Cet article est une contribution de la version numérique enrichie de la Tribune Fonda n°239.
Il ne figure pas dans la revue imprimée.
Définir l’engagement ?
« Il faut s’engager au nom de sa responsabilité humaine »
Stéphane Hessel, Indignez-vous, Indigène éditions, 2010.
Définir l’engagement est un exercice complexe tant il recouvre de réalités variées. Lui accoler une définition stricte, c’est prendre le risque de le figer, de le cristalliser à travers des normes et des codes qui ne révèleront sans doute pas toute son intensité et sa profondeur.
Pour tenter de comprendre l’engagement, il apparaît cependant nécessaire de l’interroger et de proposer un cadre explicatif. En 20061 , le sociologue américain Howard Becker définissait l’engagement « comme forme de participation durable à une action collective visant la défense ou la promotion d’une cause ». Becker montre que l’engagement est constitué d’actions qui s’inscrivent dans le temps. C’est un moyen pour un individu de participer à la construction de la société, impliquant ainsi une évolution personnelle et collective.
S’engager, c’est aussi agir ensemble comme le souligne Becker à travers la notion d’action collective. Dans l’engagement, il y a l’autre et soi, un certain rapport à l’autre. C’est agir ensemble et pour l’ensemble grâce à une cause que l’on veut mettre en valeur.
On peut s’interroger sur le terme de cause employé par Becker : qu’est-ce qu’une cause ? La cause pourrait se définir par un principe qui appelle à agir. Elle peut donc être tout aussi multiple que l’engagement. Et tout comme l’engagement, la cause est étroitement liée aux sociétés et aux individus.
Dans une société de plus en plus fragmentée, il apparaît plus que nécessaire de redonner du sens et du commun, à travers l’engagement de tous. Individus, institutions, acteurs de l’économie sociale et solidaire, entreprises – qui, trop souvent, ont été déconnectées de la société dans laquelle elles opèrent – peuvent s’engager. Véritables écosystèmes, les entreprises en particulier ont un impact permanent et un rôle dynamique dans la construction de notre société. Il est alors nécessaire que l’engagement devienne un enjeu pour elles, pour que leurs collaborateurs puissent donner du sens à leurs compétences.
Savante alliance entre le collectif et l’individu, l’engagement peut et doit prendre des formes différentes. Chacun doit pouvoir trouver la forme de son engagement pour ainsi être le plus à même de poursuivre son objectif, et l’engagement doit être accessible à tous.
S’engager oui, mais par où commencer ?
Le monde associatif offre aujourd’hui un bouquet de solutions adaptées aux besoins et sensibilités de chacun, pour permettre aux entreprises de concrétiser leur politique d’engagement sociétale, mais surtout, de plus en plus, d’impliquer leurs collaborateurs dans cette démarche. En outre, savoir pourquoi on utilise ses compétences et dans quel but, semble de plus en plus essentiel.
Si les Français sont des citoyens engagés, ils le sont principalement aujourd’hui dans la sphère privée (61%) auprès d’une association (pour 41% d’entre eux)2 . Pourtant les salariés français aimeraient que leur entreprise leur propose des façons de s’engager. Ils sont 73% à penser que ce serait normal et légitime. Comment ? A travers des congés, des journées de solidarité, du mécénat financier ou encore du mécénat de compétences.
Une demande croissante constatée par deux experts de l’engagement solidaire en entreprise : l’association Pro Bono Lab, laboratoire de l’engagement citoyen et du partage de compétences ; et la start-up solidaire microDON, développeur de solutions innovantes pour faciliter l’engagement.
La solidarité est devenue pour beaucoup de collaborateurs synonyme de motivation et fierté d’appartenance. Tout en servant les causes d’intérêt général, elle est moteur de bénéfices tant humains qu’économiques pour l’entreprise : renforcement de la cohésion d’équipe, développement de compétences, attractivité, productivité… Les entreprises le comprennent de plus en plus mais restent néanmoins paralysées par une question simple : par où commencer ?
C’est pour mieux les guider dans leur démarche d’engagement et leur permettre d’explorer les solutions les mieux adaptées à leur profil et besoins, que deux outils clés ont été développés :
— « Les disciplines de l’engagement » de Pro Bono Lab, est une cartographie des formes que peut prendre l’engagement en entreprise. Elle offre la possibilité aux collaborateurs d’observer quelle forme peut prendre leur engagement en fonction de leurs aspirations.
— « L’autodiagnostic de l’engagement solidaire » développé par Pro Bono Lab et microDON, est un outil d’évaluation de son engagement pour une entreprise. A partir d’une quinzaine de questions ciblées, il permet en moins de 8 minutes d’explorer les enjeux de l’engagement citoyen des collaborateurs et d’établir un profil donnant lieu à des pistes concrètes pour développer ou approfondir des actions solidaires.
Il est indispensable que les entreprises se saisissent de solutions d’engagement qui, au croisement des enjeux sociétaux et des ressources humaines, sont vecteurs de nombreux effets positifs pour tous : associations, citoyens, entreprises. Les outils proposés par Pro Bono Lab et microDON, constituent un premier pas simple et accessible pour les y aider.
→ Accéder à l'outil de Pro Bono Lab « Les disciplines de l'engagement »
→ Accéder à « L'autodiagnostic de l'engagement solidaire », par Pro Bono Lab et microDON
Références
— BECKER Howard, « Sur le concept d’engagement », SociologieS, 2006.
— GIRAUD Claude, Qu’est-ce que l’engagement ? L’Harmattan, 2011.
— (Dir.) DELAYE Richard & LARDELLIER Pascal, L’engagement de la société aux organisations, L’Harmattan, 2013.
— (Dir.) HIGELÉ Jean-Pascal & JACQUOT Lionel, Figures de l’engagement objets – formes – trajectoires, PUN – Édition Universitaire de Lorraine, 2017.