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« Sortir de la crise démocratique : donner le pouvoir d'agir »

Pacte du pouvoir de vivre
Et Claire Thoury, CFDT
Le Pacte du Pouvoir de vivre pointait récemment dans une tribune publiée dans Le Monde, le 18 mars 2023, le risque de voir la crise démocratique peser sur notre capacité à engager pleinement la transition écologique et la lutte contre les inégalités qui s’imposent à nous. Cela alors même que les défis sont immenses et qu’ils exigent une accélération et un changement d’échelle qui ne pourront passer que par un fort engagement de toute la société. L'alliance des 65 organisations du Pacte du Pouvoir de vivre, dont la Fonda est membre, publient les résultats d’un sondage réalisé avec l’Institut IPSOS SOPRA STERIA sur les inquiétudes des français face à l’avenir, sur les blocages et leviers identifiés, sur les perspectives de mobilisation citoyenne. Près d’un an après le lancement du second quinquennat d’Emmanuel Macron, elles livrent également leur analyse des freins et solutions pour sortir de la crise.
« Sortir de la crise démocratique : donner le pouvoir d'agir »
Conférence de presse du Pacte du pouvoir de vivre, du 12 avril 2023

→ Télécharger l'enquête IPSOS « Les Français, la justice sociale et le partage des efforts »

→ Visionner le replay de la conférence de presse du Pacte du pouvoir de vivre, du 12 avril 2023


Crise sociale : des ménages inquiets pour l'avenir

Le sondage réalisé par l’Institut Ipsos Sopra Steria pour le Pacte du Pouvoir de Vivre donne à voir que 60% des citoyens craignent de basculer dans la précarité.

L’inflation a atteint 5,2 % en France en moyenne sur 2022, et les prix de l’alimentation ont bondi de près de 15% en un an. Les prix de l’énergie ont également connu des augmentations record avec une augmentation de 28% entre 2021 et 2022.

Ces fortes hausses touchent particulièrement les ménages modestes qui vivent "sur le fil". Du côté des plus pauvres, elles donnent lieu des arbitrages impossibles entre des dépenses toutes essentielles.

L’inquiétude pour l’avenir n’est pas la seule dimension à prendre en compte.

Le sondage met en évidence des niveaux d’inquiétude élevés sur plusieurs autres sujets : l’avenir de la France, l’environnement, l’avenir de la démocratie, l’avenir de la protection sociale et le propre avenir des citoyens.

Ce constat pose la question de la possibilité, pour ces prochains mois, de mobiliser les citoyens pour engager les transformations que notre société doit opérer : doubler le rythme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, préserver la biodiversité et le vivant, lutter contre la pauvreté et les inégalités, réindustrialiser le pays sont autant de défis pour lesquels la société, dans son ensemble, doit s’engager.

Une crise démocratique perçue comme un frein aux transformations écologiques et sociales

83% des français pensent que la crise démocratique actuelle risque d’empêcher l’adoption de grandes réformes en faveur de la transition écologique et de la justice sociale.

Le Pacte du pouvoir de Vivre partage cette analyse : la crise démocratique actuelle, qui s’est cristallisée autour de la réforme des retraites, risque de freiner fortement l'élan nécessaire pour entreprendre les transitions à opérer en matière de transition écologique et de réduction des inégalités.

Les conclusions du Conseil Constitutionnel, attendues le 14 avril, sont un moment déterminant pour offrir l’apaisement nécessaire et retrouver les conditions du dialogue social et du travail collectif.

(Re)trouver la cohérence et le sens des priorités

Une première année de second quinquennat pas à la hauteur des engagements

Lors de la campagne présidentielle de 2022, Emmanuel Macron avait annoncé vouloir tirer les enseignements de son premier quinquennat. D’abord en annonçant "changer de méthode", concédant ainsi n’avoir pas réussi à écouter et mobiliser la société et en particulier les corps intermédiaires. Ensuite en annonçant de nouvelles ambitions pour faire de la France “une grande nation écologique” et "s'attaquer aux inégalités à la racine".

Mais, pour les organisations du Pacte du Pouvoir de Vivre, la première année du second quinquennat d’Emmanuel Macron n’est pas à la hauteur des défis à relever, ni à la hauteur de ses engagements. Le Président et son gouvernement n'ont pas, à ce stade, su relever cette double ambition. Par ailleurs certaines paroles et décisions suscitent l’inquiétude de nos organisations, et en particulier :

  • La réforme de l’assurance chômage et la conditionnalité au versement du RSA traduisent une vision erronée et stigmatisante de la situation de demandeurs d’emploi et des personnes en situation d’exclusion.
  • La loi Kasbarian-Bergé tout aussi injuste qu’inutile risque de conduire à une surenchère répressive contre les personnes sans abri et mal-logées sans résoudre la crise du logement.
  • La mise en place des zones à faible émission (ZFE), nécessaires sur le plan sanitaire et climatique, est mal anticipée et souffre d’un manque d’accompagnement des personnes les plus modestes pour qui des alternatives doivent impérativement être proposées.
  • La rénovation thermique des logements, malgré la triple nécessité d’allier sobriété, économie des ménages et lutte contre la mal logement, souffre de fortes insuffisances (nombre limité de rénovations globales et performantes, reste à charge trop élevés pour les ménages à faibles ressources...).
  • La prolongation de coupes budgétaires importantes sur les bailleurs sociaux et les faibles perspectives de construction de logements après des années de baisse inquiétantes.
  • La bien trop faible augmentation des minima sociaux accordée par le gouvernement (+ 1.6%) au regard de l’inflation.
  • Les premières orientations du projet de loi pour contrôler l’immigration et améliorer l'intégration suscitent de vives inquiétudes...
  • La mise en place des CNR, dont celui sur la Santé, qui sur la méthode et sur l’atterrissage, continuent de susciter de nombreuses interrogations.

En ce qui concerne la méthode et la gouvernance, les premiers mois de l’année 2023 auront été marqués par une opposition très majoritaire des travailleurs et des citoyens à la réforme des retraites, incarnée par une mobilisation sociale et citoyenne sans précédent depuis plusieurs décennies. L’absence de dialogue et de considération, le flou et les contradictions sur les attendus comme les effets de la réforme, le recours au 49.3 pour faire adopter le texte sur la réforme des retraites et les petites phrases et attaques personnelles, abîment encore un peu plus la démocratie et le dialogue social.

En plus des tensions démocratiques majeures sur la réforme des retraites, nos organisations n’observent pas de changement profond, mais plutôt un empilement de consultations et de communications.

C’est le cas de la mise en place du Pacte des Solidarités et les questions que pose son articulation avec la planification écologique. C’est aussi le cas du Conseil National de la Refondation et ses déclinaisons thématiques et territoriales, entre lesquelles il est difficile de trouver une cohérence d’ensemble, une colonne vertébrale et d’apprécier l’ambition de transformations sur les plans écologiques et sociaux.

Enfin, nos organisations réprouvent fermement certaines déclarations qui, après la mise en place du contrat d’engagement républicain sujet à interprétation, viennent menacer la vie associative et son indépendance d’action.

Partage des richesses, partage des ressources, partage des responsabilités

On ne peut construire une société apaisée sans partage. Et on ne peut répondre aux défis sociaux et écologiques sans moyens supplémentaires. Il nous faut donc envisager une contribution plus importante et plus progressive de ceux qui en ont les moyens.

Pour en lire plus : https://www.pactedupouvoirdevivre.fr/publications/partages-des-richesses-partag

Des nœuds urgents à démêler

Sortir du blocage actuel revient aussi à anticiper les points de blocage à venir. L’accélération de la transition écologique et de la lutte contre les inégalités soulève des points de tension qu’il faut identifier et résoudre.

Dans ce contexte, la stratégie de lutte contre la pauvreté (Pacte des solidarités) attendue pour le printemps doit impérativement être hautement ambitieuse et pleinement articulée avec la planification écologique.

À court terme, nos organisations ont identifié des nœuds importants qui, en plus d’être des points de tension politiques, touchent pleinement le quotidien des citoyens, et notamment des plus modestes.

  1. Rendre la mobilité durable accessible à tous
  2. Une alimentation saine pour tou·te·s dans les cantines
  3. Rénovation thermique des logements

Faire vivre la démocratie : le collectif devient aussi un espace d'engagement pour les citoyens

Le Pacte du pouvoir de vivre respectera les décisions du Conseil constitutionnel le 14 avril. Quelles qu’elles soient, elles ne pourront pas effacer l’absence de considération pour les femmes et les hommes qui se sont mobilisés massivement depuis 3 mois. Impossible aujourd’hui de prédire comment s’exprimera le ressentiment né de cette crise démocratique. Toutefois la résignation ne semble pas prendre le pas, comme le montre notre enquête :

37% des Français.es affirment que la crise démocratique actuelle leur donne envie de plus s’engager, et 58% chez les plus jeunes (10-24 ans).

Parce qu’il ne peut pas attendre pour peser davantage et être entendu, le Pacte du pouvoir de vivre veut mettre en œuvre le pouvoir d’agir au niveau national et local.

Le Pacte du Pouvoir de Vivre ouvre ainsi un espace d’action aux citoyen·ne·s qui veulent porter un autre projet de société et œuvrer à montrer qu’il est possible de concilier transition écologique et justice sociale.

L’objectif est de contribuer à faire vivre la participation citoyenne, pour susciter l’engagement et former les citoyen·ne·s à porter demain le projet de société du Pacte.

Le Pacte pourra ainsi jouer un rôle de trait d’union entre les citoyens et l’action politique, un rôle de sas pour celles et ceux qui veulent s’engager. Aujourd'hui dans le Pacte, demain dans une association, un mouvement, un syndicat, un parti politique, une collectivité…

Le Pacte du Pouvoir de vivre propose ainsi aux citoyens et citoyennes de s'inscrire via son site Internet pour participer à faire vivre les actions et les projets du collectif et des organisations qui le composent.

Les citoyennes et citoyens pourront ainsi s’engager en :

  • S’informant / se formant et notamment via la création prochaine de l’Ecole du Pouvoir de Vivre, lancée officiellement lors de la journée du Pouvoir de Vivre à l’automne.
  • Relayant les actions.
  • Agissant près de chez soi.

→ Télécharger l'enquête IPSOS « Les Français, la justice sociale et le partage des efforts »

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