au service d’une vision associative, d’accompagner les trajectoires professionnelles en Seine-Saint-Denis ou de défendre la notion de démocratie contributive, ces projets, inspirés par nos travaux de prospective, permettront aux associations d’activer et d’orienter les transformations sociales. Dans la période de doute et d’angoisse que traverse notre pays, face à la défiance profonde que provoque le déclin du langage et du comportement politique, nous croyons l’intelligence collective.
Cette foi n’est ni naïve, ni mystique ; les entrepreneurs, les associations ou les citoyens assemblés n’accèdent pas à cette intelligence par miracle, il y faut des connaissances, de la méthode et de la patience, il y faut un labeur obstiné, celui que mène sans relâche l’équipe de la Fonda depuis 2010.
À l’heure où tant de personnages estiment indispensable d’être candidat, parier sur l’intelligence collective est notre programme politique.
Dans la Tribune Fonda n°231
Ce numéro propose un retour sur l'Université de prospective organisée par la Fonda à Paris les 7 et 8 avril 2016, et réunissant près de 250 participants d'horizons variés.
Les objectifs de ces jours de rencontre et de réflexion collective étaient de :
- éclairer l’accélération des mutations auxquelles les acteurs du fait associatif sont confrontés, en croisant différentes analyses prospectives ;
- susciter l’innovation et le changement pour les aider à prendre leur place dans les quatre transitions – économiques, écologiques, numérique et démocratique – que nos sociétés traversent ;
- contribuer à l'émergence de communautés d'action, déclinaisons opérationnelles du « faire ensemble », pour répondre aux grands défis qui se posent à notre société.
Ce numéro de La Tribune Fonda propose notamment un compte-rendu des différents marathons de l'innovation organisés lors de l'université. Au nombre de dix, ils ont porté sur des thèmes comme les parcours d’engagement des jeunes, le financement, l’évaluation, le numérique, le pouvoir d’agir, l’écologie ou encore l’évolution des trajectoires professionnelles… Préparés en amont avec des experts et praticiens du sujet, qui en ont également assuré l’animation, ils ont permis aux participants de « prototyper » un projet pour répondre collectivement à un défi posé aux acteurs associatifs et à leurs partenaires par les évolutions en cours.
La Tribune Fonda réunit également les synthèses des tables-rondes de l'événement, des recensions d'ouvrages ayant été présentés lors de l'université, et propose un retour sur l'atelier d'écriture, avec les tendances lourdes et signaux faibles à partir desquelles les participants de l'atelier devaient écrire des nouvelles.
Nous vous proposons également ici le compte-rendu complet de l'université.