Considérer les personnes accueillies
La participation sans la considération n’est qu’un semblant de paix intérieure sans âme ni partage.
La considération des personnes accueillies, c’est entendre leur parole, et surtout entendre leur coup de gueule, leur coup de force parfois ; c’est accepter d’être renvoyé vers nos propres contradictions.
Considérer les personnes accueillies, c’est accepter de laisser la place nécessaire à leur émancipation, leur accorder un rôle à part entière de participant et dirigeant à tous les étages de nos fusées associatives.
Considérer les personnes c’est accepter qu’elles soient à nos côtés dans le montage de projet, reconnaître les savoirs, les différences et compétences expérientielles, et non plus les positionner comme « la personne au centre », cible de tous les regards et nécessairement de tous les jugements.
Enfin, considérer les personnes c’est prendre plaisir à travailler ensemble, rire, se reconnaître en temps qu’être humain ; c’est amener nos associations vers une exemplarité et un équilibre où toutes les parités peuvent se développer.
Donner sa place à toutes les formes de parité
À Point d’eau, association, mais aussi laboratoire des initiatives de la rue, nous expérimentons toutes les formes de parité. D’un démarrage en politique des petits pas avec l’ouverture d’une bagagerie autogérée et la naissance d’un dispositif de service civique pour jeune en errance, en passant par l’explosion participative lors de la période COVID, en dix ans, l’association a grandi.
Aujourd’hui, Point d’eau compte dans son équipe deux travailleurs et travailleuses paires, plus de 250 bénévoles pour la plupart issus des personnes accueillies, onze salariés en insertion et enfin six personnes accueillies faisant partie du conseil d’administration.
La participation : vecteur de réussite et d’adéquation aux valeurs
La participation à Point d’eau est porteuse de mille dimensions. Elle permet de poursuivre inlassablement l’accueil inconditionnel de plus de 300 personnes chaque matin autour des questions d’hygiène, de santé, d’accès aux droits ou encore de remobilisation. Elle traduit une adéquation entre nos valeurs, les projets et les réalités du terrain. Enfin, elle apaise et encaisse les frustrations et crispations de la rue au quotidien.
Sans la participation et la considération, Point d’eau n’aurait pas su consolider une place à part entière en tant que partenaire central et non simple prestataire du dispositif d’urgence sociale grenoblois. L’ouverture et la confiance faites aux personnes de la rue sont donc porteuses d’émancipation non seulement pour elles-mêmes, mais aussi, et surtout, pour les organisations qui les mobilisent.