Dans le cadre de notre groupe de travail, un certain nombre d'entretiens ont été menés auprès de différentes structures associatives, d’organismes représentant les entreprises ou de structures assurant une intermédiation. L'objectif de ces auditions était de collecter des expériences multiples de personnes issues de secteurs différents.
Vous trouverez l'ensemble des auditions à télécharger à la fin de cet article .
Ci-dessous, quelques citations clefs des auditionnés.
SECOURS POPULAIRE FRANÇAIS Henriette Steinberg, Secrétaire nationale, auditionnée le 5 octobre 2012 - L’indépendance est la garantie de réussite de la coopération entre le Secours populaire et les entreprises. Le Secours populaire a la liberté de refuser une coopération avec certaines entreprises. L’association fixe ses règles afin d’être cohérente avec son objet social. - « Notre mission n’est pas de juger l’entreprise, parce que nous ne sommes pas dans le même champ. Notre mission, c’est de redonner leur dignité aux personnes dont nous nous occupons. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues ; en revanche, nous fixons nos règles »
RESEAU COCAGNE Jean-Guy Henckel, Directeur général, auditionné le 5 octobre 2012 - L’essaimage du modèle des jardins de cocagne dans les territoires et le changement d’échelle sont au cœur des questionnements stratégiques du réseau Cocagne. L’association a mis en place une structure d’accompagnement à cet effet : donner la liberté d’entreprendre dans un cadre de référence bien défini (insertion par l’activité économique / produire bio et local / être en lien avec le secteur professionnel local). - La coopération avec les entreprises est au service de l’essaimage des jardins : il s’agit de transformer la société avec les entreprises, sans exclure les pouvoirs publics.
WWF France (World Wild Foundation) Jérôme Dupuis, Chargé des relations entreprises, auditionné le 5 octobre 2012 - Les entreprises sont la cible prioritaire pour assurer le changement environnemental : face à 1,5 milliard de producteurs et 7 milliards de citoyens, il est plus facile de toucher les 500 entreprises qui font le lien entre les 2. - L’association est aujourd’hui engagée dans une véritable co-construction avec les entreprises. Les entreprises sont ciblées pour être accompagnées par le WWF de manière à les faire progresser dans la réduction de leur empreinte écologique : le choix concerne de façon prioritaire les entreprises ayant le plus d’impact sur l’environnement.
CNEI (Comité national des entreprises d’insertion) Olivier Dupuis, Secrétaire général, auditionné le 9 novembre 2012 - Le CNEI a développé des relations commerciales au service de la mission sociale des entreprises d’insertion (EI), afin de ramener vers l’emploi classique les personnes qui en sont exclues. Bien souvent, les entreprises qui travaillent avec des entreprises d’insertion trouvent dans cette collaboration des opportunités de recrutement. En dix ans, ce sont 100 000 personnes que les EI ont ainsi ramenées vers l’emploi durable. - Le bassin d’activité et le métier doivent être ce qui rassemble les EI et les entreprises classiques. Un groupe de travail sur la qualité des emplois dans le domaine de la propreté a abouti à une modification du cadre réglementaire.
MOZAIK RH Estelle Barthélémy, co-fondatrice, auditionnée le 9 novembre 2012 - Mozaïk RH déploie une palette diversifiée de formes de partenariat : du mécénat à la prestation de service, en passant par des modules de sensibilisation à la richesse de la diversité sociale et culturelle dans une politique de ressources humaines. - Seule l’inscription dans la durée des relations avec les grandes entreprises permet une évolution des pratiques RH au sein de l’entreprise.
APEH (Association de parents d’enfants handicapés) Michèle Dietrich, présidente, auditionnée le 9 novembre 2012 - Le partenariat avec l’entreprise permet de répondre à la mission de l’association : faire prendre en compte les personnes en situation de handicap. - L’association notamment cite un exemple de conception conjointe d’une aire de jeux pour enfants handicapés, qui pose néanmoins la question de la contractualisation du partenariat (pas de convention dans ce cas précis). La convention de partenariat permettrait de rappeler les objectifs et les engagements de chacun en évitant un risque de perte de confiance entre les acteurs.
MRJC (Mouvement Rural de jeunesse Chrétienne) Thierry Véclin, délégué général et Fabien Brosset, trésorier, auditionnés le 14 décembre 2012 - Pour le MRJC, les alliances avec les entreprises sont en réflexion. Mouvement de jeunesse et d’éducation populaire, le MRJC a conscience de l’importance de la culture économique pour être force de proposition et d’alternatives. - Une réflexion stratégique du MRJC est en cours (concernant notamment les activités marchandes et des projets phares) pour envisager la contribution éventuelle des entreprises à la refonte structurelle du MRJC.
FEDERATION DES CENTRES SOCIAUX FRANÇAIS François Vercoutère, délégué général, auditionné le 14 décembre 2012 - Le chantier de la relation avec les entreprises est à peine ouvert, mais il s’inscrit dans une réflexion stratégique plus générale. - Les centres sociaux ne peuvent plus traiter la question sociale sans traiter la question économique : en favorisant la rencontre d’acteurs publics et privés sur un territoire, ils contribuent à en renforcer l’attractivité.
GREENPEACE France Sophia Majnoni d’Intignano, chargée des questions nucléaires, auditionnée le 14 décembre 2012 - Pour préserver une parfaite indépendance, Greenpeace refuse tout financement de personnes morales et plafonne tout soutien financier de particulier. Mais Greenpeace cherche à faire progresser les entreprises, dans le cadre d’un dialogue « le plus serein possible ». Greenpeace mise à la fois sur son expertise scientifique et sur sa capacité à mobiliser l’opinion publique pour faire avancer les pratiques des entreprises. Certaines entreprises sont néanmoins sur « liste noire » avec lesquelles toute négociation est proscrite. - Le dialogue a minima peut conduire à nouer des alliances, pour peser ensemble sur le législateur (ex : co-rédaction avec Saint-Gobain d’une tribune commune sur la réduction de l’empreinte carbone).
ORSE (Observatoire de la Responsabilité Sociale de l’Entreprise) Daniel Lebègue, président, auditionné le 14 mars 2013 - L’ORSE constate une évolution des postures très nette depuis 10 ans : les relations partenariales associations-entreprises sont aujourd’hui considérées comme créatrices de valeur. Les liens sont désormais plus évidents entre les acteurs associatifs, les entreprises et les pouvoirs publics. - On observe par ailleurs un développement au sein des grandes entreprises de services/directions pour adapter les produits de l’entreprise aux besoins des plus fragiles. Les entreprises doivent pour cela prendre appui sur les associations (dans une logique d’accès aux services de base) : on parle de social business et BoP.
COMISIS (Etude ARPEA Entreprises) Anne Robin, directrice générale, auditionnée le 14 mars 2013 - Le driver essentiel de mise en lien des entreprises avec les associations est la volonté forte d’engagement. L’entreprise est légitime pour contribuer activement aux actions d’intérêt général. - Sur un échantillon de 654 entreprises interrogées : 11% des entreprises parlent de stratégie RSE (le terme est encore peu utilisé au sein des PME) et 78% considèrent que le partenariat avec les associations est positif. En outre, 38% des entreprises qui ont une stratégie RSE ont noué des partenariats avec des associations et considèrent qu’il est nécessaire de bâtir des partenariats pour rendre concrète leur stratégie RSE.
CGPME (Confédération Générale des Petites et Moyennes Entreprises) Sandrine Bourgogne, Secrétaire générale adjointe, auditionnée le 16 avril 2013 - Les PME font de la RSE sans le savoir : ces actions de RSE sont au service d’une démarche d’amélioration continue (il n’y pas ou peu de formalisation d’une stratégie RSE). - Les cibles de sensibilisation de la CGPME aux actions de développement durable sont les fédérations et les branches professionnelles, et non les entreprises directement. Cette sensibilisation passe par des actions de formation sur le développement durable, une valorisation des bonnes pratiques, l’élaboration d’un label RSE reconnu par les pouvoirs publics, etc. En effet, c’est au travers de ces lieux de partage du métier que la sensibilisation est la plus efficace.
ADMICAL (Association pour le développement du mécénat d’entreprise)
Bénédicte Ménanteau, déléguée générale, auditionnée le 16 avril 2013
- L’Admical constate une augmentation croissante du nombre d’entreprises faisant du mécénat du fait d’une implication grandissante des PME.
- L’Admical oriente les entreprises qui mettent en place une action de mécénat. Elle les invite notamment à servir l’intérêt général au-delà des intérêts particuliers de l’entreprise et à financer les frais de structure au-delà des seuls projets. Ce cap est complexe à impulser. L’Admical relève aussi une difficile articulation entre le mécénat et la stratégie RSE.
IMS Entreprendre pour la Cité (Institut du management societal) Isabelle Bluche, responsable des relations entreprises, auditionnée le 16 avril 2013 - L’IMS propose aux entreprises un échange de bonnes pratiques pour promouvoir une activité business plus inclusive, au service notamment des plus fragiles. - La réflexion interentreprises proposée par l’IMS permet notamment de croiser les approches des entreprises sur le mécénat (par exemple via le site Mecenova dont l’objet est de promouvoir de nouvelles formes de coopération associations-entreprises) et de promouvoir l’implication des salariés via le mécénat de compétences. Le mécénat de compétences devient un véritable outil RH, mais aussi un soutien réel aux associations.
MEDEF (Mouvement des entrepreneurs de France) Pierre Fonlupt, président la commission « Nouveaux dialogues », auditionné le 21 mai 2013 - L’ambition de la commission « nouveaux dialogues » du MEDEF est le renforcement des liens avec les acteurs externes à l’entreprise, dont les associations. L’ensemble des parties prenantes de l’entreprise doit être interrogé afin d’avoir une vision globale. - L’implication des collaborateurs et l’ancrage sur un territoire sont certes des éléments majeurs dans la mise en relation des entreprises avec les associations. Toutefois, un des objectifs essentiels qui est aujourd’hui recherché par les entreprises est la contribution des associations à leur recherche et développement pour répondre conjointement aux nouveaux besoins, notamment à ceux des plus fragiles. Dans ce sens, on constate l’émergence d’un 3ème marché entre l’économie de marché et l’économie de solidarité.
GDF SUEZ
Bernard Saincy, directeur de la responsabilité sociétale, auditionné le 21 mai 2013
- L’engagement de GDF SUEZ auprès d’acteurs associatifs confère à l’entreprise une légitimité sociale. Un programme comme ISYGAZ a permis d’aider 720 000 familles.
- Le programme « Rassembleurs d’énergie » met en place des partenariats avec des associations et/ou des entrepreneurs sociaux dans une perspective d’innovation sociale.
- C’est aussi un formidable outil pour répondre aux nouveaux enjeux managériaux de l’entreprise.
FORUM d’ACTION MODERNITES (FAM) Philippe Lemoine, président, auditionné le 21 mai 2013 - Ce réseau interentreprises est né de l’ambition de proposer une perspective d’engagement collectif positif au service de l’intérêt général, pour tenter d’agréger une multitude d’initiatives de transformation sociale. - Un volet d’action du FAM est inspiré de la Clinton Global Initiative, qui repose sur une implication forte d’acteurs complémentaires (entreprises, ONG, pouvoirs publics) autour de projets concrets visant des impacts mesurables. - Dans le cadre des partenariats pluri-acteurs, rigueur intellectuelle, clarté des intentions et engagement concret sont déterminants.