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Les associations dans la transition écologique

Tribune Fonda N°227 - Transition écologique, la fin d’un monde - Septembre 2015
Olivier Aimont
Olivier Aimont
La transition écologique interroge directement les conditions de développement de notre société et leur impact actuel et futur sur l’exploitation des ressources naturelles. C’est l’approche écologique – qui s’intéresse directement aux interactions entre l’homme et son environnement – qui a d’ailleurs été à l’origine de l’émergence du concept de développement durable.

L’exploitation de la ressource en eau, les ressources énergétiques fossiles, les ressources naturelles sont peut-être les domaines qui nous apparaissent le plus spontanément quand on parle de transition écologique. La préservation de la biodiversité est également induite par cette approche. Mais cet espace d’appréciation s’élargit quand on aborde le changement climatique et donc la rationalisation de l’usage de l’énergie qui concerne nos moyens de transports, l’usage de nos bâtiments, la production des gaz à effet de serre : la transition énergétique !

Ces domaines sont en interaction les uns avec les autres et soulignent les liens étroits établis entre l’environnement et notre développement. La prise en compte de l’écologie aujourd’hui conditionne nos possibilités de développement futur !

Cette transition qui imprègne progressivement de nombreux aspects de notre société et de son développement concerne dorénavant la conduite de nombreuses politiques publiques qui se déclinent du planétaire au niveau local. La transition écologique, c’est la priorité ; mais c’est aussi la complexité ! Les enjeux sont là, mais les conditions de mise en œuvre, d’appropriation par le plus grand nombre et les actions qui en découlent sont court-circuitées par beaucoup d’obstacles.

Les urgences de court terme interfèrent avec de nombreuses échéances liées à notre tableau de bord d’un développement durable ! La transition écologique interpelle nos difficultés et notre capacité à développer des mesures d’anticipation face aux problèmes environnementaux. Comment envisager un développement soucieux de la préservation des ressources naturelles et répondre aux problèmes économiques et sociaux, parties intégrantes du projet de nos sociétés ?

La question de la transition écologique est celle de l’évolution d’un développement collectif et individuel. La difficulté repose sur la possibilité de renforcer la prise de conscience des individus, notre éco-responsabilité et celle de nos organisations. De nombreux paramètres interfèrent les uns avec les autres : politiques, institutionnels, économiques, sociaux, financiers, corporatistes, etc.

Comment situer la priorité de l’écologie ? Comment l’intégrer ? Comment en faire une priorité dans un monde de changements rapides, qui bouge, qui fait face à l’urgence, au court terme, et ceci même dans les pays les plus développés économiquement ? Le poids de la science est-il réellement suffisant pour faire évoluer les prises de conscience ? Les écologues, les climatologues, les biologistes… nous apportent des témoignages nombreux sur la dégradation de notre environnement et de ses conséquences sur l’humanité, mais la prise de conscience reste difficile à opérer dans ce XXIe siècle du « développement durable».

Pour développer une « capacité collective » à l’innovation et au changement, les associations sont en première ligne. Ce travail ne concerne pas seulement les acteurs spécialisés, mais bien ceux qui interviennent au quotidien autour des individus dans de nombreux domaines. Ces enjeux généraux prioritaires pour lesquels une grande partie de la population se sent préoccupée sont ressentis comme insaisissables : comment agir, comment faire évoluer notre vie quotidienne, comment mettre en cohérence mon projet économique en dehors du système marchand? Quelle approche des publics? Quelle approche des territoires? Quels leviers? Quelles économies?

À ce niveau, l’accompagnement de projets, la concertation et la médiation, la sensibilisation et la capacité à mobiliser sont des paramètres cruciaux que développent les associations. C’est dans ce cadre qu’interviennent notamment les CPIE (Centres permanents d’initiatives pour l’environnement) : la mobilisation citoyenne au service d’une transition écologique. Cette transition nous pousse à trouver des moyens d’actions internes et externes :

  • internes : la famille, l’association, l’entreprise, la collectivité…
  • externes : les projets, le territoire, les compétences exercées, les partenariats, les coopérations développées…


Les différentes démarches engagées par le réseau des CPIE témoignent du rôle important des associations. Elles sont souvent présentes et interviennent directement ou indirectement à tous ces niveaux et sont pleinement en capacité d’appréhender très concrètement ces différents défis de la transition écologique. Nous avons besoin de militants, éclaireurs ; éducateurs, formateurs ; accompagnateurs, médiateurs, décideurs qui portent pleinement la responsabilité et la motivation vers cette transition.

Quels que soient les domaines d’interventions, l’émergence de nouvelles compétences est mesurable dans la conduite des projets et la « gouvernance ».

La question est bien de savoir comment se fondent les choix et comment devenir contributeur d’un projet cohérent en relation avec un territoire de proximité. Les circuits courts énergétiques, les productions locales et les Amap , les jardins partagés et l’agriculture urbaine, les ressourceries, les sciences participatives et les Observatoires locaux de la biodiversité, les Agenda 21 locaux et les DDmarches émergent sur nos territoires et démontrent que les portes d’entrées à la transition écologique sont multiples, porteuses d’une économie locale, de la création de nouvelles solidarités et d’échanges entre nos villes et nos campagnes. La transition écologique est là et devient l’expression de pratiques culturelles, sociales, économiques qui viennent s’associer aux problématiques écologiques.

Dans la transition écologique, il faut s’intéresser de très près à l’économie circulaire qui constitue un concept relativement récent et très opérationnel. L’économie circulaire nous amène directement aux conditions d’exploitation des ressources. C’est la résultante très mesurable des possibilités d’actions en interne et en externe qui touchent les différents niveaux d’organisation, de la cellule familiale à l’entreprise et au territoire. Un travail très pertinent peut très vite se mettre en œuvre sur :

  • la provenance des produits, les matières premières qui les constituent, le cycle de fabrication et de vie des produits, la sobriété énergétique qui leurs sont liés ;
  • les possibilités de réutilisation des produits et l’incidence de l’ensemble de la démarche sur un territoire en termes de plus-value pour des producteurs locaux ;
  • la relation aux consommateurs ;
  • la création de richesses locales, d’emplois, de partenariats et de coopérations…


Face aux difficultés de porter ces enjeux majeurs, toutes ces initiatives, ce « bouillonnement créatif », comme le dit Edgar Morin, est propice à l’optimisme ! Les changements viennent de la base. Des précurseurs, initiateurs sont là pour mettre en œuvre les filières écologiques de demain et proposer des alternatives au projet de développement de nos sociétés…

Et si le développement durable, la transition écologique s’opérait finalement de la base ? Des « faiseurs », des initiateurs sont en marche et devrait inciter les décideurs dans une période de doute et de difficulté de mettre en avant « les éclaireuses » que sont les associations.

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