Les Objectifs de développement durable (ODD) constituent un cadre commun de 17 objectifs destiné à l’ensemble des acteurs économiques et politiques des 197 pays membres des Nations unies, pour parvenir à un avenir meilleur et durable, pour tous.
Si les gouvernements sont responsables d’assurer leur mise en œuvre, leur appropriation relève de l’initiative de tous les acteurs, et parmi eux ceux de l’économie sociale et solidaire (ESS).
Mais à l’épreuve du terrain, comment, pour ces derniers, mobiliser concrètement ces objectifs et les rapprocher des démarches évaluatives ?
Social Value France, réseau d’experts et de praticiens de l’évaluation de l’impact social animé par l’Avise, s’est penché sur cette question lors de la session plénière de février 20201 .
UN CADRE GLOBAL… ET OPÉRATIONNEL ?
En inscrivant au cœur de leur action la réponse à des besoins sociaux, les entreprises de l’ESS contribuent de fait à l’atteinte des ODD. Néanmoins, dans la mesure où elle doit permettre la convergence d’une diversité d’acteurs autour d’objectifs communs, la démarche des ODD présente le risque de demeurer un cadre théorique, voire cosmétique, éloigné des réalités des entreprises de l’ESS.
Aussi l’appropriation des ODD, définie comme « leur connaissance, compréhension et utilisation » par le Comité 212 , représente-t-elle un véritable enjeu pour les entreprises de l’ESS et nécessite la mise à disposition de ressources et retours d’expériences.
Des outils existent déjà, notamment pour intégrer les ODD dans une démarche d’évaluation, comme la déclinaison française des indicateurs de suivi des ODD3 . Cette dernière est issue d’un groupe de travail du Conseil national de l’information statistique (CNIS) ayant associé plus de 100 participants d’horizons divers.
Ce tableau de bord, en accès libre, est composé de 98 indicateurs4 en sus de ceux de l'ONU et de l’Union européenne. Il peut donc être utilisé dans la mesure où il est mis en cohérence avec le contexte de chaque structure.
UTILISER LES ODD DANS SON ÉVALUATION, UN ENJEU D’APPROPRIATION
Les indicateurs internationaux de suivi des ODD et a fortiori les indicateurs proposés en France constituent une base qui, si elle est légitime et mobilisable, ne peut constituer le standard d’une démarche évaluative en tant que telle. Il est donc nécessaire de s’approprier le cadre d’action des ODD, déterminer le sens qu’on souhaite lui donner et le mettre en regard de son contexte et de ses enjeux d’évaluation.
Cette évaluation peut être faite à divers niveaux de pertinence géographique comme thématique. Elle prend tout son sens lorsqu’un acteur, une actrice, se fixe un objectif particulier qu’il ou elle inscrit dans le cadre de l’atteinte des ODD. Par ailleurs, dans certains cas, les ODD peuvent paraître parfois diffus, notamment pour des associations ou ONG aux domaines d’interventions multiples, et amenées potentiellement à contribuer simultanément à plusieurs des 17 objectifs.
UN OUTIL MOBILISABLE À DIFFÉRENTS MOMENTS DE L’ÉVALUATION
En réponse à la nécessité d’adapter la démarche des ODD à chaque contexte, le réseau Social Value France a identifié plusieurs moments opportuns pour les mobiliser.
- Au démarrage d’une démarche d’évaluation, les ODD permettent d’illustrer et légitimer l’action d’une organisation. Ils lui permettent notamment d’objectiver sa contribution à des enjeux plus globaux et de valoriser son action auprès de ses différentes parties prenantes.
- Au cours de l’évaluation, ensuite, les indicateurs constituent un cadre de référence, a minima une source d’inspiration. Toute structure peut ainsi les utiliser et les comparer avec ses propres indicateurs et éventuellement les ajuster5 .
- Enfin, les ODD peuvent constituer un outil de dialogue entre différents acteurs économiques et institutionnels : ils proposent un cadre applicable à tous, défini et normalisé.
Les travaux du Comité 21 font état d’une mobilisation croissante des ODD dans les stratégies des entreprises traditionnelles et de premiers retours d’expériences de la part des collectivités territoriales6 : il y a donc un enjeu à ce que les acteurs de l’ESS continuent de se saisir des ODD.
- 1Avec la participation de Sarah Schönfeld, directrice du Comité 21, et de Jan Robert Suesser, secrétaire général de Coordination Sud
- 2Appropriation des ODD par les acteurs non étatiques français, rapport 2018, Comité 21, 2018.
- 3La déclinaison française des indicateurs de suivi des objectifs de développement durable, rapport du groupe de travail du CNIS, juin 2018.
- 4Ces indicateurs, qui reflètent plus directement le contexte français, sont disponibles et leur méthodologie est jugée robuste et fiable.
- 5Les 98 indicateurs « français » répondent à un critère d’accessibilité, de disponibilité et de robustesse et peuvent donc être mobilisés sans réserve. Il en est de même pour nombre des indicateurs onusiens et européens, qui sont renseignés par le système statistique français avec l’ensemble des commentaires permettant d’appréhender leur fiabilité.