Dans le cadre du programme Faire Ensemble 2030, la Fonda souhaite valoriser les coopérations pluriacteurs. Cette fiche s’intéresse au collectif des hébergeurs alternatifs, transparents, ouverts, neutres et solidaires (CHATONS).
Hannah Olivetti a rédigé cet article, suite à un entretien le 19 janvier 2022 effectué avec Angie Gaudion, Chargée de relations publiques de Framasoft et coordinatrice du collectif CHATONS.
La concentration des acteurs d’Internet
Au début des années 2000, des services en ligne se sont développés. Ils permettent entre autres de rédiger de façon collaborative des documents (Google Docs), d’organiser des conférences en ligne (Skype), de partager des documents (Dropbox), de visionner des vidéos (Youtube) ou bien encore de partager des informations (Facebook).
L’essor de ces outils collaboratifs et des usages sociaux du web ont été marqués par une concentration progressive des outils entre les mains de quelques géants, qui dominent aujourd’hui notre paysage numérique : Google, Amazon, Facebook, Apple ou Microsoft (GAFAM).
Ce phénomène n’est pas sans conséquence pour les citoyens, avec des inquiétudes portant sur la surveillance des usagers ou bien encore de potentielles atteintes à la vie privée.
Pour sensibiliser les usagers à ces risques, l’association Framasoft a animé la campagne « Dégooglisons Internet » entre 2014 et 2017.
Face au succès de cette campagne et à l’arrivée de nouveaux usagers pour ses services libres, Framasoft a impulsé la même année, avec d’autres acteurs, un collectif des hébergeurs alternatifs, transparents, ouverts, neutres et solidaires (CHATONS).
Framasoft ne voulait pas devenir le « nouveau Google du libre », souligne la coordinatrice du collectif CHATONS, Angie Gaudion. Soit concentrer les services libres en étant en situation de quasi-monopole.
Une alternative éthique : le collectif CHATONS
Les alternatives aux mastodontes habituels restent méconnues. Les membres proposent donc une vaste palette de services alternatifs : l’hébergement de sites web, le stockage ou partage de documents, des outils collaboratifs ou de communication.
Le collectif CHATONS renforce aussi le partage d’informations entre ses membres.
Des alternatives libres existent !
- Mastodon, à la place de Twitter : https://joinmastodon.org/
- PeerTube, à la place de YouTube : https://joinpeertube.org/
- Mobilizon, l'alternative aux événements, pages et groupes Facebook : https://joinmobilizon.org/fr/
- Nextcloud, l'alternative à Google Drive : https://nextcloud.com/
Faire partie du collectif permet de :
- bénéficier d’une entraide technique grâce à un espace d’échanges entre les membres,
- gagner en visibilité sur les services éthiques en ligne par le site chatons.org,
- répartir la charge sur les serveurs avec le site entraide‧chatons.org
- produire de la documentation avec un wiki intitulé « La litière ».
Une charte pour structurer le collectif
Après une première version de la charte rédigée aux prémices des CHATONS, une seconde mouture a été adoptée en 2020. Elle veille à ce que les membres partagent des engagements communs vis-à-vis des bénéficiaires des services proposés.
Pour ce faire, ils s’engageant à respecter tout un ensemble de critères dont l’absence d’exploitation des données des bénéficiaires des services et de diffusion de publicité.
Pour devenir un chaton, il convient de postuler à l’une des deux portées annuelles. S’en suit la réalisation d’un audit par les membres de CHATONS. Ils vérifient que la structure et les services proposés sont en cohérence avec le collectif. Puis, l’ensemble des chatons votent pour valider l’arrivée ou non de ce nouvel acteur.
Une procédure de confirmation annuelle de l’engagement au sein du collectif CHATONS a été créée. Elle permet d’identifier les structures qui n’existent plus, celles qui ne s’impliquent plus ou ne souhaitent plus continuer.
Des bonnes pratiques pour coopérer, selon Angie Gaudion
- Avoir une gouvernance bien établie. La charte est bien formalisée et actualisée régulièrement pour vérifier sa pertinence.
- Créer un espace commun qui formalise l’ensemble des procédures en interne, avec la charte, des vadémécums, un espace dédié, etc.
- S'inscrire dans le temps long et se doter des ressources nécessaires par rapport à l’ambition.
Une vie interne dynamique
Alors que l’animation du collectif était jusqu’en 2019 partagée de façon bénévole entre les membres, l’association Framasoft a décidé de mettre à disposition sur un tiers-temps une de ses salariés, Angie Gaudion.
Les chatons participent à la vie interne avec la procédure d’audit des potentiels futurs chatons, mais aussi avec leur engagement dans les groupes de travail. Ces derniers portent sur des thématiques précises comme le renouvellement de la charte, la restructuration de l’information sur « la litière » ou bien encore sur les statistiques des chatons.
Un camp CHATONS est organisé chaque année pour permettre à tout le collectif de se retrouver. Le temps d’un week-end, les chatons échangent sur la vie et l’avenir du collectif, tout en améliorant leur connaissance mutuelle via des moments de convivialité.
Toutefois, Angie Gaudion observe un manque de résilience interne, en cas de problèmes dans l’animation du collectif, ce qui constitue un enjeu pour la pérennité des CHATONS.
Présent dans toute la France, le collectif CHATONS permet d’apporter des services numériques éthiques, décentralisés et de proximité avec les usagers et mine de rien, chat marche bien !