LE RÔLE DÉTERMINANT DES MÉDIAS
80 % des Français sont inquiets vis-à-vis du changement climatique1 ,
mais seuls 11 % se sentent « tout à fait » informés2 .
C’est en s’appuyant sur ce constat et sur la publication des derniers volets du 6e rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec)3 que l’association Quota Climat est née en mars 2022. Selon sa secrétaire générale, Lola Morel, « les médias sont des prescripteurs d’opinion, ils ont un rôle à jouer dans la compréhension qu’a le public des enjeux écologiques, dans la perception de l’urgence et dans la mise en action de la société ». Ils peuvent rendre désirable une transition écologique juste et éviter toute forme de fatalisme.
L’INFORMATION ENVIRONNEMENTALE PEU TRAITÉE
Lors de la dernière campagne présidentielle française, les questions environnementales ont occupé entre 2 et 5 % de l’espace médiatique. En comparaison, jusqu’à 80 % ont été dédiés au COVID-19. « Nous sommes capables de parler d’un sujet et de le mettre réellement à la Une », souligne Lola Morel.
Après la publication d’une tribune pour alerter sur ces manques quantitatifs4 , Quota Climat a également identifié des lacunes qualitatives comme la confusion entre faits et opinions, la compartimentation de l’information environnementale à certaines rubriques ou encore les dissonances cognitives de certains médias entre contenus éditoriaux et publicités .
FAIRE ÉMERGER LA TRANSITION DANS LE DÉBAT PUBLIC
Quota Climat réalise une analyse quotidienne du traitement médiatique des enjeux écologiques, intervient dans des écoles de journalisme et dans des rédactions et conseille aux journalistes des experts fiables5 . En 2023, la jeune association s’attèle à la création d’un baromètre pour quantifier la place de l’environnement dans les médias.
En juillet 2023, Quota Climat et l’Institut Rousseau ont présenté une proposition de loi6 pour améliorer le traitement médiatique de l’urgence climatique. Soutenus par plus de 190 structures, 18 députés7 ont officiellement lancé un groupe de travail sur la base de cette proposition citoyenne. Bien que la prise de conscience des médias entraîne des changements positifs, beaucoup reste encore à accomplir, car « s’engager ne veut pas dire ne plus commettre aucune erreur », insiste Lola Morel.
- 1D’après un sondage Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions publié en mars 2022.
- 2Selon une étude réalisée par ViaVoice pour les Assises du journalisme de Tours, septembre 2021.
- 3Début 2022 étaient publiés les deux derniers volets du 6e rapport du Giec alertant sur l’urgence à agir.
- 4La tribune « Il faut mettre l’accent sur le climat à hauteur de 20 % de l’espace disponible dans les médias » a été publiée dans le Journal du Dimanche le 12 mars 2022. Le nom de l’association fait d’ailleurs référence à ce quota de 20% initialement souhaité.
- 5Quota Climat a pour projet de recenser les experts fiables ainsi que ceux pouvant être qualifiés de climatosceptiques, c’est-à-dire qui nient ou minimisent l’origine anthropique du réchauffement climatique, voire le réchauffement lui-même.
- 6La proposition de loi relative à la responsabilité des médias dans le traitement des enjeux environnementaux et de durabilité est à retrouver sur le site de l’Institut Rousseau.
- 7Ces 18 députés représentent l’ensemble des groupes politiques, à l’exception des groupes Les Républicains (LR) et Rassemblement national (RN).
