Les attentats nous ont mis en état d’urgence. Mais, au-delà de l’urgence, il nous faut comprendre les transformations qui sont en train de travailler notre société en profondeur les quatre transitions qui se produisent en même temps : la transition écologique ; l’entrée dans le numérique qui bouleverse toutes nos façons de faire, autant dans le travail que dans notre vie privée, dans notre perception du monde que dans notre activité la plus quotidienne ; les ruptures économiques ; le déclin des institutions que nous vivons un peu partout.
Comprendre ces transformations, celles qui sont en germe, celles qui sont déjà très avancées et celles qui commencent à peine, c’est une façon indispensable de se mettre en situation d’agir.
Regardons de plus près le déclin des institutions, c’est-à-dire du cadre de l’action. Chaque catégorie d’institution, publique ou privée, est fragilisée par ces mutations. Les associations sont des institutions qui sont définies par leur liberté.
Dans une association, on met en commun ce que l’on veut, pour faire ce que l’on veut en fonction de règles définies en commun. C’est l’outil universel, parfaitement flexible, qui permet de s’organiser, de réagir, et surtout d’élargir le cercle de ses alliances pour agir. Avoir une stratégie, pour une association, c’est d’aller chercher de nouvelles alliances pour être en capacité d’agir.
Comme personne ne peut travailler seul, chacun est à la recherche de partenaires. Aujourd’hui le partenariat est un mot clef pour toutes sortes d’actions. Il faut aller un peu plus loin. Il faut que les personnes appartenant à des familles d’institutions différentes cherchent à s’associer entre elles. Cette association d’associations, pourrait s’appeler « communauté d’action ».
Une communauté d’action n’est pas une nouvelle institution ni une nouvelle structure mais un groupe d’acteurs qui décident ensemble de mener une action déterminée et qui se donnent pour cette action, les moyens de mesurer l’efficacité de ce qu’ils font. La communauté d’action se définit par un objectif, un but, que l’on désigne en commun.
Ensuite, au lieu de se donner des structures pour atteindre ce but, on cherche comment on va mesurer le progrès de l’action. Si, par exemple, sur un territoire donné, vous décidez de vous mobiliser pour lutter contre le chômage des jeunes, il faut que travaillent ensemble des services publics comme Pôle emploi, des entreprises qui créent des emplois, des associations qui soutiennent la création d’entreprises, des services de formation, des services de l’Education nationale, des associations qui sont dans le domaine de l’éducation populaire…
On mobilise aujourd’hui énormément de moyens et de dispositifs pour lutter contre le chômage et les résultats sont décevants parce qu’on ne sait pas suffisamment conjuguer ces moyens. Or il est possible de surmonter la rigidité ou l’inertie de chaque famille d’institution à l’échelle d’un territoire.
La communauté d’action doit permettre à des acteurs ayant des statuts différents les uns des autres de se retrouver sur un objectif. Puis, une fois que l’on s’est retrouvé, chacun peut poursuivre l’objectif dans son métier, dans son secteur d’activité. Il ne s’agit pas d’uniformiser l’action ni de mélanger les différentes capacités d’agir mais de les mettre toutes au service d’un même objectif.
L’enjeu démocratique s’est pendant longtemps situé au niveau de la représentation des intérêts et des causes des uns ou des autres. Aujourd’hui, l’urgence de la situation nous démontre que l’enjeu de la démocratie c’est la capacité de prendre une initiative et d’agir. La communauté d’action est une bonne réponse à cette question.
Voir également cette vidéo, dans laquelle Yannick Blanc explique ce qu'est une communauté d'action :