2021 s’achève et nous donne l’occasion de faire le point sur les mouvements du secteur associatif à l’ère du numérique.
Ce dernier est devenu omniprésent dans la vie de tout un chacun. Il a apporté son lot de changements comportementaux et d’évolutions des usages, de la normalisation du paiement en ligne à l’influence grandissante des réseaux sociaux.
Ces nouveaux comportements ne touchent pas que les jeunes, ils sont transgénérationnels.
État des lieux d'une fracture numérique associative
Alors que nous parlons de transformation numérique, comment se situent les associations dans ce virage numérique ? L’ont-elles adopté ? En sont-elles exclues ?
Des études récentes nous montrent qu’il reste du chemin à parcourir et que les associations n’avancent pas toutes au même rythme : en effet, selon le dernier baromètre « La place du numérique dans le projet associatif », réalisé par Recherches & Solidarité et Solidatech en 2019, 84 % des associations interrogées rencontrent des difficultés alors que 90 % des associations expérimentées reconnaissent les vertus du numérique.
Même sans une adoption généralisée du numérique, certaines relations se dématérialisent depuis une vingtaine d’années, un fait accentué par la crise sanitaire.
Face au COVID-19, 73 % des associations ont modifié leur fonctionnement1 . Parmi elles, 44 % soulignent qu’elles ont pu continuer leur travail et le lien à distance grâce au numérique.
Et cela a accentué les inquiétudes d’un secteur dont l’identité se définit par la création de lien. Les associations sont le créateur de lien social par excellence, un ciment de la société.
Le Mouvement associatif rappelait en juin 2020 que face à la crise liée au COVID-19, « le tissu associatif qui maille le territoire national prouve à nouveau son rôle essentiel pour la résilience de notre société.2 » Hors de question de retirer ce pilier sociétal, qui vient parfois jouer un rôle qui revient à l’État.
Les opportunités du numérique pour les associations
Les associations se heurtent parfois à la démobilisation de leurs soutiens, la baisse des subventions et des aides, la difficulté à pérenniser leur activité. Le résultat est sans appel : elles doivent décupler leurs efforts pour fidéliser toutes leurs communautés (donateurs, adhérents, bénévoles, etc.).
Et cela passe par deux biais :
— des efforts rationnels de communication pour faire passer le bon message à la bonne personne au bon moment (impossible sans une bonne gestion de ses données) — et ce, au milieu d’un flot incessant d’informations — dans l’objectif de continuer à mobiliser ;
— ainsi qu’une gestion plus efficace de leurs ressources, pour lever plus de fonds et fidéliser en comptant sur l’engagement des soutiens, dans l’objectif de pérenniser les projets et anticiper des crises.
Le numérique apporte une certaine responsabilité, mais aussi une opportunité de répondre à ces défis. La croissance exponentielle de la donnée, du big data, entraîne des mutations similaires chez tous les acteurs, y compris les associations.
La donnée, jusqu’alors gérée sur papiers puis sur tableurs, a pris de l’ampleur puis a été décuplée par l’utilisation des outils en ligne (paiements, formulaires d’inscription, emailing…).
La donnée est d'abord une responsabilité
Rappelons que c’est de la responsabilité de l’association de gérer ses données. Il est crucial de se responsabiliser vis-à-vis de ses soutiens : bien gérer et sécuriser toutes les données personnelles collectées auprès des adhérents, donateurs, bénéficiaires est une obligation légale dans le cadre du règlement général sur la protection des données (RGPD).
Globalement, rassurer ses soutiens passe par la garantie d’une utilisation pertinente et validée de leurs données, d’un stockage sécurisé de celles-ci, ainsi que de la possibilité de les modifier ou les supprimer à tout moment.
Assumer pleinement cette responsabilité engendre automatiquement un changement considérable dans les processus et les usages internes.
La bonne nouvelle pour le secteur est que cette responsabilité apporte une opportunité lorsque les associations souhaitent aller au delà : celle d’enfin mieux connaître ses communautés. Les données sont une des réponses au besoin de personnalisation de la communication.
Par exemple, centraliser les données d’un contact va permettre à une association de contacter son bénévole sur un créneau de disponibilité qui lui est pertinent ; de remercier automatiquement un donateur suite à un don et en fonction du montant de ce don ; de relancer un adhérent dont l’adhésion arrive à échéance, etc.
Les données peuvent également être un moyen de mesure du succès des actions, et donc d’amélioration continue, pour répondre au besoin d’économies des associations. Rappelons qu’il est plus facile de mobiliser ses contacts que d’en acquérir de nouveaux. En effet, d’après le baromètre de la générosité 2020 de France générosités, on constate que le montant moyen collecté par prélèvement automatique annuel est en moyenne de 149 € alors qu’il est de 126 € pour les paiements ponctuels réalisés en ligne3 . Fidéliser est devenu une des clés de gestion associative.
Si les termes segmentation et automatisation de la communication peuvent faire peur, ils sont pourtant les ingrédients d’une communication pertinente : critères devenus incontournables, aussi, dans notre secteur.
Utiliser le numérique pour se concentrer sur son projet associatif
Face à ce constat, de nouveaux outils émergent pour répondre au besoin d’innover. Ces outils dédiés aux associations changent les pratiques internes associatives : moins de temps passé sur l’administratif, pour plus de temps passé sur le projet associatif. 79 % des associations, qui utilisent le numérique pour gérer leurs activités, déclarent avoir gagné en efficacité4 .
Évidemment, changer les usages, qu’il s’agisse de se former ou de remodeler les habitudes, prend du temps. Certains membres d’association souffrent de l’illectronisme, sont réfractaires au changement ou tout simplement ne conçoivent pas les enjeux du numérique.
En parallèle, la formation et la sensibilisation demandent des moyens humains et financiers, du temps, et des compétences qui sont difficiles à trouver, voire indisponibles. Les associations ne doivent pas hésiter à se faire accompagner dans cette transition, s’armer de patience et s’emparer des bons outils.
Il est important de trouver les outils qui, par leur usage, répondent aux besoins de l’ensemble de l’équipe et qui donnent envie d’être utilisés.
Les associations qui ont commencé ce travail voient le résultat de leurs efforts. Par exemple, une des associations utilisant notre service, Smile Younited, a vu le temps administratif consacré à ses collectes diminuer drastiquement pour se concentrer uniquement sur le suivi de résultat et d’amélioration de son approche. L’automatisation des actions peut représenter un véritable gain de temps.
Les associations ont des projets ambitieux et peu de ressources : il est temps d’utiliser efficacement les fonds disponibles et de s’emparer des outils numériques au service du secteur. La finalité de ces changements d’usages, de ces outils, de ces nouvelles responsabilités pour les associations, reste encore et toujours la même : servir l’intérêt général, élever les consciences, créer du lien social.
Faisons du numérique une force pour nos projets associatifs, soyons résilients face au changement et ceux à venir et apprenons ensemble pour continuer de mobiliser la société !
- 1#Covid-19 : où en sont les associations un an après ?, enquête réalisée du 30 mars au 30 avril 2021 auprès de 9 458 responsables d’associations à l'initiative du Mouvement associatif, du Réseau national des Maisons des associations et de Recherches & Solidarités, mai 2021.
- 2Le Mouvement associatif, « Mettons la vie associative et l’engagement citoyen au cœur des choix de société », Libération, 10 juin 2020.
- 3France générosités, Baromètre de la générosité 2019 de France générosités, juin 2020.
- 4Solidatech et Recherches & Solidarités, La place du numérique dans le projet associatif, octobre 2019.