Enjeux sociétaux Prospective

La diversification des modèles familiaux

Jean-Pierre Jaslin
Jean-Pierre Jaslin
par Jean-Pierre Jaslin
La diversification des modèles familiaux

Diversification des modèles familiaux, maintenant plus instables : entre décomposition et recomposition

Les modèles familiaux sont très structurants pour nos sociétés. En France, la révolution organisait la société à travers l’État et la famille, les organisations intermédiaires n’apparaissant que plus tardivement. De par ses dimensions juridiques, économiques, administratives, fiscales, affectives ou identitaires, de manière directe ou indirecte, la structure familiale est au cœur de multiples jeux d’influence sur la société et réciproquement. Pour en saisir les principales évolutions de cette institution très prisée des Français, nous regarderons la conjugalité, la parentalité, les types de familles et nous ferons ressortir les questions qui se posent actuellement.

  • 1 - La conjugalité *

Traditionnellement la famille intégrait une conjugalité, la constitution d’un couple et la venue d’enfant. Si dans les années 1960, il était difficile de vivre en couple sans être marié et si les séparations étaient source de stigmatisation surtout pour les femmes, les années 70 ont vu une déliaison entre sexualité, conjugalité et procréation.

La rencontre Les Français et les Françaises se rencontrent maintenant hors de vue des parents, le bal (25%) ou le voisinage ne sont plus les principaux lieux des rencontres et les discothèques sont également passées de mode. Les études (39 % pour les hommes et 25 % les femmes) du fait de leur allongement, les soirées entre amis et les loisirs constituent les lieux les plus fréquents, mais aussi les domaines publics ou les lieux de travail. Internet, quelles que soient les fréquentations de sites spécialisés, ne sont pas vraiment des lieux de rencontre. Les femmes se distinguent des hommes en privilégiant les rencontres dans des lieux privés et les cadres entre amis.

Les premières relations sexuelles Dans les années 60, le partenaire des premières relations sexuelles, qui pouvaient avoir lieu préalablement au mariage quitte dans le cas où la femme se retrouvait enceinte à avancer le mariage. Le premier partenaire était assez souvent, surtout pour les femmes, le premier conjoint. Depuis les années 80, les premiers rapports ont lieu à 17 ans en moyenne et le premier partenaire n’est généralement pas le premier conjoint. Les hommes à 60 % trouveront leur premier partenaire dans les lieux publics (études, lieux publics, voisinage) pour seulement 50 % des femmes qui préfèrent des lieux plus privés. C’est également le cas des jeunes plus diplômés qui privilégient le cadre scolaire. Le niveau social plus élevé des parents renforce ces tendances et de ce fait renforce l’homogamie. Cette rencontre est dite « relation occasionnelle » (30 % H contre 10 % F) mais pour 56 % des H et 63 % des F, c’est le copain / la copine ou mon amoureux (se). Si 6 % des femmes et 9 % des hommes nés entre 48 et 52 avaient eu 3 relations amoureuses sérieuses à 25 ans, pour ceux nés entre 78 et 82, ils étaient 29 % des femmes et 36 % à en avoir eu 2 à cet âge.

Les formes d’union En 2011, 7 millions de personnes vivent en union libre. La première mise en couple était plus rapide. Pour les générations nées entre 53 et 57, 74 % des F et 66 % des H étaient mariés et à 25 ans c’était le cas pour 64 % des F et 49 % des H nés entre 78 et 82, à 25 ans, ne sont mariés que pour 16 des F et 7 % des H. Par contre, depuis les années 70, à 25 ans, 21,6 % des femmes et 23,2 % des hommes 21 % sont en couple en couple. Cette tendance à se mettre plus rapidement en couple est maintenant ralentie avec l’allongement des études et le chômage. Un quart des couples sont encore étudiants. Ils emménagent généralement chez l’homme plus souvent en emploi. L’écart d’âge entre les partenaires s’est également réduit. Il est maintenant de moins de 1,8 an au premier mariage.

La cohabitation avant le mariage et les rencontres des partenaires immigrés suivent plus les pratiques des années 70, surtout pour les femmes. C’est également le cas des enfants d’immigrés, même s’ils se détachent progressivement du modèle de leurs parents. Les couples mixtes (31 232 mariages en 2013) sont le plus souvent le fait d’un partenaire immigré dont la France accueille peu de personnes de ce pays. En cas de rupture de l’union, les différences culturelles ne facilitent pas la résolution des conflits qui peuvent surgir.

Outre l’union libre, le PACS est aussi une modalité choisie par les couples pour garder une plus grande facilité de rupture, y compris unilatérale. Les pacsés étaient peu nombreux au démarrage en 1999 (20 000 par an), mais en 2010, ce sont 205 000 couples par an à 94 % hétérosexuels qui ont opté pour le PACS. Ils sont actuellement 1,4 million. Cette option est choisie par des couples légèrement plus jeunes que ceux qui se marient et assez souvent sans enfant. Ils sont généralement en emploi plus stable que les mariés (14 % au foyer contre 4 %). Ils sont aussi plus cadre ou professions intermédiaires, plus diplômés (32 % / 22 %) et travaillent plus souvent dans la fonction publique (43 % / 34 %). Ce dernier phénomène ralentit. Il avait été très important lors de la décision de prendre les unions libres pour les priorités de rapprochements familiaux (67 % / 35 %). Les premiers Pacsés étaient des personnes qui choisissaient cette forme de vie en commun pour ses valeurs égalitaires et pour prendre une plus grande distance avec les codes sociaux religieux. Maintenant, le PACS se diffuse dans toutes les couches de la société.

Aujourd’hui, le mariage intervient plus tardivement, mais il reste le modèle largement le plus majoritaire 72 % des 32 millions de personnes vivant en couple sont mariées. En 2013, l’âge moyen des mariés est de 37ans et 34,6 ans pour les mariées. Lors du premier mariage, les hommes ont 32,3 ans et les femmes 30,5 ans. Il y a 225 784 mariages en 2013, dont 47 000 hommes et 45 000 femmes qui se sont remariées, soit 20 % des mariages. En 2013, il a été célébré 7 500 mariages entre partenaires de même sexe pour 200 000 personnes vivant avec une personne de même dont 16 % ne cohabitent pas. Situation qui concerne 4 % des couples.

Le divorce constitue 60 % des affaires civiles et peut survenir à tout âge et le taux est identique, quelle que soit l’ancienneté du mariage. Il constitue une menace continue tout au long de l’union. Elle est plus forte chez les personnes restées plus longtemps célibataires et chez les cadres. En 2013, il y a eu 121 849 divorces de prononcés soit 10,32 divorces pour 1 000 couples mariés. C’est le nombre le plus faible depuis 2004. Mais les séparations concernent aussi les Pacsés, il y en a 53 167 qui l’ont dissout en 2013, ce qui ne signifie pas que ces personnes ne sont plus en couple puisque la dissolution peut être liée à un mariage. Par contre, la séparation de corps est une modalité qui est de plus en plus rare en 2013, il y en a eu 1 237 de prononcées alors qu’en 1997, point maximum, il y en eut 5 018). Cependant, au-delà de ces ruptures formelles, un grand nombre de séparations, y compris pour des couples avec enfants, ont lieu sans que l’on puisse réellement en déterminer le nombre. Question importante à un moment où la politique familiale s’interroge sur la prise en compte de ces ruptures.

La vie en célibataire concerne 32,2 % des personnes de 15 ans et plus. Leur nombre a fortement augmenté de 1990 à 2008 et concerne surtout des hommes âgés de 30 à 59 ans qui sont souvent ouvriers. Par contre, les femmes célibataires sont plus souvent des cadres.

Les familles monoparentales ou foyers parentaux 8,2 % des personnes (6,3 millions) ont été multipliées par deux et c’est essentiellement une population d’employées. 8 % ont un conjoint qui vit dans un autre appartement. Elles rassemblent 2,4 millions de personnes à 85 % des femmes séparées (moins de veuves). Elles constituent 32,2 % des personnes en dessous du seuil de pauvreté (1/3 avec les transferts), car elles sont assez souvent dans des emplois à temps partiels et avec des horaires atypiques.

Les femmes en famille monoparentale vivent dans cette situation plus longtemps que les hommes (5,6 ans / 4,2 ans), mais cette situation dure en moyenne 10 ans pour celles qui n’ont jamais vécu en couple. Les parents en monoparentaux depuis plus de 10 ans concernent pour 24 % les femmes et 15 % les hommes lorsqu’ils sont non diplômés pour seulement 14 % des femmes et 7 % des hommes diplômés supérieurs. Le réseau social insuffisamment riche pour retisser des relations sociales explique cet écart.

Une nouvelle forme de conjugalité cherche à s’inventer

Les différentes formes de vie en couple ne signifient pas que l’infidélité soit plus développée, c’est même le contraire. En 1992 3 % des femmes et 6 % des hommes avouaient avoir eu un autre partenaire dans les 12 derniers mois, en 2006 ils n’étaient que 1,7 % des femmes et 3,6 % des hommes. Le taux tend à se rapprocher entre les hommes et les femmes. Auparavant, la fidélité était imposée socialement, actuellement, elle est une preuve d’amour. C’est une exigence consentie au nom des valeurs familiales, elle est en 2008 importante pour 84 % des personnes pour seulement 72 % en 1982. Deux grands types d’infidélité sont repérables : les « relationnelles » infidélités par insatisfaction de la vie de couple et les « personnelles » liées au besoin de séduction, de recherche de nouveauté, de refus d’être complètement dépendant de l’autre, mais ne souhaitant pas la séparation. C’est en s’appuyant sur ce dernier type, que des sites « adultères » ont lancé leur proposition « pour recommencer un début », pour la recherche d’une « estime de soi », mais contrairement aux arguments du marketing qui annoncent une augmentation exponentielle, les femmes qui fréquentent ces sites sont moins nombreuses et ont eu rarement des rapports (2 ou 3 maximum) par contre, la connexion quotidienne au site devient addictive.

Ce tour d’horizon de la conjugalité permet de comprendre que la diversité des formes de vie en commun ne constitue pas un parcours qui commencerait par une cohabitation juvénile, mais un choix de type d’inscription sociale du couple. Le passage d’une forme à l’autre ne suit pas un ordre précis, il répond à des choix qui peuvent être liés à des évènements ou à des considérations économiques, bien que les textes législatifs ont favorisé une unification des statuts. L’union libre, comme le PACS ou le mariage constitue un choix d‘expérience de vie en commun. L’autre aide à la construction permanente de soi et valide l’identité. L’union dure si elle donne suffisamment de satisfaction à chacun pour que le désir de continuer soit mutuel. La famille doit permettre d’être libre ensemble.

Aussi la dynamique de la déconjugalité, nous explique François de Singly, on se sépare parfois sans avoir trop de reproches à faire à son partenaire, mais parce que des évènements nous font percevoir que la situation vécue est inégalitaire et ne permettra pas la réalisation de « soi ». Ce sont les femmes qui sont le plus souvent à l’initiative de la séparation. Elles se sentent assignées à la gestion du « nous » (l’agapé) du couple, mais elles veulent aussi que leur « je » puisse s’affirmer. Elle souhaite un temps professionnel, un temps familial et un temps de loisir pour elle. Or, la parité domestique est encore loin d’être atteinte, tout comme l’égalité professionnelle. Quand elle perçoit que le contrat n’est pas égalitaire, qu’il ne lui permet pas d’être reconnu, elles préfèrent se retirer, même au prix d’une plus grande fragilité économique.

Chacun est prêt à faire un effort (surtout les femmes) et à fréquenter des formations (un stage en rassemble 4 000 personnes par an), des psychologues ou des groupes de paroles, pour améliorer leur confiance en soi, réaliser son potentiel et apprendre à se nourrir de l’autre.

En fait, on se sépare comme on s’est marié. Suivant l’importance donnée au « je », au « nous » ou au dosage entre-le « je » et le « nous », la séparation se fera de manière plus au moins paisible et les relations ultérieures avec l’ex plus ou moins conflictuelles. Le divorce n’est pas un mouvement d’humeur anti institutionnel, mais il exprime le « surgissement de la conditionnalité de l’amour » (l’Éros) qui s’ouvre sur un dialogue et un calcul intérieur qui n’est plus à postériori. C’est une exigence forte, quitte à en payer le prix. Les familles monoparentales constituant une grande partie des familles pauvres.

Nous retrouvons au niveau du couple, une demande de reconnaissance faite à tous les niveaux de la société. Cette quête d’indépendance et d’autonomie est un enjeu central, la femme veut exister sans dépendre de l’homme et sans obligatoirement se marier.

C’est un nouvel âge de l’amour conjugal affecté par la logique contractuelle. Il est à inventer en évitant trois dangers : la relation qui se banalise et s’évalue comme une simple marchandise ; la légitimité de la défense de son intérêt qui prime sur tout le reste et le primat de la réalisation de soi, d’atteindre sa « vraie vie » conception mouvante, difficile à cerner et à évaluer. Le projet conjugal pour conserver son attrait exige une réciprocité (la philia), un espace qui « n’interdit ni de compter sur l’autre ni d’agir pour que le partenaire puisse compter sur soi ».

  • 2- La fécondité *

Le taux de fécondité reste important à 2,1 enfants par femme, il était en 1928 à 2,7, 2,6 pour la génération née en 1947 et 28,3 pour la génération de 1963. Les prévisions sont de 2 par femme pour la génération née en 1973.

En 2014, sur 783 000 naissances, 57,2 % ont eu lieu hors mariage, contre seulement 46,4 % en 2004 et 6 % en 1972. Mais fait significatif, 95 % sont reconnues.

L’âge moyen des mères augmente légèrement (en 10 ans 29,5 ans à 30,3) avec une baisse jusqu’à 30 ans. Mais l’analyse plus précise montre une grande diversité des situations. En 10 ans, pour les moins de 30 ans, la baisse a été de 3,3 % à 2,8 % pour les 15-24 ans ; 12,9 % à 12,3 % pour les 25-29 ans. Par contre, on constate une augmentation dans les tranches d’âges supérieures (0,6 % à 0,8 % pour les 40-50 ; 5,4 % à 7 % pour les 35-39 et 12 % à 13,2 % pour les 30-34 ans).

L’augmentation 2014 est liée à une stabilisation des naissances à 820 000 par an (alors que la tendance était à la baisse) et ce, malgré une baisse du nombre des femmes en âge de procréer. Nous assistons donc à une augmentation de l’indice de fécondité (2,1) qui nous place, avec l’Irlande, bien au-dessus de la moyenne européenne (1,58).

Parmi les naissances en 2012, 23 887 sont liées à une aide à la conception, dont 1 334 avec don d’ovule ou de sperme, soit 2,9 % des naissances. 142 708 parcours (PMA) ont été engagés en vue d’une naissance. Sur 100 couples qui ont recours à l’aide 48 y parviendront par traitement dont 32 % au 1° ou 2° essai, 11 finiront par avoir un enfant naturellement, 11 n’adopteront et 30 n’auront pas d’enfant.

La fécondation in vitro a permis la naissance de 200 000 enfants depuis le début de cette pratique.

La fécondité se maintient malgré une diminution des familles nombreuses. 1 700 000 familles (21,5 % des familles) ont 3 enfants ou plus. Les familles nombreuses sont plus représentées dans les couches de la population où le niveau de formation est plus faible ou plus important (32,4 % de familles nombreuses pour les sans diplôme -de l’homme- qui représentent 14 % de la population et 23,7 % pour les 2° et 3° cycles qui sont 17,8 % de la population). Les familles immigrées sont plus représentées, mais les enfants de ces familles ont une famille identique aux autres. Parallèlement à la baisse des familles nombreuses, le modèle de la famille à deux enfants s’est développé avec en corolaire, la baisse des familles avec un enfant unique (36,1 % des familles ont un enfant et 42,4 % 2 enfants).

Le fait d’avoir deux enfants du même sexe favorise l’arrivée d’un 3° enfant. La diminution du nombre d’enfants par famille n’est pas signe d’individualisme, l’enfant est attendu et le couple se mobilise pour assurer son avenir. L’enfant est un individu à part entière ce qui demande aux parents de rechercher un équilibre entre autorité parentale et expression personnelle de l’enfant.

  • 3- La parentalité *

Les 13,9 millions d’enfants de moins de 18 ans sont à 75 % dans des couples qui cohabitent (4/6 sont des couples traditionnels), 19 % dans des familles monoparentales et 1/6 des familles recomposées. La séparation progressive entre le droit conjugal et parental est une évolution importante. La parenté n’est plus seulement biologique, mais s’impose aux parents, y compris dans les situations de paternité involontaire (parfois intention cachée par la femme). Le temps des adultes n’est pas celui des enfants qui ont besoin de stabilité, aussi des mesures sont développées pour favoriser une médiation en cas de séparation difficile (médiateur familial ou Réseaux d’écoute, d’aide et d’accompagnement des parents). Par contre, les non-paiements des indemnités de pensions alimentaires sont mal connus (dernière enquête en 1985). Si l’on peut se séparer plus facilement, on ne divorce pas de son rôle parental. Le droit de l’enfant s’est renforcé (adoption, droit équivalent pour les enfants nés hors mariage…) Les plaintes pour non-présentation se sont élevées à 150 000 en 2009 et ont fait l’objet de 26 000 condamnations. La parentalité conjointe renforce maintenant le rôle des deux partenaires, la famille cohabitant ou pas, devient un espace de négociation au sein duquel chacun doit trouver sa place pour favoriser l’individualisation de tous. C’est un jeu qui n’est pas aisé. D’ailleurs, 81 % des Français pensent que les parents ont du mal à se faire obéir de leurs enfants. Les personnes ayant un enfant pensent (83 %) qu’elles ne le sont qu’à 16 % dans ce cas. Cependant, elles admettent qu’il est difficile de se faire obéir pour le rangement de la chambre (52 %), la participation aux tâches ménagères (68 %), l’heure du coucher (73 %), l’utilisation d’Internet (77 %), le respect et la politesse (88 et 91 %) ou la consommation de l’alcool ou de la drogue (92 %).

La parentèle s’agrandit du fait de l’allongement de l’espérance de vie. Seul 1/5 des personnes ayant plus de 75 ans n’ont pas de petits enfants. Quatre générations peuvent coexister. Ainsi, il y a 8,9 millions de grands-mères et 6,2 millions de grands-pères. Mais parallèlement, l’âge plus élevé des mères à la première naissance et la diminution du nombre d’enfants par femme diminue la fratrie. Les relations se font plus préférentielles parmi la parentèle de sang et d’alliance. Mais dans ce jeu les négociations et les stratégies - économiques et affectives - peuvent être complexes. Elles remplacent les arguments d’autorité. Les échanges économiques ou de services entre parents, grands-parents et enfants sont importants. Ils servent à se loger, faire des achats couteux (automobile par exemple) ou à l’aide pour les études. Au-delà, c’est aussi les aides de services, 82 % des grands-parents assurent une partie de la garde des enfants au moins durant les vacances. Cette aide est vitale pour les familles monoparentales où c’est généralement la lignée filiale qui permet de gérer la situation tout en assurant une éducation à l’enfant. Cette centration sur l’enfant et la parentalité n’est pas toujours aisée à mettre en œuvre, le soutien du réseau personnel joue un rôle très important.

  • 4 - Une situation nouvelle *

La sortie du patriarcat, le développement du travail des femmes, les progrès scientifiques pour la procréation et la recherche par chacun d’une réalisation de soi ont modifié profondément les rôles sociaux liés à la famille. La construction de la formule la plus opportune pour les membres a pour conséquence une grande diversité des familles et demande à chacun de trouver des relais, une écoute et parfois même un accompagnement pour vivre cet équilibre instable qui demande de l’attention aux autres, une capacité à discuter et à faire confiance.

Le droit a constamment évolué pour suivre les transformations, mais plusieurs problèmes apparaissent dès à présent comme le droit à connaitre ses origines, la reconnaissance de la maternité « gestationnelle » et « intentionnelle » avec celle « génétique ». Ils demandent un soutien aux situations difficiles et une plus grande rapidité d’intervention… Cette évolution influencera et seront impactée par de nombreuses tendances de transformations de la société (autorité, modèle de rôle, égalité professionnelle, investissement sur le diplôme, libéralité des mœurs, éducation des enfants…)

Impact pour les associations Autour de la famille, se sont développées de nombreuses associations qui complètent les réseaux déjà existants. Elles sont souvent spécialisées sur l’un ou l’autre aspect des problèmes de gestion d’un équilibre familial peu stable, pour aider à gérer les litiges qui apparaissent ou pour offrir des solidarités pour les personnes en situation délicate (groupe de parole, écoute, aides juridiques, accès aux médiations, préparation au mariage civil…) Mais les ruptures familiales offrent de telles variétés de situations que les alliances sont parfois délicates à passer entre les associations, faute d’une représentation commune de ces ruptures. Chacun s’enferme dans une approche individuelle.

Actuellement, le gouvernement et les organismes de protection sociale cherchent à avoir une vision plus précise des parcours familiaux, y compris après la rupture pour ajuster la politique familiale. Le risque est de rester à une approche très statistique, si les associations participent peu au diagnostic et à la définition d’un nouveau cadre, moins coûteux à gérer et qui doit intégrer les dimensions sociofiscales.

Bibliographie Segalen Martine, Sociologie de la famille, Armand Colin coll. « U », 2005. De Singly François, Le soi, le couple et la famille, La famille, un lieu essentiel de reconnaissance et de valorisation de l’identité personnelle. Nathan, 2000. De Singly François, Séparée, Vivre l’expérience de la rupture, Armand Colin, 2011. Capdeville Bernard, Rapport du CESE, Les évolutions contemporaines de la famille et leurs conséquences en matière de politique publique. Novembre 2013. Thery Irène, Le démariage, Odile Jacob, 2001. http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1532 http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?reg_id=0&ref_id=ip1531 https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/252/fichier.fiche.peda.pma.en.france.fr.pdf https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19165/population_societes_2013.497_pacs_mariage.fr.pdf http://teo.site.ined.fr/ http://www.hcf-famille.fr/spip.php?rubrique11 http://www.hcf-famille.fr/IMG/pdf/Lettre_HCF_n5.pdf http://www.hcf-famille.fr/IMG/pdf/Lettre_HCF_n4.pdf

 

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