Projets en coopération

La sociocratie en pratique, l'exemple du réseau des Accorderies - Université du Faire ensemble

Réseau des Accorderies
Et Pascale Caron, Zoé Renaut-Revoyre, Luc Hansen
Objectif : découverte du concept de sociocratie à travers l'exemple du réseau des Accorderies. Les Accorderies constituent une solution innovante de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale issue du Québec et développée en France depuis 2011. Elles proposent un système d’échange de services qui repose sur une monnaie-temps. L’argent n’est donc plus un frein pour accéder à certains services. Près de dix ans après la création de la première Accorderie en France, le réseau des Accorderies a initié un chantier interne sur la gouvernance. L’essoufflement des membres, ainsi que le manque de renouvellement des instances en sont les raisons. Il s’agit, au travers de cet exemple, de comprendre les facteurs clés de réussite pour renouveler son schéma de gouvernance pour qu’il soit davantage participatif.
La sociocratie en pratique, l'exemple du réseau des Accorderies - Université du Faire ensemble
Université du Faire ensemble © Sébastien Thubert / Agathe Thiebeaux - La Fonda

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Les indispensables

Une solution basée sur la monnaie-temps

Apparu au Québec, au début des années 2000, le concept des Accorderies a essaimé outre-Atlantique dix ans après, avec trente-sept Accorderies en France et un Réseau national, association composée des Accorderies.

L’Accorderie repose sur un système d’échange de services, individuels et collectifs, entre particuliers d’un même territoire de vie. La valeur d’échange est le temps et 1 h = 1 h quelle que soit la nature du service concerné.

Par exemple, quand un Accordeur vous aide à déménager pendant deux heures, il peut utiliser ce crédit de temps pour apprendre à coudre et disposer d’une aide pour tailler ses rosiers.

La monnaie-temps permet d’accéder à de nombreux services, et permet aussi de faire fonctionner le système. Les accordeurs sont ainsi payés en temps pour toute implication dans le fonctionnement de leur Accorderie, de l’accueil à la gestion.

Le besoin de renouveler la gouvernance

En 2017, un ras-le-bol général au niveau local, mais aussi national s’est exprimé par rapport au système de gouvernance pyramidal classique. Ce dernier était devenu en effet synonyme d’un manque de renouvellement et d’implication des Accordeurs dans la gouvernance, d’un épuisement des membres impliqués, mais aussi d’une coupure entre les membres dirigeants et la réalité terrain des Accorderies.

Pour y remédier, un nouveau schéma de gouvernance a été expérimenté depuis 2018 tant au niveau des Accorderies que du niveau national au sein du Réseau avec le «projet réseau 2021 ». Il porte ses fruits avec une forte hausse de l’engagement des membres, une montée en compétences de toutes et tous, ou bien encore par la création de commissions et de groupes de travail directement ancrés sur le terrain grâce à la participation des personnes-ressources issues du local.

Une gouvernance plus participative

La gouvernance du Réseau des Accorderies est désormais plus participative. Au sein du conseil d’administration, quatre pôles existent1 et se déclinent en commissions et groupes de travail.

Dans ces derniers se retrouvent tous les administrateurs et qui s’ouvrent parallèlement à l’implication ponctuelle ou structurelle de personnes-ressources issues des Accorderies.

À cela s’ajoutent le comité exécutif, qui est une instance de gestion des moyens, issue du Conseil d’Administration, et le conseil des sages, garant de la philosophie et du processus d’innovation, qui est en cours de préfiguration.

Deux principes tirés de la sociocratie irriguent le fonctionnement des Accorderies : l’élection sans candidat2 et la prise de décision par consentement.

Les difficultés et bonnes pratiques

Pour impulser un changement de gouvernance, il est essentiel d’être accompagné et formé par un facilitateur extérieur. Ce tiers de confiance facilite le changement de posture des membres. Il permet également la création d’une culture de la gouvernance partagée.

La construction d’un nouveau cadre de gouvernance prend du temps. Il est également opportun de déterminer les grandes lignes directrices, tout en laissant des interstices/ marges de manœuvre pour des expérimentations et des déclinaisons.

S’engager dans une refonte du schéma de gouvernance ne s’improvise pas. La structure doit déjà être suffisamment mature pour mener ce type de démarche, en ayant par exemple une bonne confiance entre les membres. Elle doit également investir dans les conditions de formation et d’accompagnement et logistiques afin de permettre aux membres de se rencontrer en vrai3 .

Ressources bibliographiques

Ce compte-rendu a été rédigé par Luc Hansen de la Fonda et relu par Zoé Renaut-Revoyre et Pascale Caron du Réseau des Accorderies dans le cadre de l’Université du Faire ensemble organisée par la Fonda. Il est mis à disposition sous la Licence Creative Commons CC BY-NC-SA 3.0 FR.

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Université du Faire ensemble © Agathe Thiebeaux - La Fonda

 

  • 1Parmi les quatre pôles, il existe le pôle « Dynamiques de territoire », le pôle « Stratégie nationale », le pôle « Suivi des accorderies en activité et porteurs de projet », et enfin le pôle « Gestion ».
  • 2L’élection sans candidats signifie que ce sont les Accordeurs qui proposent parmi leurs pairs ceux qui siègeront au Conseil d’administration du réseau.
  • 3Prise en compte des frais de transport, de repas, d’hébergement, etc.
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