L’association Les Enfants du canal est née en avril 2007 suite au mouvement des Enfants de Don Quichotte sur le canal Saint Martin à Paris pendant l’hiver précédent. Son objectif premier est de lutter contre l’exclusion des personnes vivant dans la rue, hébergées et mal-logées.
Elle a ensuite élargi son champ d’action en intervenant auprès des personnes vivant en bidonvilles, « roms » ou considérés comme tels.
Depuis novembre 2013, l’association met en œuvre Romcivic, un projet d’insertion financé par l’État, pour des jeunes issus des bidonvilles d’Île-de-France par le biais du service civique. L’objectif principal est d’améliorer la situation des personnes vivant en bidonvilles, celle de ces jeunes mais également celles des familles vivant sur les terrains où ils interviennent.
Ces volontaires bénéficient d’un accompagnement social et éducatif renforcé, dont l’objectif est la sortie du bidonville, l’insertion par le logement et l’emploi. Cela permet également la rencontre entre de jeunes roumains, bulgares ainsi que français, de toutes origines et de tous niveaux scolaires, qui sont amenés à travailler en équipe.
Ils effectuent des missions d’intérêt général dans les bidonvilles, que voici :
— Appui et soutien aux structures partenaires intervenant auprès des habitants: accompagnement physique vers des structures d’accès aux droits (hôpital, mairie…), soutien au sein de structures accueillant des personnes en situation de précarité (Espace Solidarité Insertion, Centre d’accueil, de soins et d’orientation).
— Actions d’amélioration des conditions de vie des personnes : participation aux campagnes de vaccination de l’Agence régionale de santé (ARS), intervention de la laverie mobile une fois par semaine.
« Les gens n’ont pas d’endroit proche pour laver leurs affaires. La laverie mobile garée sur le bidonville facilitait la vie à beaucoup de personnes qui pouvaient laver une chemise ou un pantalon à côté de chez eux. J’ai aimé participer à ce projet car j’ai pu parler avec les habitants, les écouter et leur rendre service. J’en suis très fier.»
Florin Grec, volontaire à Vitry
— Animation auprès des enfants : temps d’animation le mercredi et pendant les vacances scolaires, découverte de lieux socio-culturels locaux, organisation de fêtes de Noël et de fin d’année
— Lutte contre les préjugés, sensibilisation et formation à la thématique des bidonvilles et des personnes roms ou considérées comme telles : participation et témoignage des volontaires lors de formations, participation des volontaires lors d’événements institutionnels, communication et médiatisation des actions.
Chaque année, une trentaine de volontaires s’engagent dans ce projet. Ils interviennent par équipe sur différents bidonvilles en Île-de-France (cette année, à titre d’exemples : Stains, Montreuil, Vitry et Choisy).
Au départ, le constat de difficultés d’inclusion pour les Roms
Les personnes dites « roms » qui vivent dans les bidonvilles d’Île-de-France connaissent des conditions de vie extrêmes : accès quasi impossible à l’école pour les enfants d’âge scolaire ou au travail légal pour les adultes, lieux de vie insalubres dépourvus d’installations sanitaires, état de santé souvent préoccupant, insécurité permanente provoquée par les déplacements forcés.
Malgré les orientations européennes visant à favoriser leur inclusion et une circulaire interministérielle d’août 2012 dont le but est d’impulser des actions en ce sens, la situation reste alarmante. Selon les estimations, plus de 5 000 de ces enfants vivant en France arriveront à 16 ans sans jamais, ou presque, avoir été à l’école.
Les différents projets
Les jeunes participent en plus de leurs missions à différents projets :
— Projet Radio
Permettre à de jeunes volontaires d'animer et de réaliser une émission. L’objectif est de donner la parole aux habitants des bidonvilles et de développer l'empowerment des volontaires à travers la maîtrise d’un outil d’expression.
« Le projet radio, c’est la possibilité de s’exprimer sur les sujets de notre choix, dont on n’entend pas forcément parler. Les interviews permettent de rencontrer plein de personnes différentes, et d’en apprendre plus sur notre sujet. Quant à l’animation des émissions, c’est une expérience vraiment géniale. »
Annabelle Joubert, volontaire« J’aime bien la radio parce que je parle en français. Ce que je préfère ce sont les moments quand on prépare l’émission. »
Loredana Covaciu, volontaire
— Projet Abécédaire
C’est un documentaire filmé dans lequel les volontaires ont choisi un mot en français pour chaque lettre de l’alphabet et proposé une manière originale de l’illustrer.
« C’est l’opportunité de donner un espace de parole à des jeunes qui ne sont pas écoutés ni entendus et d’en apprendre plus sur eux. On en apprend aussi beaucoup sur la technique (prises de sons, d’images…). C’est un projet super enrichissant. »
Lana Breuze, volontaire
— Projet Syner J
Il consiste à rassembler des jeunes issus de la communauté rom de la région parisienne pour qu’ils deviennent acteurs du vivre ensemble et de la lutte contre le racisme et les discriminations, et pour qu’ils aient une approche de leur histoire sous l’angle de la « résistance ». Cela se traduit par des temps d’échanges avec des personnalités inspirantes de la communauté, ainsi que par la participation à un voyage en Pologne à Auschwitz.
« Ce projet me plait car j’ai rencontré et j’ai parlé à Raymond Gurême. J’ai appris ce qu’il avait fait dans sa vie, quand il a été séquestré et qu’il a fui. Puis quand il a été battu par la police. J’aime bien parce qu’on est nombreux et chacun peut poser des questions. »
Irina Mir, volontaire
— Projet Nanterre
En partenariat avec des étudiants en sciences de l'éducation de l'université Paris Nanterre, les volontaires ont élaboré des outils pédagogiques sur différents thèmes pour des enfants vivant en bidonvilles. Ils sont allés présenter et utiliser ces nouveaux outils avec les enfants du bidonville de Nanterre.
« Le projet Nanterre réunit des étudiants de sciences de l’éducation avec des enfants vivant dans des bidonvilles dans le but de partager un moment ludique et récréatif avec eux. C’est un super projet car on en apprend autant que les enfants puisque nous partageons leur univers. »
Céline Sepel, volontaire
Les résultats
Depuis 2013, 200 volontaires se sont engagés au sein du projet. Dans le cadre de leurs missions, 5 000 personnes ont bénéficié des actions des jeunes, sur une trentaine de bidonvilles. À l’issue de leur accompagnement tout au long de l’année, 55% des volontaires ont accédé à un emploi ou à une formation, et 66% des volontaires ont amélioré leur situation et ont ainsi accédé à un logement ou un hébergement.
Depuis 2017, le projet Romcivic est lauréat de La France s’engage, ce qui a permis de développer son essaimage national. L’objectif est d’accompagner et d’aider des structures sur d’autres territoires à développer des projets similaires afin de créer le RISOME – Réseau pour l’inclusion par le service civique ouvert aux migrants et aux étrangers.