--> Télécharger l'étude complète
Nos travaux mettent en lumière le potentiel transformateur des tiers-lieux nourriciers pour renforcer la démocratie alimentaire et le pouvoir d’agir des citoyens. En créant des passerelles entre les professionnels de l’alimentation, les citoyens, les associations, les collectivités... ces espaces encouragent la transversalité des approches et les connexions entre les projets locaux de transition agroécologique et alimentaire. À travers des actions variées telles que des ateliers de cuisine, des festivals, des chantiers participatifs et des formations, ils sensibilisent le public à l’alimentation durable. Souvent partenaires des politiques alimentaires locales, notamment dans le cadre des Projets Alimentaires Territoriaux (PAT)1 , ces tiers-lieux illustrent l’intérêt de porter des politiques plus transversales et inclusives. Ils facilitent la création d’activités agro-écologiques et l’installation de néo-agriculteurs, notamment par des partenariats et des baux flexibles (exemple des espaces-tests agricoles). Les dynamiques de mutualisation et de coopération permettent de relocaliser certaines productions et de développer des outils répondant aux besoins des acteurs de l’alimentation locale.
L’enquête révèle également les défis auxquels sont confrontés les porteurs de projets de tiers-lieux nourriciers. La gestion des ressources humaines est complexe en raison de la diversité des compétences requises, telles que l’animation de communautés, la gestion agricole, et la connaissance des politiques agricoles. Ce manque de compétences peut contraindre les tiers-lieux à adapter leur offre en fonction des compétences disponibles. Ces initiatives reposent souvent sur l’engagement de quelques individus moteurs, ce qui peut conduire à des risques d’épuisement. De plus, les modèles économiques des tiers-lieux sont fragiles, en partie à cause de la difficulté à obtenir des soutiens publics et de la faible reconnaissance institutionnelle de leurs contributions. Il est également difficile de valoriser leurs impacts extra-financiers sur la qualité de vie, le lien social et la préservation des ressources locales.
Bien que les PAT et les tiers-lieux nourriciers partagent souvent des objectifs similaires et collaborent sur des projets communs, les ressources financières et humaines des PAT sont limitées et bénéficient peu aux projets des tiers-lieux nourriciers. Pour accompagner ce mouvement de fond en faveur d’une alimentation saine et durable, où la coopération entre acteurs locaux et l’implication citoyenne sont centrales, nous nous engageons à poursuivre notre travail d’observation, de compréhension, d’outillage et d’accompagnement des tiers-lieux nourriciers. En stimulant les mises en réseau et en développant des formations destinées aux acteurs de ces lieux, nous contribuons à outiller les nouveaux projets, sécuriser les initiatives existantes et pérenniser leurs savoir-faire. De plus, en co-produisant des propositions à l’attention des pouvoirs publics, nous militons pour une meilleure reconnaissance du mouvement dans les politiques agricoles et alimentaires.