L’introduction nous rappelle que l’humanité affronte une période singulière avec une mondialisation des échanges et des cultures, une utilisation du numérique de plus en plus importante ou encore le développement de l’intelligence artificielle. Cette période est aussi caractérisée par les premières conséquences du changement climatique et la prise de conscience d’une surconsommation des ressources renouvelables.
Une nouvelle phase planétaire de l'humanité
Dans une première partie, l’ouvrage nous précise ce que pourrait être cette grande transition, le passage vers une phase planétaire de l’humanité. Ce passage représente néanmoins également le risque d'une régression, voire d'un effondrement. Nous ne savons pas trop où nous allons, mais nous connaissons les forces qui nous y mènent, principalement le changement climatique, la révolution numérique et les mouvements géopolitiques. La prolifération de l’usage du mot transition reflète le sentiment que nous sommes entrés dans une période de bouleversements accompagnant le passage à un nouveau cycle de l’histoire de l’humanité. La transition, c’est le changement désiré.
Dans une seconde partie, nous apprenons que ces transformations sont le fruit de l’évolution de nos sociétés occidentales. Elles sont comparables à la transition qu’a été le passage du nomadisme à la sédentarité pour nos ancêtres. Il s’agit donc de s’adapter à ce basculement en se donnant la possibilité de choisir pour ne pas subir et de se métamorphoser pour passer de l’homo sapiens à l’homo deus.
Réinventer nos façons de faire société
Les auteurs nous présentent ensuite quelques réinventions de la société, avec la présentation d’un nouveau pacte entre la science et la société. La rigueur prédictive et la liberté de concevoir un nouvel imaginaire du changement devraient permettre de se réapproprier la technique afin de se réapproprier l’avenir et faire du progrès utile un progrès subtil.
La dernière partie propose des pistes pour agir, avec une présentation du rôle de la simplexité, de l’empathie et de la définition de la société organique. Dans cette société, chacun œuvre pour le bien commun, est engagé dans la transformation, est éduqué à un savoir évolutif et privilégie le groupe. Ce groupe est quant à lui organisé pour mettre les interactions au service de la vitalité de chacun et de l’ensemble. Ainsi apparaissent de nouveaux lieux de partage, de connaissance, d’apprentissage, de pratique, de forum prospectif qui facilitent l’expression et l’identification des besoins collectifs.
La conclusion nous invite à repenser la prospective pour l’inciter à se tourner davantage vers l’Homme afin de gagner en efficacité. Alors la prospective pourra répondre à sa vocation originelle : construire un futur souhaitable.
Tourner la prospective vers toute l'humanité
Le livre nous propose une entrée alléchante, mais nous laisse avec un goût d'inachevé par rapport aux deux éléments du titre : pourquoi « Grande Transition », et pourquoi « de Sapiens à Deus » ?
L’absence de référence aux civilisations disparues d’Afrique, des Amériques et d’Asie dans les explications sur les transitions lui donne également un caractère un peu trop occidental, voire français.
Pour les responsables associatifs, les réflexions sur les valeurs non marchandes, le bénévolat, le revenu universel, le bonheur national brut et l’éducation populaire valorisent leur action.
Christine Afriat et Jacques Theys, La grande transition de l’humanité : de Sapiens à Deus. Paru chez Fyp, 2018, 272 pages.