Projets en coopération

Projet en coopération - le Pacte du pouvoir de vivre, une alliance inédite de la société civile

Pacte du pouvoir de vivre
Et Hannah Olivetti
Dans le contexte de la crise des Gilets Jaunes et du Grand Débat national, dix-neuf organisations de la société civile ont uni leurs forces pour présenter 66 propositions répondant à l'urgence sociale et écologique. En l’espace de trois années, cette alliance inédite s'est agrandie et ce sont à présent une soixantaine d’organisations de la société civile qui ambitionnent de devenir un interlocuteur clé des pouvoirs publics.
Projet en coopération - le Pacte du pouvoir de vivre, une alliance inédite de la société civile
Christophe Robert lors de la dernière étape du « Tour de France du Pacte » aux Grands voisins à Paris le 5 mars 2020 © Vincent Jarousseau

Dans le cadre du programme Faire Ensemble 2030, la Fonda souhaite valoriser les coopérations pluriacteurs. Cette fiche s’intéresse au Pacte du pouvoir de vivre.

Hannah Olivetti a rédigé cet article, suite à un entretien le 1er  avril 2022 effectué avec Christophe Dague, Secrétaire confédéral de la CFDT en charge de la coordination du Pacte du pouvoir de vivre.

La volonté de construire un socle commun de propositions

Notre époque est marquée par des crises multiples auxquelles les acteurs associatifs tentent d’apporter à leur échelle des solutions. Parmi ces crises, celles-ci font plus particulièrement ressentir leur urgence : une crise environnementale avec le dérèglement climatique, une crise démocratique avec la hausse de la défiance des citoyens à l’égard des institutions, une crise économique et sociale caractérisée par l’augmentation des inégalités. 

Dans un tel contexte, il est apparu nécessaire pour des représentants d’associations environnementales, de solidarité, d’éducation populaire et de syndicats de porter collectivement un discours en faveur du vivre-ensemble. Quinze structures, dont ATD-Quart Monde, la CFDT, le Mouvement associatif ou bien encore la Fondation pour la Nature et l’Homme, ont constitué le collectif « Faire vivre les places de la République » en 2016. 

Deux ans après, la révolte sociale gronde vivement en France avec le mouvement des Gilets jaunes. Portant initialement sur la hausse du prix de l’essence, les revendications s’élargissent pour améliorer les conditions de vie. Pour sortir de cette crise et, plus globalement, recueillir la parole citoyenne, le président de la République, Emmanuel Macron, initie le Grand Débat national le 15 janvier 2019. Des débats locaux, des conférences nationales avec les associations ou bien encore des conférences régionales citoyennes sont constitués en ce sens, en plus de la mise en place de cahiers de doléances dans les mairies. 

Le collectif « Faire vivre les places de la République » se réunit à cette période pour savoir s’il est opportun d’y prendre part. Les structures membres estiment en effet que ce Grand Débat national est un exercice nécessaire, mais il laisse -de nouveau- peu de place à la société civile. Elles s’accordent sur la nécessité d’y participer, d’organiser des débats et de créer une contribution commune sur des thématiques majeures. 

Chaque organisation prend la plume et formule cinq propositions qui font l’objet de discussions le 14 février de la même année. Lors de cette journée de travail, 66 propositions ont été identifiées et consolidées. Elles s’articulent autour de quatre axes majeurs : la démocratie, l’environnement, le social et la fiscalité. Le Pacte du pouvoir de vivre est officiellement lancé le 5 mars 2019 par une conférence de presse qui sera l’occasion de présenter les dix-neuf organisations présentes, les objectifs que se fixe ce nouveau collectif ainsi que les 66 propositions. 

Conférence de presse de lancement du Pacte du pouvoir de vivre à Paris le 5 mars 2019 (Photo : Anne Bruel)
Conférence de presse de lancement du Pacte du pouvoir de vivre à Paris le 5 mars 2019 © Anne Bruel

Une alliance unique de structures de la société civile

En l’espace de trois années, le Pacte du pouvoir de vivre s’est agrandi. Il compte désormais une soixantaine d’organisations de la société civile. Cette alliance inédite ambitionne d’influencer la prise de décision politique en devenant un interlocuteur clé des pouvoirs publics, tout en apportant des éclairages sur des enjeux stratégiques, comme la lutte contre la pauvreté, le logement, l’alimentation, l’agriculture, la santé ou bien encore la démocratie. 

Le Pacte du pouvoir de vivre constitue une démarche volontaire. Les structures partagent une envie de penser de manière globale et systémique les questions environnementales, sociales et démocratiques. Elles agissent d’une façon commune sous forme de consensus, en partageant des principes d’action, comme  , par exemple, ne pas entrer dans une confrontation systématique avec le gouvernement, prôner le dialogue et le compromis, etc.  

Les organisations ont souhaité développer l’ancrage territorial du Pacte du pouvoir de vivre. Une quarantaine de groupes locaux ont ainsi vu le jour dans toute la France. Ils déclinent les propositions en fonction des enjeux locaux, tout en menant un important travail de dialogue avec les candidats aux élections. La particularité est que ce sont les structures-membres qui organisent elles-mêmes le fonctionnement interne du groupe, ce qui ne fut pas sans difficultés au début . Souvent, les groupes locaux prennent racines autour de 2 ou 3 organisations grâce à l’impulsion de quelques militants et bénévoles. Il faut ensuite construire dans le temps des relations de confiance, apprendre à travailler ensemble à partir de cultures différentes, investir beaucoup d’énergie pour que le groupe s’élargisse et agisse au quotidien en complément des activités des uns et des autres.

Groupe local Lyon-Rhône sur scène à l’issue du meeting de Vaulx-en-Velin le 15 mars 2022 © Alexandre Iacconi
Groupe local Lyon-Rhône sur scène à l’issue du meeting de Vaulx-en-Velin le 15 mars 2022  © Alexandre Iacconi

L’organisation d’un « Tour de France du Pacte » dans 10 villes de novembre 2019 à mars 2020 a permis de mettre en avant le travail de ces groupes locaux qui regroupent des organisations d’horizons divers (la mutualité, les fondations, les associations, les syndicats, etc.) ayant des domaines de spécialisation différents, comme l’éducation populaire, l’environnement, l’économie sociale et solidaire, etc. Elles peuvent compter sur le soutien et la coordination d’une personne  à mi-temps qui fait le lien entre le Pacte au niveau national et les groupes locaux, informe (de manière ascendante et descendante) des activités des uns et des autres, organisent des rencontres entre groupes locaux pour mutualiser les pratiques et répondre aux difficultés rencontrées. 

La structuration du PPV, un enjeu stratégique pour la pérennité

Le Pacte du pouvoir de vivre s’articule autour de deux instances : le groupe de coordination et la plénière. Composé de dix structures, le groupe de coordination s’attache à la gestion opérationnelle en abordant notamment les divers sujets en cours, les relations entre les membres et avec les autres organisations. Il se réunit deux fois par mois, tout en maintenant des liens réguliers entre les membres via une boucle WhatsApp. Pour animer et coordonner ce groupe, il serait nécessaire qu’une personne y soit dédiée à temps plein, toutefois ce n’est pas le cas actuellement. C’est Christophe Dague, secrétaire confédéral de la CFDT, qui s’en occupe en plus de ses autres missions. 
A cela s’ajoute la plénière. Toutes les structures du Pacte du pouvoir de vivre y prennent part et se réunissent tous les trois mois. C'est l’occasion de faire le point dans une perspective stratégique des actions menées par le Pacte du pouvoir de vivre.

Des conseils pour faire ensemble

  • Veiller à ce que chaque organisation prenant part à la coopération et partage l’ambition commune,
  • Prévoir des temps d’acculturation pour les membres du collectif,
  • Prévoir des temps d’échange réguliers entre les organisations.

Une volonté d’actualiser et de diffuser les propositions du Pacte du pouvoir de vivre

Suite à la crise liée au COVID-19 et à l’arrivée progressive d’une trentaine d’organisations au sein du Pacte du pouvoir de vivre pendant les deux premières années, l’actualisation du socle commun des 66 propositions est apparue nécessaire. Des groupes de travail thématiques se sont constitués autour de quatre thématiques clés : le social, l’environnement, la démocratie et la fiscalité. Ce travail de longue haleine sur neuf mois a abouti en septembre 2021 à la formulation de 90 propositions. Plus instruites que les précédentes, elles incluent des objectifs et les moyens pour y parvenir. Ces 90 propositions se déclinent en « 19 pouvoirs de » qui structurent le projet de société global  incarné par le pacte du Pouvoir de vivre.  Un projet de société pour une société bienveillante pour toutes et tous, le refus de la stigmatisation des plus pauvres, le combat prioritaire contre les inégalités, la lutte contre le changement climatique, pour la transition écologique socialement juste, l’accès aux droits et à une santé de qualité, la vitalité démocratique dans notre pays. Laurent Berger, Secrétaire général de la CFDT, et Christophe Robert, Délégué général de la Fondation Abbé Pierre et porte-parole du Pacte, les ont présentées le 5 novembre 2021 lors de la matinale de France Inter. 

Plénière du Pacte du pouvoir de vivre le 22 juin 2021 à Paris (Photo : Ljubisa Danilovic)
Plénière du Pacte du pouvoir de vivre le 22 juin 2021 à Paris © Ljubisa Danilovic

En même temps, le site internet du Pacte du pouvoir de vivre a été profondément remodelé. Il rappelle désormais l’historique, présente les organisations membres, rend accessible les fiches et les propositions. Par ailleurs, des webinaires d’une trentaine de minutes ont été proposés aux structures et aux groupes locaux  pour favoriser l’appropriation de ces propositions.

Dans la perspective de l’élection présidentielle d’avril 2022, l’équipe du Pacte du pouvoir de vivre a rencontré les candidats et leurs équipes de campagne afin de présenter les sujets essentiels défendus par cette alliance. Dans l’entre-deux tours, le Pacte du pouvoir de vivre a appelé à voter contre l’extrême-droite. Les groupes locaux, quant à eux, mènent tout un travail de terrain avec les candidats aux élections législatives à la fois pour peser sur les programmes, mais aussi pour préparer la suite. Le Pacte du pouvoir de vivre se fixe en effet l’ambition de poursuivre cette aventure et peser toujours plus pour une société écologique et socialement juste. 
 

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