Jean-Baptiste Say a écrit : « L'économie est fille de la sagesse et d'une raison éclairée : elle sait se refuser le superflu, pour se ménager le nécessaire. »
Quand nous relisons cette phrase d'un des fondateurs de l'école libérale française, nous ne pouvons que nous interroger sur la filiation réelle des responsables économiques et financiers actuels. Aujourd'hui, la crise nous montre que la démesure, le superflu, l'esprit de casino furent et sont encore aux manettes.
Loin de permettre le développement d'un esprit d'entreprise, la gestion collective et individuelle des risques, les mécanismes qui régissent le marché démontrent surtout leur incapacité à redistribuer de manière efficiente les fruits de la croissance et à ménager le nécessaire pour tous.
La question écologique, tout comme les fractures sociales que nous voyons années après années devenir béances, montrent que nous devons envisager différemment notre rapport à l'économie.
Depuis longtemps, la Fonda travaille pour indiquer les dangers qu'il y aurait à n'envisager l'économie que d'un point de vue univoque conduisant à une ouverture toujours plus grande des marchés et à l'uniformisation des formes entrepreneuriales. C'est ainsi qu'en 2001, Jacqueline Mengin, alors présidente de la Fonda, écrivait « les effets produits par l'extension de cette mondialisation, en particulier sur la situation sociale des territoires concernés, commencent à poser de sérieux problèmes d'équilibre des sociétés (...) » Elle poursuivait en disant combien « il est important de montrer qu'il est non seulement possible, mais souhaitable d'entreprendre autrement. »
Dans la continuité de ces travaux, un groupe de travail animé par Michelle Boulègue s'est donc attaché à prolonger la réflexion sur les nouveaux enjeux de l'économie sociale dans un contexte de crise et de concurrence accrue. Après un diagnostic et un essai pour sérier les enjeux actuels pour l'économie sociale et solidaire, le groupe s'est attaché à dresser des perspectives.
Bien évidemment, ce travail ne doit être envisagé que comme une contribution à un débat qui doit se poursuivre. C'est ainsi que nous publierons prochainement une note de propositions relative à l'entrepreneuriat social. Vous trouverez enfin en conclusion de ce numéro un article de Frédéric Pascal sur la crise actuelle.
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Personnes ayant contribué aux travaux présentés dans cette Tribune Fonda : Christophe Boyer, Michelle Boulègue, Thierry Guillois, Jean-Claude Boual, Chantal Chamel, Marie-Hélène Gillig, Jean-Pierre Jaslin, Jean-Louis Laville, Brigitte Lesot, Henry Noguès, Nadine Richez-Battesti, Jocelyne Roche, Michel Rouah, Jacques Trief, Marie-Christine Vergiat.