Le président de la République et le Gouvernement ont décidé d’ouvrir un grand débat national pour sortir de la crise des gilets jaunes, symptôme dramatique de l’extinction d’un dialogue entre l’État et la société civile que les corps intermédiaires traditionnels ne parviennent plus à assurer.
Nous sommes un groupe de laboratoires d’idées, d’exploration et d’innovation issus de la société civile, immergés dans le monde associatif, l’économie sociale et solidaire et dédiés à l’intérêt général. Depuis des années, nous observons de près la société française, ses tensions, ses transformations, ses ruptures, nous conduisons ou nous participons à des études, des recherches et des expérimentations. Nous avons en commun le goût de la prospective et de l’intelligence collective.
Après les premières séquences du grand débat national, chacun voit bien les risques encourus : la multiplication des revendications particulières, la cristallisation des controverses sur quelques sujets emblématiques, la manipulation par les trolls habituels des réseaux sociaux.
Pour nourrir utilement la discussion, lui donner du grain à moudre sur la réalité des problèmes mais aussi des ressources de notre pays et des solutions qui s’expérimentent un peu partout, nous souhaitons verser au débat les faits, les connaissances et les idées mis en lumière par nos travaux et nos réflexions.
La vision que nous partageons est que la crise que traverse notre pays, comme beaucoup d’autres en Europe et dans le monde, ne se réduit pas à la conséquence de choix politiques erronés, de l’affrontement des égoïsmes sociaux ou de l’aveuglement des élites mais résulte de la conjonction de plusieurs mutations de grande ampleur qui transforment simultanément notre rapport à la nature, notre façon de vivre et notre capacité d’agir.
La crise morale que nous ressentons et qui se traduit par la multiplicité de nos indignations traduit notre impuissance à comprendre et à maîtriser l’ampleur et la complexité de ces mutations. On cède alors facilement à la tentation de simplifier le monde et chacun désigne le bouc émissaire ou l’adversaire unique qu’il suffirait de terrasser pour retrouver sa souveraineté sur le cours des choses : la toute-puissance des marchés financiers, la bureaucratie européenne, la pression migratoire, l’arrogance des technocrates, la corruption des politiques…
Les quatre thèmes du grand débat nous renvoient à la même question du vivre ensemble et du faire ensemble :
- Transition écologique : dans quel monde pouvons-nous et voulons-nous vivre ?
- Fiscalité : que voulons-nous mettre en commun et partager ?
- Démocratie et citoyenneté : comment voulons-nous agir ensemble ?
- Organisation de l’État : de quelles garanties et de quels leviers avons-nous besoin pour le faire ?
Nous pensons pour notre part que si nous voulons retrouver le pouvoir collectif de décider et d’agir, il faut commencer par nommer et comprendre les transformations profondes et les ruptures qui travaillent la société, analyser l’usure et l’inadaptation de nos méthodes et de nos institutions. Il faut ensuite donner la parole et se mettre à l’écoute de tous ceux qui créent, innovent, inventent, réparent. Le laboratoire du futur ne se dissimule pas quelque part en Californie ou en Chine, il est dispersé partout sur les territoires que nous habitons. C’est cette énergie diffuse qu’il s’agit de transformer en intelligence collective. Telle est la méthode que nous pratiquons, parfois depuis de longues années, et que nous voulons mobiliser au service du grand débat.
On trouvera ici une brève présentation par chacun d’entre nous de sa contribution et de liens permettant d’accéder, sur nos sites Internet respectifs, aux travaux et publications qui peuvent éclairer et nourrir le débat citoyen :
→ Découvrir la contribution de la Fonda
→ Découvrir la contribution de Futuribles International
→ Découvrir la contribution du Labo de l’ESS
→ Découvrir la contribution de la 27e Région
→ Découvrir la contribution de RESOLIS
→ Découvrir la contribution du Rameau
→ Découvrir la contribution de VersLeHaut
→ Découvrir la contribution de la Fabrique Spinoza
Cette démarche est ouverte à tous les think tanks d’intérêt général qui souhaitent y prendre part : contactez-nous.