Les associations par leur richesse et leur variété sont un signe de la vitalité de notre société. Fruit de l'engagement libre de nos concitoyens, elles sont une des sources les plus importantes de transformation des rapports sociaux. Par l'action pacifique, la mobilisation de l'intelligence des individus dans des cadres collectifs ou encore les innovations qu'elles suscitent et mettent en place, elles révolutionnent en douceur nos mœurs et nos comportements civiques et sociaux.
L'exemple des mouvements gays et lesbiens pour faire accepter au plus grand nombre les différences sexuelles et permettre à une large partie de nos concitoyens d'acquérir de nouveaux droits sociaux (Pacs...) est significatif. Les associations sont aussi le creuset où se forgent de nouvelles capacités et compétences civiques et citoyennes, comme l'illustre l'action de mouvements tels qu'ATD Quart Monde, Paroles de femmes...
Reconnaître et valoriser ces apports est essentiel. Y arriver est un défi mais aussi une gageure.
Ce travail n'est pas uniquement un enjeu statistique, même si les avancées en la matière sont déterminantes. Ainsi, nous pouvons nous féliciter du nombre de créations d'associations chaque année (plus de 70 000 par an), mais nous devons aussi nous demander le sens de tels chiffres (fragmentation des actions, difficulté des individus à s'associer dans des ensembles larges, difficulté des associations existantes à s'ouvrir aux nouvelles attentes et enjeux sociaux, phénomènes de fermeture et d'exclusion des dynamiques inscrites dans les jeux institutionnels...)
Yann Moulier-Boutang nous invite à aller plus loin encore en essayant de changer de regard et d'appréciation sur l'apport réel des associations. En rompant avec une approche productiviste qui consisterait à ne mesurer que le service produit, il nous invite à prendre en compte l'outcome, ces externalités qui donnent tant de valeur à la contribution associative. C'est en cela qu'il parle de pollinisation. Les travaux sur les nouveaux critères de richesse sont en ce sens essentiels.
Mais les associations ne seraient qu'un statut juridique vide sans l'engagement bénévole de millions d'hommes et de femmes. Dès lors, il convient de travailler pour aussi reconnaître et valoriser l'apport de chacun à ces constructions collectives.
Montrer que l'engagement suscite des compétences permet de valoriser les individus. C'est aussi apporter des réponses aux exigences nouvelles qu'expriment les bénévoles vis-à-vis du collectif. En effet, il faut se rappeler que le don n'est pas un acte unilatéral, il s'inscrit nécessairement dans un rapport de réciprocité. L'individualisme contemporain nous impose de comprendre cette réalité.
C'est en ce sens que la Validation des acquis de l'expérience bénévole constitue un champ d'expérimentation et d'action intéressant. En outre, la VAE est aussi le moyen de rompre avec un tropisme très français qui ne reconnaît souvent que dans le cadre académique, par l'acquisition d'un diplôme, les compétences.
L'ensemble de ces quelques réflexions croise l'apport d'Alain Caillé sur l'évolution de la démocratie.
Susciter le débat autour de ces questions complexes, lutter contre les rigidités de toutes sortes, soumettre aux acteurs de nouveaux enjeux sont la substance du projet de la Fonda, car tout en n'étant pas des révolutionnaires, nous souscrivons à l'invitation de Bakounine : « Ceux qui se sont sagement limités à ce qui leur paraissait possible n'ont jamais avancé d'un seul pas ».