LA HAUSSE DE L’ÉCOANXIÉTÉ EN FRANCE
En 2019, une étude de l’Institut YouGov1 montrait que la saison préférée de près de la moitié des Français était l’été. Mais les incendies, canicules, inondations et sécheresses estivales font naître chez une grande partie de la population des sentiments anxiogènes. L’écoanxiété, entrée récemment dans le dictionnaire français, désigne « une forme d’anxiété liée à un sentiment d’impuissance face aux problématiques environnementales contemporaines »2 .
Pour le mouvement de mobilisation citoyenne On est prêt, ce terme a une connotation péjorative et devrait être remplacé par des termes plus neutres, comme l’écolucidité.
Dans une étude conçue avec Pierre-Eric Sutter, psychologue-psychothérapeute de l’Observatoire de l’écoanxiété (OBSECA), On est prêt montre que 75 % des Français se disent anxieux par rapport à l’environnement, et que, parmi eux, 20 % sont éco-inquiets.
Pour 5 à 10 % d’entre eux, cette anxiété devient ingérable au point d’affecter leur qualité de vie3 .
UNE SOLUTION : ACCOMPAGNER VERS L’ACTION
« Viens, on transforme ces émotions en actions ensemble, et on devient une force immense », telle est l’accroche de la campagne « Tu flippes ? » lancée en mai 2023. S’appuyant sur l’étude quantitative de Pierre-Eric Sutter, On est prêt a élaboré un parcours d’accompagnement par mail en quatorze jours avec des psychologues et des sociologues.
Après avoir mesuré son niveau d’écoanxiété, ce parcours propose par exemple un espace de témoignage pour sortir de l’isolement, la reconnexion à la nature ou l’adhésion à une plateforme d’actions concrètes et immédiates selon ses thématiques affinitaires4 . Magali Payen, fondatrice du mouvement insiste « il ne s’agit pas d’arrêter de flipper, mais de flipper “mieux” pour agir ».
UN TRAVAIL SUR LES ÉMOTIONS
Pour certains, cette peur est un obstacle à l’action et demande un accompagnement. D’autres dérivent, à cause de cette peur, vers des thèses confusionnistes ou conspirationnistes. Et pourtant, cette émotion est trop peu traitée, car « le sujet de la peur fait peur », souligne la fondatrice. Pour y remédier, « Tu flippes ? » se présente comme une campagne d’écologie intérieure. Elle prône un travail sur les émotions, pour éviter d’être submergé ou manipulé. Il faut « prendre soin de soi, pour prendre soin du monde ».
D’un frein à l’engagement, l’écoanxiété peut en devenir un levier, grâce à l’accompagnement et au dialogue. On est prêt insiste également sur l’importance de mêler les combats, d’être intersectionnel. En effet, Magali Payen souligne « ce sont les plus vulnérables les plus touchés, il y a un enjeu de justice sociale ».
- 1YouGov, Les Français aiment-ils l’hiver ?, février 2019.
- 2Le terme écoanxiété est entré dans l’édition 2024 du Petit Larousse. Les problématiques environnementales contemporaines font référence au dérèglement climatique, à la destruction des écosystèmes, à la multiplication des catastrophes naturelles, etc.
- 3Observatoire de l’éco-anxiété (OBSECA), Étude éco-anxiété 2023, 2023. Cette étude quantitative a été réalisée sur 13 500 personnes et continue d’être étayée. Elle sera accompagnée d’une étude qualitative qui établira les différents visages de l’écoanxiété. Les résultats seront publiés début 2024.
- 4Seize thématiques différentes sont proposées, dont « transformer mes habitudes au quotidien », « travailler la terre », « me sevrer de l’hyperconsommation » ou encore « la résistance civile ».