Un projet citoyen et écologique pour revitaliser tous les territoires.
Railcoop est un projet né en 2019 sous l’impulsion de Nicolas Debaisieux qui venait de s’installer dans le département du Lot, à Blars. Il s’aperçoit rapidement que même s’il existe un réseau ferroviaire, les services de transport afférents sont absents. La voiture reste ainsi le seul moyen de locomotion possible dans les territoires ruraux. En parallèle, l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire est programmée pour la fin de l’année 2020.
Avec un groupe de connaissances, ils décident ainsi de créer un opérateur ferroviaire qui irriguerait les petites et moyennes villes, souvent oubliées et délaissées. L'idée fait son chemin et aboutit rapidement à la constitution d’une association de préfiguration, le 20 avril 2019. Le 30 novembre de la même année la première coopérative dédiée au ferroviaire est créée : Railcoop avec une trentaine de sociétaires qui montent à bord dès le départ.
“L’objectif de Railcoop n’est pas de concurrencer la SNCF, mais bien de prendre des parts de marché à l’avion, au bus et à la voiture”, qui par essence sont nettement plus polluants que le train, insiste Dominique Guerrée (Président de Railcoop). Concrètement, Railcoop souhaite ouvrir à la mi-2022 la ligne Bordeaux-Lyon, qui avait été supprimée en 2014, puis en 2023 la ligne Toulouse-Rennes, ainsi que celle Lyon-Thionville. En parallèle, Railcoop va ouvrir prochainement une ligne de fret entre Rodez, Figeac et Toulouse (Viviez-Decazeville-Capdenac-Toulouse St Jory).
Les choses avancent bon train pour Railcoop.
L'équipe salariée se consolide alors, de plus en plus de sociétaires s’engagent. L’assurance internationale a été trouvée et le capital nécessaire pour acquérir la licence ferroviaire – soit 1,5 millions d’euros – réuni. Les démarches sont en cours pour obtenir le certificat de sécurité.
Parmi les perspectives, Railcoop souhaite à terme irriguer les territoires de trains de nuit sur plusieurs lignes, dont Bordeaux-Lyon pour 2023, puis Strasbourg-Perpignan-Nice en 2024, mais aussi développer des navettes de fret ferroviaire afin de proposer une alternative écologique aux chargeurs en camion.
Une dynamique coopérative au cœur du fonctionnement de Railcoop.
Tous, sociétaires et salariés, partagent la volonté de donner du sens à leurs actions en œuvrant collectivement pour la transition écologique et en participant au développement local des territoires.
En tant que société coopérative d’intérêt collectif, Railcoop s’organise en cinq collèges :
- Le collège des salariés (actuellement au nombre de neuf). L'idée est qu’ils soient associés à la prise de décision et qu’ils fassent remonter leurs retours du terrain.
- Le collège des personnes physiques. Près de cinq mille citoyens sont sociétaires. Leur nombre a près de doublé suite au reportage d’Envoyé Spécial.
- Le collège des personnes morales. Il se compose de coopératives, d’entreprises, de PME, mais aussi d’associations. L'écosystème des associations de défense du train est d’ailleurs bien représenté.
- Le collège des partenaires techniques et financiers, auquel prennent part Enercoop et Mobicoop par exemple. Ils apportent leur expertise pour réfléchir aux synergies à construire pour le développement de l’intermodalité.
- Le collège des collectivités territoriales. Le montant de la participation des collectivités territoriales suit une règle identique : 50 centimes par habitant. Près d’une dizaine sont sociétaires :
- Des communes : Gannat, Libourne, Faux-la-Montagne, Montluçon,
- Une intercommunalité : Vichy Communauté,
- Des départements : la Creuse et l’Allier.
Un fort attachement à une gouvernance horizontale.
Le faire ensemble est une valeur cardinale du projet. C'est pour cela que Railcoop, avec l’accompagnement de l'union régionale des SCOP d’Occitanie, s’est constitué en société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Cette forme juridique est propice à la participation de tous dans le fonctionnement de la coopérative.
Aujourd'hui, la gouvernance se veut être la plus horizontale possible. Elle s’organise de la façon suivante :
- Le Conseil d’administration détermine les grandes orientations stratégiques, donne le pouvoir au Directeur général et à son équipe d’en assurer la mise en œuvre opérationnelle, et peut l’interpeller au besoin.
- Les sociétaires sont pro-actifs. Ils peuvent, s’ils le souhaitent, s’investir dans des cercles de réflexion géographiques ou thématiques (par exemple sur la gouvernance, les services annuels, les systèmes d’information, etc.). Un nouveau cercle va être prochainement créé, dédié à l’éthique et à la médiation. Chaque cercle élit parmi ses membres un rapporteur du cercle qui transmet les informations au reste de la communauté. Un administrateur référent assurant la liaison avec le Conseil d’administration est également présent.
Une gouvernance bien huilée
Vivement attaché à l’intelligence collective et à la transparence, Railcoop met en place des dispositifs pour faciliter le partage d’informations. Un système d’information interne et indépendant des GAFAM est en cours de développement. Les membres de Railcoop utilisent également un système de tchat pour discuter et phosphorer collectivement dans leurs cercles de réflexion respectifs. La chargée de mission communication anime les réseaux sociaux et rédige diverses newsletters à destination des sociétaires, des partenaires et du grand public. Quant à la chargée de mission vie coopérative et animation du sociétariat, elle s’occupe du bon fonctionnement interne de la coopérative.
Compte tenu du développement très rapide de Railcoop, de petits couacs peuvent survenir. L'équipe de Railcoop s’inscrit dans une dynamique d’apprentissage continu en capitalisant sur ces expériences pour qu’ils ne se reproduisent plus.
Des conseils pour “faire ensemble”.
Pour créer une dynamique coopérative, il est essentiel de préalablement s’accorder sur ce qui compte et ce qui en anime collectivement les adhérents. Autrement dit, sur des valeurs partagées, insiste Dominique Guerrée. Par exemple, la raison d’être de Railcoop est d’entreprendre autrement et de favoriser la transition écologique. Le train étant un moyen pour y parvenir.
Construire une gouvernance horizontale est important, car elle permet de favoriser la participation de tous au fonctionnement du projet. Cela implique de s’appuyer sur des outils de communication et de créer des organes intermédiaires de réflexion impliquant tous les participants – comme les cercles de réflexion de Railcoop - afin de diffuser les informations, faciliter les échanges et les débats. Tout ceci permet la “fabrique du consensus” souligne Dominique Guerrée.
Railcoop, c’est une coopérative ferroviaire qui est dès à présent en train de faire le monde d’après !