Internet envahit progressivement notre vie quotidienne.
Des ordinateurs, il s'installe sur notre téléphone mobile, dans notre téléviseur, notre réfrigérateur... Il définit de nouveaux usages et nouveaux services, mais recèle aussi de nouveaux enjeux démocratiques. Sous prétexte de bénéficier de services, nous construisons et livrons au plus grand nombre une identité numérique. Les frontières entre l'intime et le public deviennent plus floues.
Nous pensons que c'est à ce moment-là que nous devons conduire au plus vite les réflexions sur les cadres à poser propres à offrir aux individus le droit de disposer comme ils l'entendent de leur être. C'est une exigence démocratique qui appartient aussi au monde associatif.
Défendre nos libertés publiques, accompagner les plus fragiles dans leur vie quotidienne, former les individus pour leur donner du pouvoir sur la vie et les aider à s'émanciper sont autant de défis traditionnels pour les associations qui doivent aujourd'hui prendre la dimension virtuelle que les nouvelles technologies de l'information et de la communication permettent.
Mais Internet est aussi une formidable opportunité pour redéfinir les principes de l'associativité. Son caractère décentralisé permet de nouveaux modes de coopération et collaboration entre les individus et de renforcer les mobilisations bénévoles et citoyennes de toutes sortes. Il favorise l'agrégation des expertises, et même dans de nombreux cas une intervention coordonnée en direction des pouvoirs publics. Les exemples sont nombreux pour démontrer combien un usage associatif du réseau constitue un levier d'intervention sociale et politique. Il donne du pouvoir à ceux qui savent s'en saisir.
Malgré ces avantages, nous devons constater que les associations sont trop nombreuses à ne voir dans Internet qu'un outil de communication institutionnelle. Les responsables associatifs, à l'image du reste de la société, voient au tout premier abord que des risques et expriment le besoin de contrôler cet outil (limiter l'accès aux forums, aux commentaires, restreindre la capacité d'intégrer du contenus...). Ce numéro de la Tribune Fonda veut participer au débat sur Internet et associations.
Nous sommes convaincus que la façon de traiter de l'usage associatif du réseau peut conduire à de nouvelles fragmentations du monde associatif. Nous percevons qu'elle se fera entre ceux qui, se saisissant pleinement de ces opportunités, sauront inventer de nouveaux modes d'action et de promotion collectives et ceux qui pris dans une vision plus pyramidale passeront à côté d'un outil de la modernité et du renouvellement de leur projet.
Au-delà, nous sommes aussi convaincus que le monde associatif doit intervenir dans le débat sur les usages citoyens du web et le nécessaire droit d'accès universel au réseau. L'enjeu est bien à terme de faire une société pleinement démocratique et solidaire.
Albert Einstein a écrit : « Il est hélas devenu évident aujourd'hui que notre technologie a dépassé notre humanité. » Il nous appartient collectivement sur cette question d'Internet de faire en sorte que notre humanité ne se laisse pas une nouvelle fois dépasser.