Île durable, un label pour renforcer la résilience des îles
Montées des eaux, appauvrissement de la biodiversité, dérèglements climatiques, les îles sont particulièrement vulnérables. Or, 17 % des espèces d’oiseaux et de plantes de la planète se trouvent sur les îles1 . Elles sont de véritables avant-postes pour atteindre l’Objectif de développement durable n°14 « Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines ».
Renforcer leur résilience et leur gestion durable constitue de fait un enjeu clé. « Et cela ne s’improvise pas ! », souligne Domitille Le Huédé, chargée de mission à SMILO.
L’association accompagne, depuis 2017, 45 îles de moins de 150 km2 dans vingt pays différents pour la préservation de l’environnement et la gestion durable de leurs ressources naturelles. Elle a créé pour cela le label « Île Durable ».
Les îles qui souhaitent être labellisées bénéficient d’un accompagnement pour préserver de manière globale l’environnement sur leur territoire. En 2018, l’île de Pangatalan aux Philippines a été la première à obtenir le label « Île Durable ».
Les îles de Bolama, Brownsea, Culatra, Frioul, Gorée, Mer d’Émeraude, Porquerolles, Ouvéa, Principe, Santa Luzia, Sainte-Marguerite, Saint-Honorat Tavolara et Zlarin sont engagées dans ce processus de labellisation.
Une démarche coconstruite
Première étape : chaque île se dote d’un comité insulaire composé d’acteurs locaux pour établir un diagnostic complet du territoire en matière de préservation de l’environnement. Il définit ensuite un plan stratégique de l’île avec des objectifs et des actions à mettre en œuvre.
Si deux évaluations se révèlent satisfaisantes, une intermédiaire et une finale, l’île obtiendra le label « Île Durable », valable cinq ans. Tous les ans, l’île devra néanmoins effectuer un rapport d’activité qui indique les efforts réalisés sur les thématiques SMILO : biodiversité, eau et assainissement, énergie, déchets, paysages et patrimoines.
L’île de Porquerolles, la plus grande des trois îles d'Hyères dans le département du Var, a par exemple choisi de réduire ses déchets plastiques. Le designer Antoine Boudin a offert une solution : revaloriser les déchets de canne de Provence, une plante poussant dans le sud de la France pour créer des couverts, des pailles ou encore des cuillères à glace.
Après une campagne d’expérimentation estivale en 2021, les commerçants qui utilisent le roseau géant ont choisi de poursuivre l’expérience. Ce projet a inspiré des projets similaires sur les îles du Frioul au large de Marseille, ainsi que sur les îles Kerkennah en Tunisie.
Les comités insulaires ne sont pas livrés à eux-mêmes dans la mise en œuvre opérationnelle, ils peuvent compter sur le Fonds pour les îles de SMILO. « Nous finançons les projets entre 5 000 et 50 000 € », précise Domitille Le Huédé. Au total plus de 1,3 million d’euros ont ainsi été investis depuis la création de SMILO en 2017.
L’association organise également un partage d’outils méthodologiques et des formations sur la préservation de l’environnement. Pour Domitille Le Huédé: « grâce à leur taille réduite et la mobilisation active des différents acteurs locaux, ces petites îles sont des laboratoires d’innovation, qui peuvent en inspirer plus d’un. »
- 1Dena Spatz et Nick Holmes, « Les îles, fragiles vitrines de la biodiversité », Le Courrier de l’UNESCO, [en ligne], 2021.