Un monde politique et une société qui peinent à se comprendre
Il est, dans l’Histoire, des moments de désarroi profond. La démocratie n’en est pas exempte. Ce début d’année 2023 est marqué par la mobilisation de centaines de milliers de personnes de travailleurs, de jeunes, de femmes.
En France, nous choisissons la rue parce que nous l’avons appris des générations passées. C’est notre culture politique, héritée de 1789, 1848 et 1936.
Mais la société civile est-elle entendue par le monde politique ?
Certes, nous avons assisté à la création d’un ministère pour le Renouveau démocratique, incarné par Olivier Véran. Aussi, nous avons vu émerger l’envie de la part du gouvernement de « revivifier le débat démocratique » avec le Conseil national de la refondation (CNR).
Oui, nous avons expérimenté les Conventions citoyennes sur le climat, sur la fin de vie, peut-être bientôt sur la migration.
S'emparer de la représentation avant le populisme
La société civile qui s’exprime, c’est aussi le renforcement de la démocratie. Malheureusement, nous n’avons pas le sentiment de légitimité inhérent à la représentation qui nous est due, puisque toutes ces initiatives ne semblent pas prendre en compte les plus exclus, les plus concernés, les plus marginalisés.
De plus, sur tous les continents, nous assistons au succès grandissant des mouvements populistes, jouant sur les peurs, la colère et le ressentiment. Ils ont quelque chose à offrir : quelqu’un à blâmer. Les immigrés, les politiques, les autres pays, l’élite, le système. Et ces populistes ont de fortes chances d’accéder à plus de pouvoir dans les cinq prochaines années.
Pour celles et ceux d’entre nous qui croient fermement à l’idéal d’un monde politique véritablement représentatif de la société civile, comment leur faire face? Si nous ne faisons pas face à ces mouvements perturbants, voire destructeurs, nous prenons alors le risque de devenir complaisants.
Nous avons le devoir d’écrire collectivement notre démocratie notamment en passant par une politisation de nos actions. Pourtant, dans le monde associatif, de l’Économie sociale ou solidaire (ESS) ou de l’activisme, il semble que le mot politique rebute, par crainte, méfiance ou naïveté. Le risque est que le fossé séparant les Français devienne trop grand, et qu’il ne reste que peu de place pour la fraternité que nous promouvons.
Nous devons prendre la mesure de l’urgence et travailler fort ensemble. Battre le pavé n’est que la partie immergée de l’iceberg auquel la société civile s’attaque, car nous avons un rôle indispensable à jouer dans le monde politique, qu’on le veuille ou non.