Mieux accompagner les opérateurs culturels
En 1996, trois comédiens décident de créer l’association Les Têtes de l’art dans le 3e arrondissement de Marseille. Cette « association de copains », comme la définit alors l’un des cofondateurs Sam Khebizi, propose des activités culturelles, mais aussi un portage administratif aux acteurs du spectacle vivant.
Aujourd’hui, l’association s’est professionnalisée mais elle mène toujours sa mission historique auprès des indépendants et des artistes.
Les Têtes de l'art revendique un accompagnement inconditionnel en partant des besoins des artistes.
Pour Sam Khebizi, « un véritable triangle des Bermudes existe : en matière de pratiques et modèle, les opérateurs cherchent leur équilibre entre culture, éducation populaire et Économie sociale et solidaire (ESS) ».
En parallèle, l’association noue des liens avec des structures internationales, avec notamment le programme Erasmus+ Innovative partnership for artistic and cultural transitionPartenariat innovant pour accompagner les transitions du secteur artistique et culturel. (INPACT). Cela lui permet notamment de confronter les modèles à l’échelle européenne.
Créer des projets artistiques participatifs
L’association développe depuis vingt ans une expertise dans la médiation culturelle dans des lieux variés (écoles, centres sociaux, hôpitaux, prisons, etc.). Ce sont ces structures qui sollicitent les Têtes de l’art pour construire avec des artistes professionnels. Près de 50 projets artistiques participatifs mobilisent 70 artistes et 5 000 participants directs par an.
L’association a par exemple organisé une classe cinéma avec des élèves de CM1-CM2 de l’école Louise de Marillac. L’association et l’enseignante ont co-construit le projet, qui commençait par un atelier d’écriture, puis un tournage avec des vidéastes et un travail avec un musicien professionnel sur la bande-son.
« Notre premier travail a été de créer du désir de participer. Si l’on saute cette étape de créer de l’adhésion, la participation est tronquée », précise Sam Khebizi.
Faire culture avec
Comment susciter l’adhésion de participants qui ne sont pourtant pas à l’origine du projet ? Cela implique de laisser la place à l’autre pour qu’il puisse pleinement être acteur du processus. Au lieu de faire culture pour eux, il s’agit de faire culture avec eux. D’ailleurs, l’association offre un espace aux artistes pour qu’ils puissent échanger sur la manière dont ils interviennent.
Sam Khebizi défend la technique du trousseau de clés : « il n’y a pas une clé magique qui assure la démocratie culturelle et participative. C’est tout un ensemble de clés qui marchent mieux avec certaines personnes, dans certaines temporalités, d’où l’importance de multiplier les expériences ». En commençant par sa propre structure : aujourd’hui, 50 % du conseil d’administration des Têtes de l’art est composé d’habitants du quartier.