L’INSERTION PROFESSIONNELLE PAR L’ENTREPRENEURIAT
Les freins d’accès à l’emploi sont nombreux pour les nouveaux arrivants. On pourrait citer le niveau de langue, la difficulté d’accéder à un logement, la santé psychique ou physique ou le déclassement professionnel. Résultat : le taux de chômage des immigrés est nettement supérieur à celui des personnes sans ascendance migratoire directe, respectivement 11,7 % et 6,3 % en 20221.
Dans cette situation, certains nouveaux arrivants choisissent d’entreprendre. SINGA Nantes les soutient dans cette démarche depuis 2021 avec un parcours d’accompagnement à la création d’entreprise en quatre étapes. Le parcours commence avec une sensibilisation à l’entrepreneuriat, puis se poursuit avec un accompagnement individuel.
L’objectif est alors de formaliser l’idée du participant, d’évaluer le potentiel du projet, mais aussi de développer ses compétences entrepreneuriales.
Une fois cette étape passée vient le programme d’incubation d’une durée de six mois. Les participants y consolident leur étude de marché, définissent leurs clients cibles et identifient de possibles financements pour sécuriser leur lancement. L’association propose ensuite un accompagnement post-création.
UN PUBLIC FÉMININ
Tous les programmes proposés par SINGA Nantes sont mixtes, mais « près de 53 % des personnes accompagnées par notre programme étaient des femmes en 2023 », signale Maela Huon, responsable communication de l’antenne.
Ce public majoritairement féminin s’explique par plusieurs éléments. Les nouvelles arrivantes cumulent des freins additionnels à l’emploi tels que la charge familiale et des représentations culturelles. Ainsi, bien que plus diplômées, les primo‑arrivantes sont 9 fois plus souvent sans emploi que les hommes un an après l’obtention de leur premier titre de séjour2.
Les responsables de SINGA Nantes observent par ailleurs que certains dispo- sitifs du programme sont plébiscités par les participantes comme les ateliers de confiance en soi et de prise de parole en public ou les solutions de garde.
Pour répondre aux attentes spécifiques de ce public, l’association organise des rencontres avec des femmes entrepreneures, qui ont pour certaines participé au programme d’accompagnement.
Nadia Al Soleman, professeure de français originaire de Syrie est par exemple passée par l’incubateur avant de fonder l’association Area. Elle préside par ailleurs SINGA Nantes depuis 2021. Les incubées peuvent aussi être redirigées vers des réseaux d’entrepreneuriat féminin tels que Femmes de Bretagne.
UN PROGRAMME POST-CRÉATION EN CHEMIN
La dernière étape du parcours d’accompagnement est en cours de développement. Il s’agit du programme « post-création » pour les personnes déjà accompagnées par SINGA qui auraient lancé leur activité et rechercheraient des opportunités pour développer leur chiffre d’affaires.
SINGA Nantes propose par exemple aux projets culinaires de tester leur offre auprès de divers partenaires nantais tels que la cuisine du Wattignies ou les kiosques éphémères du MAGMAA Foodhall.
La boutique SINGA a par ailleurs ouvert ses portes en avril 2022. Elle offre aux projets artisanaux, un espace pour réaliser leurs premières ventes. L’ambition de SINGA Nantes est de continuer à développer ce type d’opportunités grâce au recrutement d’une personne dédiée à la consolidation et à la structuration de ce programme
- 1Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), France, portrait social - Édition 2023, 23 novembre 2023, [en ligne].
- 2Julien Giorgi (Insee) et Christine Le Thi (Insee), « L’insertion professionnelle des immigrés primo-arrivants en France », Immigrés et descendants d’immigrés — Édition 2023, 30 mars 2023, [en ligne].