Engagement

Ressource #6 « Place des jeunes dans les territoires ruraux » de Danielle Even et Bertrand Coly [Engagement]

Hannah Olivetti
Hannah Olivetti
Dans le cadre de l’exercice de prospective « Vers une société de l’engagement ? », la Fonda a souhaité ouvrir un espace de réflexions sur l’engagement : un club de lecture ! Dans cette sixième fiche de lecture, Hannah Olivetti discute la « Place des jeunes dans les territoires ruraux » de Danielle Even et Bertrand Coly, paru en 2017.
Ressource #6 « Place des jeunes dans les territoires ruraux » de Danielle Even et Bertrand Coly [Engagement]
Visuel club de lecture ressource #6 © Agathe Thiebeaux / La Fonda

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Ressource #6 Danielle Even et Bertrand Coly (CESE), Place des jeunes dans les territoires ruraux, janvier 2017, 113 pages.

Fiche de lecture par Hannah Olivetti, chargée de mission Prospective de la Fonda.

Mots clés : #Jeunes #Ruralité #Difficultés #Engagement

ENSEIGNEMENTS CLÉS

Brève présentation de l’auteur

Après une carrière dans le secteur social, Danielle Even est devenue éleveuse de porcs dans les Côtes-d’Armor. Elle a présidé pendant huit ans l’association Agriculteurs de Bretagne. Elle a été désignée membre du CESE pour la mandature 2015-2021 et a siégé dans le groupe de l’agriculture.

Bertrand Coly, quant à lui, a exercé de nombreuses responsabilités au sein du Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC). Il a cocréé en 2012 le Forum Français de la jeunesse. Il a été désigné membre du CESE pour la mandature 2015-2021 et a siégé dans le groupe des organisations étudiantes et mouvements de jeunesse.

Pourquoi cette ressource ?

Le Gouvernement a saisi fin juillet 2016 le Conseil économique, social et environnement sur la place des jeunes dans les territoires ruraux. L’objectif étant d’apporter des éléments de compréhension sur ces jeunes ruraux, d’identifier les points de blocage et les initiatives réussites.

Ce rapport offre un diagnostic complet de ces jeunes ruraux qui sont à une étape charnière de leur vie, entre le monde de la formation et le monde du travail. Il n’existe pas une jeunesse rurale, mais bien une diversité de jeunes avec, certes, des traits communs, mais aussi des spécificités. Le rapport s’intéresse également aux parcours scolaires et à l’insertion professionnelle des jeunes, à leur qualité de vie, ainsi qu’aux politiques publiques menées.

MISE EN PERSPECTIVE AVEC L’ENGAGEMENT

Il existe une diversité des jeunes dans les espaces ruraux. La chercheuse Mélanie Gambio identifie 3 jeunesses, qui ne sont pas étanches les unes par rapport aux autres : la jeunesse étudiante, celle qui travaille et les NEETS (Not in Education, Employment or Training, sans emploi, pas d’études ni de formation). Les jeunes sont faiblement représentés dans les espaces ruraux. Les jeunes ruraux viennent plus souvent de familles de milieux modestes (ouvriers, employés, etc.).

En 2006, en France métropolitaine, 14 % des jeunes de 15 à 29 ans résident dans un espace à dominante rurale (soit 1,6 million de jeunes).
Source : Chantal Brutel,« Jeunes et territoires : l’attractivité des villes étudiantes et des pôles d’activité », INSEE Première n°1275, 2010.

Les jeunes ruraux ont tendance à mieux réussir scolairement que leurs homologues des villes. Cela s’explique par le fait qu’ils bénéficient d’une instruction dans des petites structures avec un suivi individualisé. Cependant, ils s’orientent davantage vers des études courtes, que ce soit la voie professionnelle dès la fin du collège ou les études supérieures courtes (BTS, DUT). Plusieurs facteurs explicatifs sont avancés : la contrainte financière de poursuivre des études hors du domicile familial, la méconnaissance des dispositifs, l’autocensure et la dévalorisation ou la reproduction sociale.

Les jeunes ruraux entrent plus tôt sur le marché du travail que les jeunes urbains. Ils se dirigent vers des emplois dans le secteur agricole, la construction ou le commerce, comme souvent leurs propres parents. Il existe peu d’occasions d’emplois de cadres et de professions intellectuelles, ce qui complique le retour des jeunes les plus diplômés dans les territoires ruraux. Le développement du télétravail peut changer la donne. Dans l’ensemble, bien que le taux de chômage des jeunes en zones rurales soit inférieur à celui des jeunes urbains, la proportion de NEETS y est plus importante.

L’insertion socioprofessionnelle des jeunes ruraux :

  • Le taux de chômage des 18-24 ans venant de territoires ruraux est de 25,1 %, contre 27,1 % en zones urbaines. Pour les jeunes de 25 à 29 ans, il est à 13,8 % dans les territoires ruraux, contre 16,3 % en zones urbaines.
  • 24 % des 18 à 24 ans ruraux, contre 20 % des urbains sont des NEET.

Les espaces ruraux attirent les jeunes, surtout ceux issus des territoires ruraux : 87 % d'entre eux désirent vivre à la campagne et 72 % y travailler. L’accès au logement est facilité pour les jeunes ruraux : ils sont plus souvent propriétaires et vivent dans des logements plus grands avec des jardins.

Toutefois, ils sont dépendants de la voiture pour se déplacer. Ils font face à une fracture médicale, avec notamment un manque de médecins ruraux, qui complexifie leur accès aux soins. À cela s’ajoute l’existence de zones blanches, rendant difficile l’usage des outils numériques.

Enfin, l’offre culturelle et de loisirs connaît des disparités par rapport à celle à laquelle accèdent les jeunes urbains. Les associations jouent d’ailleurs un rôle clé dans la vitalité et le dynamisme des territoires ruraux.

Un manque de coordination des politiques en faveur de la jeunesse. Les rapporteurs notent le fait que les actions en faveur des jeunes dans le milieu rural restent inégales et souvent insuffisamment développées. Cela peut s’expliquer par un manque de moyens financiers, mais aussi un manque de volonté politique. Les politiques de jeunesse ne seraient pas identifiées comme prioritaires dans les territoires ruraux, surtout pour les jeunes de plus de 16 ans.

En matière de politique, la défiance des jeunes ruraux ne cesse de croître :

  • 64 % des jeunes ruraux en 1990 avaient confiance dans le Parlement, contre 38 % d’entre eux en 2008. En revanche, près de la moitié des jeunes urbains continue à avoir confiance : 47 % en 1990 et 46 % en 2008.
  • 76 % des jeunes ruraux en 1990 avaient confiance dans l’Union européenne, contre 77 % pour les jeunes urbains. Désormais, plus que 50 % des jeunes ruraux ont confiance, contre 57 % des jeunes citadins.

Source : Olivier Galland et Bernard Roudet, Une jeunesse différente ? Les valeurs des Français depuis 30 ans, La documentation française, 2012.

Sur la politique, les jeunes ont tendance à moins participer aux élections et éprouvent une défiance croissante à l’égard de la démocratie représentative. Les jeunes ruraux ont nettement perdu confiance dans le Parlement. Il en va de même concernant la confiance dans l’Union européenne. Des solutions sont identifiées pour favoriser la participation des jeunes. C’est le cas de la consultation des jeunes sur une action (existante ou future), la création d’instances de consultation comme un conseil régional des jeunes, l’implication dans la prise de décision, etc.

Ressources pour aller plus loin

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Ce compte-rendu a été rédigé par Hannah Olivetti, relu par Anna Maheu et Yannick Blanc pour la Fonda et mis en page par Agathe Thiebeaux. Il est mis à disposition sous la Licence Creative Commons CC BY-NC-SA 3.0 FR.

Fiche de lecture