Dans le cadre du programme Faire Ensemble 2030, la Fonda souhaite valoriser les coopérations pluriacteurs. Cette fiche s’intéresse à l’Association montivillonne d’initiatives sociales et culturelles (AMISC).
Hannah Olivetti a rédigé cet article, suite à un entretien le 13 janvier 2022 effectué avec Sandrine Dumesnil, Directrice du centre social AMISC.
Une volonté de répondre aux attentes des habitants
C’est sous l’impulsion d’un collectif d’associations locales en concertation avec la ville de Montivilliers qu’est apparue, en 1973, l’Association montivillonne d’initiatives sociales et culturelles (AMISC). Elle visait initialement à rapprocher les permanences administratives des habitant.
Neuf ans après, l’AMISC s’est bien implantée dans ce territoire semi-rural. L’obtention de l’agrément « centre social » de la caisse d’allocations familiales (CAF) de Seine-Maritime l’atteste. Elle reflète la diversification des activités opérées pour répondre aux besoins des habitants avec notamment la structuration d’un pôle petite enfance. Ce dernier comprend une halte d’enfants et une crèche qui peuvent accueillir quarante enfants. Progressivement, des actions éducatives à destination des familles ont été mises sur pieds avec la création d’un lieu d’accueil enfants-parents ou bien encore des actions pour les jeunes avec, par exemple l’ouverture du Point Accueil Ecoute Jeunes Parenthèse.
Aujourd’hui, l’AMISC compte trente salariés, vingt-huit administrateurs, une trentaine d’associations adhérentes, et près de 700 familles adhérentes. C’est donc un acteur clé du territoire qui souhaite développer les synergies entre ces acteurs au service de projets collectifs et mettre en lumière toute la valeur créée collectivement. Sandrine Dumesnil, directrice de l’AMISC, observe sur le terrain les répercussions positives pour les bénévoles de participer aux projets du centre social, notamment sur leur confiance en eux, mais constate que cela n’est toutefois pas objectivé. Cet enjeu est partagé par les autres directeurs de centres sociaux de Seine-Maritime.
Une création de valeur sociale à Montilliers
Lors des journées professionnelles de l’animation globale (JPAG) de 2017 à Angers, ils rencontrent Yannick Blanc, Vice-Président de la Fonda. Ce dernier leur présente une nouvelle approche, l’évaluation par l’analyse des chaînes de valeur, qui constitue une opportunité pour les centres sociaux d’identifier, mesurer et valoriser auprès des partenaires tout le travail fourni par les centres sociaux.
Afin de passer de l’intuition théorique à la pratique, la Fonda décide de mener une recherche-action en 2019 avec plusieurs centres sociaux pionniers. L’AMISC s’engage, dès le départ, dans cette première phase d’expérimentation. Son objectif est de montrer, démontrer et analyser toute la valeur crée au sein du centre social. Un groupe de travail d’une vingtaine de personnes, comprenant des bénévoles et des salariés du centre social, de la CAF, de la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF), et de la Fonda, se constitue à cette occasion pour coconstruire cette approche.
Pour consolider le dispositif méthodologique, la Fonda a proposé d’organiser en 2021 une deuxième phase d’expérimentation à laquelle l’AMISC a pris part. L'objectif étant, cette fois, d’utiliser cette approche dans le cadre du renouvellement du projet social. La crise du COVID-19 a chamboulé l’organisation de cette recherche-action, tant pour la Fonda que pour l’AMISC. Afin d’accompagner l’appropriation de la démarche en interne, Sandrine Dumesnil a décidé d’embaucher Josépha Savey en tant que référente “développement social et initiative d’habitants”.
Des bonnes pratiques pour faire ensemble
Construire une culture commune de la coopération. C'est pour cela que l’équipe de l’AMISC organise une formation sur le développement du pouvoir d’agir. Cette dernière va permettre de faire évoluer leurs postures professionnelles.
Poser des fondations solides à la communauté d’action. Il est essentiel que les membres définissent un but commun, des valeurs communes, des attentes. Cela implique qu’au préalable les acteurs partagent leurs attentes pour définir une vision commune.
Structurer le projet chemin faisant. L’élaboration du projet évolue en fonction des événements.
Les neuf mois de la seconde expérimentation ont été ponctués par cinq journées de formations-action avec les centres sociaux pilotes de Seine-Maritime et de la Drôme, qui ensuite étaient suivies par des temps de travail au sein de chaque centre social. L'AMISC a choisi d’orienter ses travaux sur la relation partenariale du centre social afin d’évaluer les apports pour les familles de la co-construction des actions.
La bonne réussite de ce type de démarche évaluative implique d’y consacrer les ressources nécessaires, souligne Sandrine Dumesnil, sous peine d’échouer. C'est pour cela que l’AMISC, suite à une décision associative portée par le Conseil d’Administration, a embauché une personne dédiée, Josépha Savey, pour accompagner l’appropriation de cette méthodologie au sein du centre social. Elle a, à ce titre, mené tout un travail d’acculturation avec les salariés et les bénévoles, notamment sur les concepts clés.
Une démarche qui porte ses fruits
Si c’était à refaire, Sandrine Dumesnil le referait sans hésiter. Ce type d’approche permet d’avoir un regard réflexif sur les pratiques professionnelles, de renforcer le faire ensemble au sein du centre social, tout en mettant en lumière toutes les transformations générées pour les habitants, le territoire et les salariés et les bénévoles de l’AMISC. D'ailleurs, une enquête individuelle et collective auprès de 37 personnes a été menée en 2019 afin de faire prendre conscience à chacun ce qu’il apporte au centre social et, en même temps, ce que le centre social et les autres bénévoles lui apportent.
L'évaluation par l'analyse des chaînes de valeur, késaco ?
La construction d’une démarche d’évaluation s’appuyant sur l’analyse des chaînes de valeur est novatrice. Elle vise, non seulement, à mesurer l’atteinte des objectifs déterminés, mais aussi le processus pour y parvenir.
Elle permet également de démontrer dans quelle mesure les activités dites du “social” sont génératrices de valeur sur les territoires, par leur capacité à renforcer et structurer les “communs” d’un territoire - au premier rang desquels le lien social, la cohésion sociale - grâce auxquels un territoire se tient
L’idée n’est donc pas de justifier son impact auprès des partenaires (notamment financiers), mais bien de démontrer toute la valeur sociale crée grâce aux actions menées.
L'enjeu aujourd’hui est de rendre visible toute cette richesse crée et mise en exergue grâce à la recherche-action. Des micros-trottoirs sous forme de films et de photographies vont être organisés pour permettre aux bénévoles de partager leurs expériences. À plus long terme, l’AMISC compte valoriser les témoignages lors du banquet citoyen du 22 juin 2022 organisé par la Fédération de Seine-Maritime et du Congrès de la FCSF de mai 2023.